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le Vendredi 27 octobre 2017 15:35 Scène locale

Un service d’écoute téléphonique confidentiel en français au Yukon

Photo : Marie-Hélène Comeau
Photo : Marie-Hélène Comeau

Le gouvernement du Yukon vient de signer une entente de 30 mois avec Tel-Aide Outaouais, un organisme établi dans le sud-ouest du Québec qui offre un service d’écoute téléphonique gratuit, anonyme et confidentiel aux francophones qui ont besoin de soutien affectif. Cette entente permet désormais à la population francophone du Yukon d’avoir accès à un service téléphonique d’écoute en tout temps. Il s’agit d’une première au territoire.

Photo : Marie-Hélène Comeau

Photo : Marie-Hélène Comeau

« Le service est offert sept jours sur sept par des bénévoles qui sont bien souvent [issus] du milieu de la santé et donc formés par leur profession », assure Sandra St-Laurent, directrice du Partenariat communauté en santé (PCS) dont la mission est de favoriser l’offre active de services de santé de qualité en français au Yukon. « Pas besoin d’avoir une ordonnance du médecin en main pour appeler Tel-Aide. Il n’y a pas de jugement posé sur les raisons pour lesquelles les gens ont besoin de parler. Tout se fait dans la confidentialité », ajoute-t-elle.

D’une valeur de 69 000 $, le contrat de 30 mois passé avec Tel-Aide Outaouais est financé par la Direction des services en français dans le cadre de l’Entente Canada-Yukon sur les services en français 2017-2020. Cette entente de trois ans, estimée à 14 millions de dollars, doit permettre d’améliorer les services en français offerts par le gouvernement du Yukon.

« Offrir des services de soutien en santé mentale à tous les Yukonnais est une priorité de notre gouvernement. En période de crise, il peut être difficile d’exprimer ses sentiments dans une autre langue que la nôtre, et l’entente qui a été conclue est un moyen d’offrir aux Franco-Yukonnais des services dans leur langue. C’est un ajout précieux à la panoplie du Yukon dans le domaine de la santé mentale », a souligné Pauline Frost, la ministre de la Santé et des Affaires sociales du Yukon.

Il aura fallu près de quinze ans pour que ce projet de partenariat se concrétise. En effet, c’est en 2003, lors d’une étude sur les besoins en santé au sein de la communauté francophone du Yukon qu’est ressorti pour la première fois le thème de la santé mentale. Il restait toutefois beaucoup de travail à faire afin de déterminer les éléments spécifiques liés aux besoins de la population francophone du territoire.

« En 2009, le PCS s’est doté d’une planification stratégique en santé mentale », explique Sandra St-Laurent. « On pouvait constater à l’époque que les gens avaient besoin à la fois d’un accès à des services en français ainsi qu’à un espace pour une intervention ponctuelle pouvant permettre de ventiler, ou pour briser l’isolement vécu en temps de crise », explique-t-elle.

S’adapter au milieu yukonnais

Avant d’en arriver à cette entente avec Tel-Aide Outaouais, il aura fallu toutefois explorer les ressources locales. C’est ainsi que le PCS s’est d’abord tourné vers l’organisme yukonnais Many Rivers qui offre des services de conseil et de soutien. Une personne bénévole francophone avait alors été formée afin qu’elle puisse répondre aux demandes formulées par les utilisateurs yukonnais de langue française. Toutefois, puisque le service était assuré sur une base bénévole, les gens devaient s’ajuster selon les disponibilités de cette personne-ressource alors que l’état de crise demande bien souvent une écoute immédiate.

Le PCS est alors allé voir du côté des services offerts par Info-Santé 811. Ce dernier offre un service téléphonique gratuit et confidentiel. Toutefois, les appels se concluent souvent par la même suggestion de se rendre à l’hôpital pour consulter un professionnel de la santé, bien qu’un nombre limité de personnes puisse offrir un service en français. Ce scénario offrait donc un soutien trop limité et n’arrivait pas à répondre adéquatement aux besoins de la population francophone du Yukon.

« Il y avait surtout au sein de la communauté une demande d’accès pour des services en français sept jours sur sept dans un cadre de confidentialité. Nous nous sommes alors tournés vers le service Tel-Aide à Outaouais avec nos conditions spécifiques. Nous avions aussi besoin d’une structure offerte en tout temps où le décalage horaire n’allait pas causer un problème dans la livraison du service », explique Sandra St-Laurent.

Tel-Aide Outaouais, qui assure déjà un service semblable en Alberta, en Ontario et au Québec, a entendu et répondu aux besoins du territoire. Fondé en 1974, l’organisme à but non lucratif compte une cinquantaine de bénévoles formés. Le personnel a en sa possession tous les renseignements concernant les ressources en français disponibles au Yukon. Il sera donc également possible en plus de l’écoute de diriger les gens du Yukon vers des ressources locales en français.

« Depuis 40 ans, Tel-Aide Outaouais (TAO) s’efforce d’offrir de l’aide aux gens de la région de la capitale nationale. Nous avons aujourd’hui une belle occasion d’offrir notre service à un plus grand nombre de francophones. C’est avec plaisir que nous collaborons avec nos partenaires yukonnais afin d’agir utilement dans la vie des personnes qui ont besoin de se confier et d’être écoutées, notre but étant de changer le monde, un appel à la fois », a expliqué la semaine dernière Jean-Paul Parent lors de l’annonce de ce nouveau service.