À la fin du mois de novembre 2017, un règlement interdisant la chasse à l’ours grizzly comme trophée de chasse entrera en vigueur en Colombie-Britannique. Selon le ministre des Ressources naturelles de la province, Doug Donaldson, environ 250 grizzlis sont abattus chaque année par des chasseurs dans sa province sur une population de 15 000 ours. L’interdiction qu’on mettra en place ne découle pas du nombre d’ours abattus, mais plutôt d’un changement des normes sociales.
Certaines personnes se demandent comment un nouveau gouvernement fraîchement élu peut prendre une décision de cette ampleur si rapidement, si ce n’est que pour une question politique.
Qu’en est-il du Yukon?
Selon la Yukon Outfitters Association, il y aurait quelque 80 ours chassés annuellement au Yukon et ils demeurent l’espèce la plus populaire auprès des chasseurs, devant le mouton de Dall et l’orignal. Le site du gouvernement du Yukon fait état d’une population d’environ 6 à 7 000 ours.
Neil Cosco, guide de chasse yukonnais, a confié à CBC News : « Ça mettra probablement de la pression sur le Yukon pour commencer à limiter la chasse au grizzly. […] Les ours grizzlis deviennent un sujet politique. Les gens regardent les ours de manière isolée alors qu’ils devraient faire partie d’une gestion holistique. Lorsqu’on gère les espèces qui sont des proies, il faut aussi gérer les espèces qui sont des prédateurs. »
La chef du Nouveau Parti démocratique du Yukon, Liz Hanson, a mentionné que la façon dont on traite la population des ours n’est pas une préoccupation nouvelle au Yukon. Est-ce que cette nouvelle loi en Colombie-Britannique affectera l’industrie de la chasse au trophée au territoire? Est-ce que le Yukon imitera sa province voisine et interdira lui aussi la chasse aux trophées? Pour l’instant, nul ne saurait le dire.
Rien de nouveau sous le soleil
Mais le débat sur les trophées de chasse ne date pas d’hier. Déjà en mai 2009, on pouvait lire dans le blogue de la Fondation David Suzuki : « Les conséquences [de la chasse à l’ours] sont terribles. Selon les données du gouvernement, près de 11 000 grizzlys ont été tués en Colombie-Britannique au cours des 30 dernières années — dont 88 % par des chasseurs de trophées. La plupart d’entre eux viennent des États-Unis ou d’Europe et paient des milliers de dollars pour pouvoir tuer un ours ici parce que ces magnifiques plantigrades n’existent plus dans leur pays. […] Effectivement, les ours qui mangent, qui se reproduisent et qui arpentent l’archipel d’îles et les vallées verdoyantes de la Colombie-Britannique jouent un rôle majeur dans l’écosystème. »
Et que dire d’Andrew Waever, chef du Parti vert de la Colombie-Britannique, qui a commenté l’annonce de cette nouvelle réglementation ainsi : « Le NPD a tenté de séduire les environnementalistes pendant la campagne sans trop réfléchir aux détails de sa politique. »
Aurait-il donc oublié que lui-même, alors qu’il était le seul député du Parti vert à l’Assemblée législative provinciale à Victoria, a voulu déposer un projet de loi privé en mars 2015. Selon lui, le projet de loi « réduira considérablement la pratique de la ”chasse au trophée“ d’ours grizzly, car il imposera aux chasseurs l’obligation de rapporter toute la viande de l’animal abattu. »
Décision politique ou non de la part du gouvernement de la Colombie-Britannique, le sujet risque de faire couler beaucoup d’encre du côté du Yukon. Que ce soit pour les environnementalistes, les pourvoyeurs, les guides de chasse, les officiers de conservation ou les observateurs de la faune, ce que le gouvernement d’ici décidera au sujet de la chasse au trophée de grizzly fera le bonheur des uns et le malheur des autres.