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le Jeudi 29 juin 2017 15:21 Scène locale

Le tourisme et les ours : une interaction problématique

L’enjeu de la campagne d’éducation auprès des touristes est  très sérieux. Il en va de la sécurité des gens qui vivent au Yukon. Photo : Thibaut Rondel
L’enjeu de la campagne d’éducation auprès des touristes est très sérieux. Il en va de la sécurité des gens qui vivent au Yukon. Photo : Thibaut Rondel

Nourrir les ours le long de la route pour en faire l’observation semble être une pratique utilisée par les touristes au Yukon et certains conducteurs d’autobus. Heather Ashthorn, directrice de l’organisme WildWise, centre pour les résolutions de conflits entre la faune et l’humain, n’a personnellement pas de preuve de ce fait, mais explique : « Nous avons beaucoup de commentaires de la part des résidents de la route de Carcross, de la communauté de la Première nation Carcross-Tagish et de gens qui affirment avoir vu des personnes nourrir les ours, ainsi que des messages sur Facebook. Pour nous, c’est suffisant pour s’inquiéter. »

L’enjeu de la campagne d’éducation auprès des touristes est  très sérieux. Il en va de la sécurité des gens qui vivent au Yukon. Photo : Thibaut Rondel

L’enjeu de la campagne d’éducation auprès des touristes est très sérieux. Il en va de la sécurité des gens qui vivent au Yukon. Photo : Thibaut Rondel

Après avoir consulté la Première nation Carcross-Tagish, Parcs Canada, Environment Yukon et les officiers de conservation de la faune, WildWise a la preuve qu’il y a effectivement un problème de nourriture avec les ours sur cette portion de route entre Carcross et Skagway. Des ours nourris perdent leur peur des humains et des automobiles et peuvent venir directement vers les véhicules qui arrêtent parce qu’ils les associent à de la nourriture.

WildWise’s Skagway Road

Le projet d’éducation WildWise’s Skagway Road s’est donc développé dans le but d’instruire les touristes sur les conséquences de leurs actes.

« Nous savons que la plus grande majorité des gens qui empruntent la route de Skagway sont des touristes. Pour la plupart, ils viennent d’endroits où il n’y a pas d’ours, donc, ils ne connaissent pratiquement rien à leur sujet », ajoute Mme Ashthorn.

Ces gens n’ont pas à se préoccuper des agents attractifs pour vivre en sécurité chez eux, contrairement aux habitants du Yukon. WildWise veut informer les voyageurs au sujet des comportements des ours, des valeurs que les gens du coin leur portent, et des conséquences de les nourrir, les approcher et les prendre en photos. « On veut qu’ils prennent conscience des conséquences de leur comportement », dit la directrice.

Des affiches seront bientôt installées le long de la route aux endroits où la majorité des autobus de touristes arrêtent. Celles-ci expliqueront qu’ils sont sur le territoire traditionnel de la Première nation Carcross-Tagish, et qu’il ne faut absolument pas nourrir les ours. Un projet-pilote a permis d’embaucher une personne pour l’été qui, une journée par semaine, se rendra aux endroits où arrêtent les autobus touristiques pour distribuer de l’information et collecter des renseignements démographiques. Une brochure expliquant la stratégie et ce qu’implique de nourrir les ours sera distribuée.

L’éducation est un but ambitieux

Les résultats de ce projet demeurent du domaine de l’expectative. Selon Heather Ashthorn, il y a deux possibilités. « L’une des possibilités est que les touristes deviennent les avocats de la cause et ne tolèrent pas qu’un conducteur d’autobus s’arrête pour voir les ours. L’autre est que les voyagistes expliquent l’enjeu de l’observation des ours aux touristes. »

Au fait que des gens ne changeront jamais leur comportement ou d’idée sur la question, WildWise ne se décourage pas pour autant et continue son travail d’éducation depuis cinq ans. Entre autres projets, l’organisme fait du porte-à-porte dans la région des lacs du Sud pour parler de la gestion de l’environnement en ce qui a trait aux agents attractifs pour les ours. Cette année, il étendra ses activités à Copper Ridge, Porter Creek ainsi qu’à Carmacks.

« C’est très délicat d’approcher les gens chez eux. Certaines personnes trouvent notre visite très positive et certaines autres ne sont pas contentes du tout disant qu’on se mêle de leurs affaires. »