L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées entamera le très attendu processus d’audiences publiques à Whitehorse. En effet, les témoignages des familles yukonnaises seront recueillis du 29 mai au 2 juin par les commissaires.
La semaine dernière, des rencontres consultatives ont eu lieu en vue de ces audiences publiques. Pendant trois jours, soit du 11 au 13 avril, des discussions se sont tenues visant à « permettre à l’Enquête nationale de se renseigner sur les questions locales, les pratiques et les protocoles culturels, de mieux comprendre les problèmes historiques propres à chaque région et de permettre aux équipes juridiques et de la santé de commencer à préparer les familles et les survivantes en vue de leur participation aux auditions avec les familles. »
« On essaie vraiment de faire les choses différemment des commissions d’enquête traditionnelles », a affirmé Michèle Moreau, la directrice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, dans une entrevue accordée à Radio-Canada.
Mme Aimée Craft, la directrice de la recherche au sein de l’Enquête, était présente lors de ces rencontres.
Le GY met sur pied un comité consultatif
Le gouvernement du Yukon (GY) a annoncé la remise sur pied d’un comité consultatif yukonnais visant à assurer le bon déroulement de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Ce comité sera coprésidé par Mme Jeanie Dendys, ministre responsable de la Direction de la condition féminine, Mme Doris Bill, chef de la Première nation des Kwanlin Dün, et Mme Doris Anderson, présidente du Yukon Aboriginal Women’s Council. Cette dernière a d’ailleurs affirmé, par communiqué, être convaincue que le comité « saura défendre les intérêts des femmes autochtones ». Elle ajoute : « Nous avons travaillé sur ce dossier depuis bien avant le début de l’enquête, et nous allons continuer d’aller de l’avant avec l’enquête et de veiller à son bon déroulement, parce qu’il s’agit d’un dossier qui ne peut plus attendre. »
Selon CBC, au moins 301 cas de femmes disparues ou assassinées demeurent non résolus au pays, dont deux au Yukon. Celui de Lora Frank, portée disparue en 1993 à l’âge de 19 ans, et celui d’Angel Carlick retrouvée morte en 2007, peu de temps après la fin de ses études secondaires, dans un boisé de Pilot Mountain, près de Whitehorse.
Mme Doris Bill, chef de la Prewmière nation des Kwanlin Dün, affirme que 39 femmes et jeunes filles autochtones auraient disparu ou été tuées au territoire.
Le gouvernement fédéral a alloué 53,8 millions de dollars sur deux ans pour les travaux de l’Enquête.
« Je me réjouis de la progression de cet important dossier et du fait qu’il s’effectue en collaboration avec les partenaires communautaires très bien informés qui composent le comité consultatif. Nous appuyons sans réserve le travail de la commission et nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour que le processus d’enquête porte ses fruits, que les familles se sentent soutenues, qu’il s’entame dans un profond respect et que les réalités du Yukon soient au cœur de ses préoccupations », a déclaré Mme Jeanie Dendys par voie de communiqué.
Consultations reportées
L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées a par ailleurs publié un communiqué jeudi dernier, indiquant avoir reçu des commentaires négatifs au sujet des consultations régionales qu’elle mène en ce moment. L’Enquête a ainsi décidé de reporter ses prochaines consultations régionales.
« Les renseignements obtenus à Whitehorse (…) et d’ailleurs au pays ont révélé que le processus de consultation régionale doit être reformulé », pouvait-on lire. « On nous a conseillé de réfléchir à notre démarche, afin de veiller à ce qu’à l’avenir nous soyons en mesure de nous adapter aux besoins des différentes régions, peuples et collectivités. »
La commission d’enquête s’est dite déterminée à écouter les familles, les survivantes et les communautés, mais il y a deux semaines, des groupes militant pour les droits des femmes autochtones avaient manifesté de l’inquiétude, affirmant que la commission n’avait pas adéquatement tenté de joindre les familles.
Les prochaines consultations devaient avoir lieu à Edmonton et Thunder Bay. La commission n’a pas fourni de nouvelles dates pour ces rencontres.