L’Armée du Salut a annoncé le 1er mars par voie de communiqué qu’elle fermerait les portes de son magasin, qui était installé sur la 4e Avenue depuis seize ans, pour des raisons financières.
Ian McKenzie est le directeur général de l’Armée du Salut. Il admet que la décision n’a pas été facile à prendre. « Nous sommes au courant de la situation depuis plusieurs mois. Nous avons essayé plusieurs choses pour améliorer la situation financière, mais l’exploitation du magasin nous coûtait davantage que les revenus qu’il nous rapportait. »
Rentabilité insuffisante
Le directeur, qui affirme que les coûts d’exploitation étaient trop élevés, explique que c’est le salaire des douze employés du magasin qui représentait la majeure partie des coûts d’exploitation.
L’année dernière, l’Armée du Salut a cessé d’offrir son service de collecte des dons et a mis à pied un de ses employés. Le magasin, qui ne bénéficie d’aucune aide gouvernementale, avait également réduit ses heures d’ouverture, en plus de chercher des façons d’augmenter les ventes qui avaient diminué depuis l’automne. Quelle est la raison derrière cette baisse d’achalandage? M. McKenzie y va de suppositions : « Est-ce parce que l’économie ne va pas bien ou parce que les gens ne gagnent pas assez d’argent? Nos prix n’étaient pas exagérés, mais d’un autre côté, ceux qui ne travaillent pas ou ne gagnent pas beaucoup d’argent n’ont pas les moyens. »
Un problème municipal
À la suite de la fermeture du magasin gratuit de la décharge municipale, on a vu une augmentation de la quantité de matériel inutilisable déposée au magasin. « Les gens venaient durant la nuit et laissaient des piles de sacs de poubelles remplis de marchandise devant la porte, le plus souvent inutilisable. Les employés devaient quand même les trier, car on ne pouvait pas être certains qu’il ne s’agissait pas de dons de qualité. Ça prenait beaucoup de temps », explique M. McKenzie. L’Armée du Salut devait alors s’occuper du transport du matériel vers le dépotoir; elle n’y avait toutefois aucuns frais à débourser.
Même son de cloche du côté de la compagnie de recyclage Raven Recycling qui se dit débordée. Plusieurs voix s’élèvent en faveur d’une prise de responsabilité de la part de la Ville de Whitehorse.
Peu d’options pour les gens dans le besoin
Avec l’approche du grand ménage du printemps, d’aucuns se demandent comment ils disposeront dorénavant de leurs biens de seconde main. Catherine Huot, une donatrice assidue depuis de nombreuses années, déplore : « ce sont ceux qui sont dans le besoin qui en souffriront le plus. »
En effet, sans Armée du Salut, il ne reste que peu d’options pour trouver des vêtements ou de l’équipement de cuisine à bas prix à Whitehorse. Le centre pour femmes Victoria Faulkner, ainsi que Whitehorse Connects, une initiative de la Coalition anti-pauvreté du Yukon, peuvent être des ressources alternatives.
« C’est la partie difficile de la situation. Nous sommes conscients que nous offrions un service à une certaine partie de la population. Mais en même temps, nous ne pouvons nous permettre de perdre de l’argent en l’offrant », conclut M. McKenzie.