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le Jeudi 24 novembre 2016 13:10 Scène locale

Francophonie yukonnaise : les libéraux tiendront-ils leurs promesses?

La présidente de l’Association franco-yukonnaise, Angélique Bernard, souhaite poursuivre sa collaboration avec le nouveau gouvernement libéral. Photo: Archives A.B
La présidente de l’Association franco-yukonnaise, Angélique Bernard, souhaite poursuivre sa collaboration avec le nouveau gouvernement libéral. Photo: Archives A.B

Lors de la campagne électorale, le Parti libéral du Yukon s’est engagé à poser des actions concrètes au profit de la communauté francophone du Yukon en se basant sur les demandes présentées par l’Association franco-yukonnaise (AFY) dans le document Agir pour une communauté francophone vibrante et dynamique au Yukon.

La construction d’une école secondaire francophone, le soutien au tourisme francophone et aux arts et à la culture, ainsi que la collaboration avec la communauté dans les domaines prioritaires des soins de santé, notamment les services d’urgence, les soins primaires et la santé mentale, font notamment partie des engagements publiés par les libéraux dans notre édition du 26 octobre.

« Le Parti libéral du Yukon considère que la communauté francophone du Yukon fait partie intégrante de la vitalité du Yukon », affirmait lors d’une réunion publique tenue en français le 24 septembre dernier la candidate libérale Jeane Lassen (depuis battue à Takhini Kopper- King par la néo-démocrate Kate White). « […] La conservation du patrimoine et de la culture franco-yukonnaise est importante pour les libéraux du Yukon. La communauté francophone et le gouvernement du Yukon doivent travailler ensemble afin de maintenir cette force. […] Nous considérons que les services en français doivent être améliorés dans tous les services gouvernementaux. »

Mandatée par le chef libéral Sandy Silver pour exprimer les points de vue de son parti en matière de francophonie, Mme Lassen avait par ailleurs promis à la communauté « un dialogue ouvert et honnête » ainsi que des « consultations significatives » et la mise en œuvre d’un véritable partenariat avec les groupes comme l’AFY et la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY).

« Un gouvernement libéral mettra en œuvre la décision du gouvernement actuel de construire une école secondaire francophone », avait notamment affirmé Mme Lassen. « Nous sommes conscients que vous désirez voir l’école ouvrir ses portes au printemps 2019. Par contre, nous ne pouvons pas fixer un objectif avant d’avoir pris pleine connaissance du statut du projet et avant d’avoir l’entière divulgation des états financier du territoire », avait-elle cependant souligné.

L’AFY souhaite rencontrer Sandy Silver

L’Association franco-yukonnaise a indiqué qu’elle souhaitait rencontrer le nouveau premier ministre dès son assermentation, ainsi que la personne qui sera nommée responsable de la Direction des services en français (DSF).

« Nous allons demander une rencontre pour la mi-décembre ou pour début janvier », indique la présidente de l’AFY, Angélique Bernard. « Cela va être une introduction. On va leur présenter notre document « Agir pour une communauté francophone vibrante et dynamique au Yukon » […], mais je pense qu’ils ont déjà eu la chance de le lire. »

La présidente de l’Association franco-yukonnaise, Angélique Bernard, souhaite poursuivre sa collaboration avec le nouveau gouvernement libéral. Photo: Archives A.B

La présidente de l’Association franco-yukonnaise, Angélique Bernard, souhaite poursuivre sa collaboration avec le nouveau gouvernement libéral. Photo: Archives A.B

Le dossier de la construction du centre scolaire communautaire francophone sera l’une des priorités dont l’AFY souhaite discuter avec le nouveau chef du gouvernement.

« Le gouvernement territorial met de l’argent pour le côté éducation, mais tout le côté communautaire serait financé par Patrimoine canadien », explique Mme Bernard. « Il faut donc mettre le nouveau gouvernement territorial au courant des relations entre le fédéral, le territorial et la communauté et s’assurer [qu’il] connaît cette relation et cette réalité-là. »

Le thème des services de santé en français constitue également une priorité à laquelle l’AFY souhaite sensibiliser le nouveau gouvernement.

« Dans notre document, on propose la création d’un centre de santé bilingue », rappelle la présidente de l’AFY. « [L’enjeu de] la santé mentale, ça touche tout le monde, pas seulement les francophones. Or, il y déjà des listes d’attente si tu parles anglais, et si tu veux un service en français, les listes d’attente sont encore plus longues. On va donc voir comment on peut travailler ensemble pour faire avancer ce dossier-là. Je dirais donc que l’éducation et la santé vont être nos deux dossiers principaux. »

Qui succèdera à la ministre Taylor?

Considérée comme l’un des piliers du Parti du Yukon, Elaine Taylor a été pour la première fois élue députée en 2002. Battue sur le fil dans son fief de Whitehorse Ouest par le libéral Richard Mostyn, la vice-première ministre et ministre responsable de la Direction des services en français va désormais devoir transmettre le portefeuille de la francophonie yukonnaise aux libéraux.

Cette défaite prive l’Association franco-yukonnaise du soutien politique et de l’expérience d’une alliée de longue date. Hormis le premier ministre Silver, le nouveau gouvernement ne compte en effet que de nouveaux venus en politique territoriale.

« C’est certain que nous devons faire notre travail de sensibilisation chaque fois qu’il y a des changements », relativise la présidente de l’association. « Je pense que l’AFY a aussi cette mentalité de collaboration et cela, peu importe qui est au pouvoir. Je pense que cela a aidé à faire avancer les dossiers, et on va donc continuer sur cette lancée là pour voir comment nous pouvons travailler ensemble pour la communauté francophone. »

L’expérience de la ministre Taylor lui aurait certainement permis d’endosser le rôle de critique de la DSF au sein de l’opposition désormais représentée par les six députés du Parti du Yukon. Son absence sur les bancs de l’Assemblée législative pourrait donc désormais influer sur la place et la pertinence des discussions soulevées par l’opposition en matière de francophonie yukonnaise. Une fois encore, Mme Bernard se déclare ouverte aux discussions avec les élus de l’opposition.

« On va continuer à avoir des rencontres avec la personne qui va être nommée pour prendre la place de M. Pasloski [NDLR : le député de Pelly-Nisutlin, Stacey Hassard, a été nommé chef intérimaire du Parti du Yukon], mais aussi avec le premier ministre et la chef du NPD », affirme Angélique Bernard. « On va s’assurer de parler avec les trois partis pour qu’ils soient au courant, et se trouver des alliés chez les conservateurs pour voir comment on peut faire avancer les dossiers. »

Un signe positif

Le fait que les enjeux de la francophonie yukonnaise aient été intégrés aux plateformes des trois grands partis en campagne représente finalement un signe positif pour la présidente de l’Association franco-yukonnaise.

« Nous avons été heureux de constater que pour la première fois durant une campagne électorale au territoire, la francophonie yukonnaise faisait partie des plateformes des trois principaux partis. C’est encourageant et on aime penser que notre beau document à quelque chose à voir avec ça, parce qu’on l’avait quand même envoyé avant le déclenchement des élections », explique-t-elle. « Je pense aussi que les partis se rendent compte de l’importance de la communauté francophone au Yukon, de l’impact que l’on a, tant financier, dans l’économie, que dans la culture et dans la communauté en général. »

Le Parti libéral du Yukon a remporté les élections législatives qui se sont tenues le 7 novembre au territoire. Les libéraux formeront un gouvernement majoritaire et ont mis fin au règne du Parti du Yukon au pouvoir depuis quatorze ans.