le Mercredi 11 septembre 2024
le Vendredi 14 octobre 2016 11:36 Scène locale

À visite royale, facture royale

Véhicules de luxe, frais de transport et dépenses de sécurité : la facture royale sera salée pour le contribuable. Photo: Thibaut Rondel
Véhicules de luxe, frais de transport et dépenses de sécurité : la facture royale sera salée pour le contribuable. Photo: Thibaut Rondel

Après la tournée royale du duc et de la duchesse de Cambrige, la facture pour le contribuable canadien risque d’être salée. Programmées dans l’itinéraire, le prince William et sa femme Kate Middleton ont visité deux villes du Yukon : Whitehorse et Carcross. Cette visite de huit jours de l’Ouest canadien devrait coûter plus de 2,2 millions $. Les frais seront partagés entre le gouvernement du Canada et les gouvernements du Yukon et de la Colombie-Britannique.

Véhicules de luxe, frais de transport et dépenses de sécurité : la facture royale sera salée pour le contribuable. Photo: Thibaut Rondel

Véhicules de luxe, frais de transport et dépenses de sécurité : la facture royale sera salée pour le contribuable. Photo: Thibaut Rondel

 

Il est un peu plus de 18 h, ce mardi 27 septembre. L’avion du gouvernement qui transporte le couple royal se pose sur le tarmac de l’Aéroport de Whitehorse. Accueillis par les officiels du territoire et par la ministre fédérale, Mélany Joly, le duc et la duchesse de Cambridge ont visité le Yukon en moins de 24 heures. Visite protocolaire et réglée à la minute près. Le prince William se sera également prêté à l’exercice des bains de foule sur la rue Main. Ce sont justement ces bains de foule si caractéristiques des visites royales au Canada qui expliquent en bonne partie les coûts de plusieurs millions de dollars.

La lutte au gaspillage

Il faudra attendre un certain moment pour évaluer le montant de cette visite royale, mais la facture devrait s’apparenter à celle du précédent séjour de neuf jours, en 2011, qui s’était élevée à plus de 2,2 millions $. La visite en 2011 avait coûté 1,2 million $ au ministère du Patrimoine canadien; ce qui ne comprend pas les frais encourus par les gouvernements provinciaux et territoriaux, et un peu plus d’un million de dollars à la Gendarmerie royale du Canada.

« L’important, ici, c’est que le gouvernement [du Canada] soit transparent par rapport aux coûts, pour que les contribuables puissent savoir exactement combien ça leur coûte […] On ne peut pas dépenser sans compter. Je ne pense pas que cela plaise aux contribuables qui en fin de compte paient la facture. […]Peut-être qu’il y a des gens qui ont d’autres priorités par rapport à comment cet argent aurait dû, ou pourrait être dépensé », explique Carl Vallée, directeur-Québec de la Fédération canadienne des contribuables (FCC). Cet organisme indépendant et non partisan est un groupe de défense des citoyens voué à la baisse des impôts, à la lutte au gaspillage et à la reddition de comptes des gouvernements.

La responsabilité de la sécurité en sol canadien

Selon le rapport des coûts de la GRC obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information, le montant total pour le corps policier se chiffre à 1 055 521,91 $, et les dépenses uniques les plus élevées concernent les « heures supplémentaires » ou les « tâches supplémentaires ». Comme l’explique Michel Juneau-Katsuya, expert dans les domaines de l’espionnage et du terrorisme ayant travaillé au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), la GRC a la responsabilité de la sécurité en sol canadien, et les services de la famille royale ne sont présents qu’en soutien et ne peuvent pas être armés.

Prendre des bains de foule

M. Juneau-Katsuya souligne que les membres de la famille royale ne viennent que pour prendre des bains de foule, ce qui « sous-entend inévitablement un coût supplémentaire » en comparaison avec d’autres visites diplomatiques, comme celle par exemple du président américain Barack Obama. « Il n’y a pas d’autre raison pour laquelle le couple royal vient ici que pour se mêler à la foule, se faire voir de ses sujets, et ça complique la donne immédiatement, parce qu’on opère sur un terrain qui bouge. M. Obama, lui, viendrait à la résidence du premier ministre, à la Chambre des communes, irait à des réceptions à l’ambassade américaine et peut-être dans un hôtel particulier, mais il s’agit d’endroits restreints avec des bains de foule réduits au minimum », souligne M. Juneau.

Mieux planifier ces voyages

Pour M. Vallée, la question est de trouver un juste « équilibre » financier. « […] Est-ce obligé d’avoir des frais aussi exorbitants? Probablement pas! Est-ce qu’il y a un moyen de faire en sorte que les gens [de la GRC] ne soient pas payés en double ou triple? Il y a peut-être une façon de mieux planifier ces voyages [royaux] pour faire en sorte que ce genre de dépense ne soit pas complètement dépassé. »

Même si elles coûtent plusieurs millions de dollars, les visites royales sont de « bons investissements », car elles donnent de la visibilité et du prestige au Canada, estime le professeur à l’Université d’Ottawa et ex-ministre libéral au Québec, Benoît Pelletier.

Nous allons vous revoir bientôt

Selon la Fédération canadienne des contribuables, la dette publique canadienne s’élève à plus de 634 milliards de dollars. Son directeur au Québec, Carl Vallée, estime que le premier ministre est un « habile dépensier ».

« Le déficit cette année tournera autour des 30 milliards de dollars. Ce sont des fonds qu’il va falloir éventuellement rembourser. Il faut faire très attention […] lorsque l’argent des contribuables est dépensé. Quel que soit le montant, il faut que ce soit fait avec respect […] et, ça, ça vaut aussi pour des visites de princes, de princesses et de royautés », conclut Carl Vallée.

Le duc et la duchesse de Cambridge ont terminé leur visite royale la semaine dernière. Le prince William a fait savoir par les services du Palais de Kensington qu’il remerciait les Canadiens pour leur hospitalité et admirait la grandeur de leur pays.

« Le Canada est un pays d’optimisme, de générosité et de beauté naturelle incomparable. J’espère que nous avons aidé tous les Canadiens à célébrer ce qui fait de ce pays un grand pays. Nous allons vous revoir bientôt. »