Thibaut Rondel
Par quatre voix contre trois, le conseil municipal de la Ville de Whitehorse a voté le 8 août dernier pour la révision de sa politique sur le financement de l’art public. Cette politique municipale adoptée en 1999 établit qu’un pour cent du budget alloué à la construction d’un nouvel édifice public soit réservé à l’achat d’œuvres d’art.
Cette décision de réviser le texte intervient au moment où la Ville s’apprête à affecter 35 millions de dollars à la construction de son futur bâtiment d’exploitation et de maintenance. Selon la politique actuelle, 350 000 dollars devraient être ainsi réservés à l’achat d’œuvres art dans le cadre de ce projet.
Selon le conseiller Dan Boyd, il n’est pas question de priver la communauté artistique de ces fonds, mais plutôt de clarifier une politique jamais révisée, cependant qu’une dépense importante pointe à l’horizon. À l’origine du débat, M. Boyd se questionne notamment sur la visibilité des pièces artistiques dont la municipalité devra faire l’acquisition. Le nouvel édifice municipal est en effet un bâtiment technique non voué à accueillir le grand public et l’on craint que l’investissement ne profite pas aux citoyens de Whitehorse.
Selon l’interprétation de l’équipe administrative, la politique en question permettrait que les fonds réservés soient utilisés pour embellir les infrastructures municipales accessibles au public. Mais pour le conseiller Boyd et la majorité du conseil, l’énoncé de la politique reste encore trop nébuleux en l’état.
L’élu a été soutenu lors du vote par les conseillers Rob Fendrick, Betty Irwin et Samson Hartland. Le maire Dan Curtis et les conseillères Jocelyn Curteanu et Roslyn Woodcock ont voté quant à eux contre le projet de révision de la politique.
La communauté artistique inquiète
Malgré son intervention du 8 août devant le conseil municipal, le directeur du Centre des arts du Yukon, Al Cushing, ne sera pas parvenu à convaincre la Ville d’abandonner son idée de revoir sa politique sur le financement de l’art public. Dans une lettre adressée en amont au conseil municipal et publiée sur son site Internet, le Centre des arts du Yukon s’était dit « consterné » par le projet de réviser cette politique.
« Le Centre des arts du Yukon est fermement convaincu qu’il s’agit d’une politique importante, et qu’ouvrir cette politique au débat pourrait être préjudiciable au climat culturel de Whitehorse », peut-on lire dans le courrier daté du 21 juillet dernier. « […] Laissez-nous non seulement rester en accord avec le reste du pays qui possède des politiques similaires, mais aussi célébrer l’art public qui améliore et donne une signification à notre foyer, en interprétant l’environnement social, historique, culturel et naturel qui rend Whitehorse si spéciale. »
Selon la Ville, une révision de la politique sur le financement des arts ne devrait pas prendre plus de deux à quatre mois de travail. Un plan de route et un échéancier devraient pouvoir être présentés à l’équipe municipale lors de la prochaine réunion du conseil municipal qui se tiendra le 6 septembre.