le Jeudi 14 novembre 2024
le Vendredi 20 mai 2016 14:10 Scène locale

Le gouvernement à la recherche de solutions pour en finir avec la pénurie de médecins

Lors de la conférence de la Société de la médecine rurale du Canada, le Dr Scott Wilson fait la promotion du Yukon auprès de trois étudiants en médecine. L’événement avait lieu dans Charlevoix, au Québec, du 5 au 7 mai 2016. Photo: fournie
Lors de la conférence de la Société de la médecine rurale du Canada, le Dr Scott Wilson fait la promotion du Yukon auprès de trois étudiants en médecine. L’événement avait lieu dans Charlevoix, au Québec, du 5 au 7 mai 2016. Photo: fournie

Entre 2011 et 2016, le nombre de médecins de famille est passé d’environ 68 à 80. Rien qu’au cours de cette année, le territoire a ainsi recruté un total de huit nouveaux médecins. Certains sont déjà installés, tandis que d’autres arriveront prochainement. Parmi ce contingent, quelques-uns sont venus remplacer des collègues qui ont quitté le territoire ou ont pris leur retraite.

Cette hausse totale du nombre de praticiens ne marque cependant pas nécessairement la fin de la pénurie de médecins qui frappe le territoire, puisqu’une bonne part d’entre eux travaillent à temps partiel ou partagent leurs pratiques. La nouvelle vague de professionnels de la santé cherche en effet souvent un meilleur équilibre entre travail et vie personnelle. Ce fait implique alors la création de deux, ou même trois postes à temps partiel pour compenser le départ d’un médecin qui pratiquait à temps plein.

ll y a une dizaine d’années, la majorité des médecins du Yukon comptait chacun dans leur liste environ 1 000 à 1 500 patients. Aujourd’hui, le style de vie qu’adoptent les jeunes praticiens limite leur clientèle à quelques centaines de personnes.

Du recrutement d’est en ouest

Karla Scott, agente de recrutement et de rétention des médecins pour le ministère de la Santé et des Services sociaux, et Scott Wilson, administrateur de l’Association médicale du Yukon, se rendent fréquemment à des salons professionnels à travers le pays pour recruter des étudiants en médecine. La création du poste de Mme Scott en janvier 2013 a notamment permis une meilleure gestion des stratégies de recrutement qui visent essentiellement à convaincre les jeunes médecins d’envisager le Yukon comme destination professionnelle.

Lors de la conférence de la Société de la médecine rurale du Canada, le Dr Scott Wilson fait la promotion du Yukon auprès de trois étudiants en médecine. L’événement avait lieu dans Charlevoix, au Québec, du 5 au 7 mai 2016. Photo: fournie

Lors de la conférence de la Société de la médecine rurale du Canada, le Dr Scott Wilson fait la promotion du Yukon auprès de trois étudiants en médecine. L’événement avait lieu dans Charlevoix, au Québec, du 5 au 7 mai 2016. Photo: fournie

Par l’entremise d’un partenariat établi entre Whitehorse, l’Université de Calgary et l’Université de l’Alberta, le territoire est par ailleurs devenu un centre d’enseignement officiel pour les médecins en formation qui sont jumelés avec des praticiens yukonnais.

« Une fois qu’on a attiré les gens ici, le Yukon se vend de lui-même, de sorte que les futursmédecins peuvent potentiellement venir comme étudiants, puis comme résidents, et ultimement, décider de s’installer à long terme », indique M. Wilson.

Comme la pénurie de médecins affecte l’ensemble du Canada, plusieurs provinces offrent des fonds d’encouragement afin de recruter et de retenir des médecins dans leurs régions. Elles tentent aussi de les inciter à quitter les zones urbaines au profit des zones rurales. L’Association médicale du Yukon a fait de même en négociant des fonds avec le gouvernement du Yukon. Ces fonds ont permis la création de plusieurs programmes de soutien financier dont peuvent tirer profit les médecins nouvellement arrivés.

« L’objectif est d’encourager les médecins à venir au territoire pour qu’ils puissent eux-mêmes voir comment c’est, puisque beaucoup de gens ont des idées préconçues du Nord », souligne M. Wilson.

Des services médicaux en français

L’accès aux services de santé en français fait partie des priorités de l’Association médicale du Yukon. C’est pourquoi elle travaille en collaboration avec l’Association franco-yukonnaise (AFY) pour réfléchir aux moyens d’attirer des médecins bilingues.

« Il serait idéal que les patients bilingues ou francophones puissent avoir accès à des services médicaux dans leur langue maternelle, de sorte que le médecin puisse comprendre les nuances de leurs problèmes et offrir les meilleurs soins possible », affirme Scott Wilson. « Le but est donc d’attirer des médecins bilingues à ouvrir des pratiques à temps plein, afin de fournir en français les services nécessaires aux Yukonnais. »

M. Wilson explique qu’il y a actuellement trois médecins de famille francophones au Yukon, mais que cela est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins de la population francophone. Récemment revenu de Charlevoix au Québec, il constate cependant que plusieurs des étudiants francophones ou bilingues rencontrés lors de ces salons ne savent pas qu’il existe une communauté francophone active au Yukon. Ainsi, plusieurs jeunes médecins sont surpris de l’ampleur de la communauté franco-yukonnaise et des possibilités qui s’offrent à eux pour travailler ou élever leurs enfants en français.

Des solutions envisageables

Le territoire n’offre qu’une seule clinique sans rendez-vous, et les patients sans médecin de famille ont souvent recours au service des urgences de l’hôpital pour obtenir des soins médicaux.

« Il serait agréable de voir certaines cliniques offrir des heures prolongées ou des heures d’ouverture le week-end », propose M. Wilson, en référence à une solution que l’Association médicale du Yukon et ses membres sont actuellement en train d’explorer.

De plus, les cliniques de Whitehorse sont confrontées à un manque d’espace pour accueillir du nouveau personnel, d’où la nécessité prochaine d’ouvrir d’autres établissements. Ces cliniques pourraient ainsi accueillir une clientèle de patients sans médecin de famille.

« Les choses semblent prometteuses et nous sommes maintenant sur le point de récolter considérablement les fruits de notre travail », se réjouit M. Scott. « Nous avons finalement de nouveaux médecins qui s’installent ici et ouvrent des pratiques. Mais tout cela demande aussi du temps. Les étudiants doivent avant tout acquérir de l’expérience et s’établir en tant que médecins, et ce processus peut prendre plusieurs années.