Le gouvernement du Yukon a présenté le 7 avril son dernier budget avant les élections territoriales prévues cette année. Un budget record de 1,39 milliard de dollars a été annoncé. Aucune hausse de taxe n’est cependant prévue.
Prenant le contre-pied du gouvernement Trudeau, le territoire n’a pas prévu de déficit, mais plutôt un surplus budgétaire net de 9,5 M$.
Lors de son discours, le premier ministre et ministre des Finances, Darrell Pasloski, a d’ailleurs insisté à plusieurs reprises sur l’importance pour le Yukon de ne pas avoir de dette.
« La dette est facile et insidieuse pour une petite économie comme la nôtre. Si vous soutenez pas l’idée d’un Yukon sans dette, vous ne soutenez pas les Yukonnais », a-t-il affirmé.
Les transferts du gouvernement fédéral — incluant les recouvrements d’impôt du Canada — représentent 85 % de l’ensemble des recettes de cette année financière, soit 1,07 G$.
Les coûts d’opération et de maintenance augmentent de 3 %, pour un total de 1,09 G$. Quant aux dépenses en infrastructures, ils décroissent de 2,1 % totalisant 306 M$.
Réactions de l’opposition
En trois ans, la valeur des placements du gouvernement, appelés actifs financiers nets, a grandement diminué, passant de 233 M$ à 57 M$.
Le chef du Parti libéral du Yukon, Sandy Silver, s’en inquiète.
« Le Parti du Yukon essaye d’acheter les consciences des Yukonnais avec tout l’argent qui devait être économisé pour les années futures », a-t-il critiqué.
La chef du Nouveau parti démocratique du Yukon (NPD), Liz Hanson, pour sa part, n’a pas ménagé ses mots : « Si l’objectif était d’être à la fois sans inspiration et cynique, je pense que [Darrell Pasloski] a réussi avec ce budget. »
Selon elle, le premier ministre tente « d’acheter des votes » à l’approche des élections avec certaines mesures. Elle a notamment ciblé le financement des conseils et commissions scolaires, lesquels recevront 100 $ par élève pour l’achat de fourniture scolaire, soit 520 000 $ au total.
L’asphaltage de la piste de l’aéroport de la ville de Dawson est omis dans le budget 2016. Le gouvernement ne compte pas non plus mener cette année le projet de fibre optique le long de la route Dempster. Deux promesses qu’avait pourtant faites le parti au pouvoir.
Les dépenses en santé
Au chapitre de la santé et des services sociaux, l’enveloppe ministérielle croit de 9 % comparativement à ce qui était prévu pour le budget de 2015-2016, passant de 422 M$ à 461 M$.
L’investissement de 67 M$ dans la construction d’un établissement de soins prolongés à Whistle Bend, qui comprendra 150 lits, explique en partie cette augmentation.
Un timide apport de 244 000 $ est prévu pour la mise en place de soins à domicile.
Pour les services psychiatriques, le gouvernement Pasloski annonce 1 M$ pour l’établissement dans les communautés de la Stratégie du mieux-être mental.
En santé toujours, 9,4 M$ serviront pour le remplacement et le fonctionnement de l’édifice Sarah-Steele, dédié à la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie.
Le nouveau Centre-Espoir de l’Armée du Salut se verra quant à lui doté de 8,4 M$.
Le budget de l’éducation
Le financement en infrastructure pour le réseau de l’éducation est diminué de près de la moitié en comparaison à l’année précédente, passant à 13,4 M$.
La phase de planification de la nouvelle école secondaire francophone sera tout de même financée à hauteur de 400 000 $.
L’aile de la formation technique de l’École secondaire F.-H.-Collins bénéficiera d’une subvention de 3 M$. Un montant de 3 M$ est aussi prévu pour la démolition de l’ancienne école.
Moins pour les mines, plus pour la culture
Le ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources a vu son budget amputé d’environ 10 % par rapport à 2015, soit 9,2 M$ en moins.
Deux annonces majeures concernent le secteur minier : 715 000 $ ont été alloués à la création d’une Division des initiatives stratégiques — dont l’un des objectifs est la création d’une stratégie pour l’industrie minière — et 1,4 M$ à l’amélioration de la prospection et de l’exploitation minière.
Le budget du ministère du Tourisme et de la Culture connaît pour sa part une hausse de 15 % par rapport à l’exercice précédent, soit 4,5 M$ supplémentaires.
Ce budget rehaussé accorde 1,8 M$ à onze musées et sept centres culturels autochtones, 900 000 $ pour la campagne de marketing Yukon Now ainsi que 5,6 M$ pour l’agrandissement des locaux d’Archives Yukon.
En ce qui concerne le ministère de la Voirie et des Travaux publics, 12 M$ serviront à rénover des tronçons de la route de l’Alaska, affectés par la fonte du pergélisol.
Le ministère de l’Environnement recevra par ailleurs 3,5 M$ pour l’assainissement de lieux pollués et 350 000 $ pour agrandir et moderniser les terrains de camping.
Pour la langue de Molière?
En plus des 400 000 $ alloués à la planification du nouveau centre scolaire communautaire francophone, la Direction des services en français (DSF) a également reçu son financement pour le prochain exercice.
• 138 000 $ émanant du Fonds d’action culturelle communautaire de Patrimoine canadien pour la deuxième année du projet culturel de la communauté francophone, en soutien au développement artistique des artistes francophones du Yukon;
• 80 000 $ pour financer un modèle d’offre active et une trousse à outils destinés à aider les ministères à offrir des services en français;
• 40 000 $ pour des formations en français en ligne destinées aux employés du gouvernement du Yukon;
Par ailleurs, la DSF a récemment signé un Protocole d’entente avec la Régie de l’Hôpital général de Whitehorse afin d’améliorer l’offre de services en français en milieu hospitalier. Un accord de coopération et d’échanges entre le Québec et le Yukon en matière de francophonie a également été signé le 31 mars dernier (voir notre édition du 6 avril).
Pour la directrice de l’Association franco-yukonnaise (AFY), Isabelle Salesse, « le budget témoigne d’une poursuite des engagements du gouvernement en place ». Elle souligne notamment que la formation en ligne pour les employés est une mesure au potentiel intéressant, rappelant qu’une tentative d’offrir des cours de français langue seconde en ligne avait déjà été faite, mais n’avait pas fonctionné. « Tant que cela augmente la capacité des services en français au Yukon, c’est intéressant », conclut-elle.