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le Mercredi 23 Décembre 2015 13:21 Scène locale

Offrir aux autres, c’est aussi se rendre service

« Je trouve ça malade de faire quelque chose pour quelqu’un que tu ne connais pas. Juste par philanthropie, et bonté de cœur. » Sophie Jessome. Photo: Thibaut Rondel
« Je trouve ça malade de faire quelque chose pour quelqu’un que tu ne connais pas. Juste par philanthropie, et bonté de cœur. » Sophie Jessome. Photo: Thibaut Rondel

Alors que Whitehorse s’apprête à accueillir une première famille de réfugiés syriens, le groupe de tricot Sticks, Strings and Stewardship fait chauffer ses aiguilles. Depuis plusieurs semaines, ces passionnés de laine produisent avec bonheur des dizaines de mitaines, de bonnets et d’écharpes qu’ils ont pour projet d’offrir au couple de réfugiés et à leurs huit enfants dès leur arrivée.

« Il y a deux familles qui s’en viennent, et l’on s’est dit qu’on pouvait leur tricoter et leur crocheter des choses chaudes », explique Sophie Jessome, propriétaire du magasin de laine Itsy-Bitsy et coordonnatrice du projet. « Ça peut aussi leur donner un sentiment de bienvenue, car il ne s’agit pas juste d’avoir chaud, mais aussi de savoir que toute la communauté dans laquelle tu arrives te supporte. C’est ça que je trouve merveilleux, et j’espère qu’ils vont se sentir vraiment bien en arrivant. »

« Je trouve ça malade de faire quelque chose pour quelqu’un que tu ne connais pas. Juste par philanthropie, et bonté de cœur. » Sophie Jessome. Photo: Thibaut Rondel

« Je trouve ça malade de faire quelque chose pour quelqu’un que tu ne connais pas. Juste par philanthropie, et bonté de cœur. » Sophie Jessome. Photo: Thibaut Rondel

Selon le groupe Sticks, Strings and Stewardship, peu importe que l’on soit d’accord ou non avec le fait que des réfugiés syriens s’installent au Yukon. Ce sont des êtres humains à part entière qui méritent d’avoir chaud et d’être accueillis dans la dignité, comme tout un chacun.

Pour tous les goûts

Sticks, Strings and Stewardship a prévu de déposer ses dons à l’organisme Yukon Cares, responsable de l’accueil de la première famille de réfugiés. Le panier de vêtements sera accompagné d’une note de bienvenue à l’attention de la famille. Comme le plus jeune des enfants n’aurait que trois ans, et que le plus grand aurait déjà atteint la vingtaine, le groupe de tricot s’est appliqué à crocheter pour tous les goûts et tous les âges. Une couverture a même été tricotée pour le petit enfant.

« J’avais préparé des kits que les gens pouvaient emporter chez eux, avec un patron et de la laine », indique Mme Jessome. « En général, ce que les gens tricotent le plus, ce sont des chapeaux, parce que c’est rapide et facile à faire dans tout plein de grosseurs de laine, donc on peut en faire beaucoup. »

Itsy-Bitsy fournit gracieusement de la laine aux bénévoles qui souhaitent apporter leur contribution, mais beaucoup de gens ont également fait des dons de laine au cours des derniers mois. Soucieuse de bien accueillir la famille, Mme Jessome s’est même interrogée sur les traditions syriennes et sur leurs couleurs favorites.

« Je me suis demandé ce que les hommes portaient comme couleurs traditionnelles en Syrie, car par exemple en Inde, le rose, c’est pour les hommes », explique-t-elle.

De petits gestes

Le groupe Sticks, Strings and Stewardship a été lancé par Jo Stewart. Celle-ci a proposé à Sophie Jessome de tenter l’expérience au Yukon. L’année passée, le groupe a ainsi commencé à récolter de la laine et des aiguilles, avec l’objectif d’aider les plus démunis à se vêtir pour l’hiver.

« Jo faisait déjà partie d’un groupe en Ontario dans lequel ils faisaient du tricot pour les gens de leur communauté », explique Mme Jessome. « Depuis l’ouverture du magasin, je voulais faire quelque chose comme ça, mais je ne savais pas par où commencer. Comme elle avait de l’expérience, c’était beaucoup plus facile. »

La communauté s’est laissé prendre au jeu, et les kits de laine ont commencé à partir comme des petits pains. Le groupe a ainsi pu commencer à accrocher des vêtements sur la rue Main à Whitehorse, de façon anonyme, pour les personnes démunies. Une petite pancarte indique même que l’objet n’est pas perdu, mais à disposition de celles et ceux qui ont froid. Cette année, l’expérience sera renouvelée dans un périmètre un peu plus large. En parallèle, des dons de vêtements iront également aux refuges de femmes et à d’autres organismes de soutien.

« J’ai entendu à la radio qu’il y avait 70 enfants qui n’avaient pas encore été parrainés avec Share the Spirit, et je me disais que ça pourrait être intéressant de faire quelque chose avec ça », indique Sophie Jessome. « Je connais quelqu’un qui a parrainé et ce que les jeunes ont demandé, ce sont des manteaux, des bottes et des affaires chaudes. […] Ça m’a vraiment brisé le cœur. »

Vous pouvez participer

Sticks, Strings and Stewardship tricote à longueur d’année, et tout le monde est bienvenu à venir chercher de la laine, des aiguilles, et à tricoter. Le groupe se réunit chaque mardi soir au Heart of Riverdale, de 19 h à 20 h 30. Chaque jeudi, de 18 h 30 à 20 h, c’est au magasin Itsy-Bitsy que la dizaine de participants se rencontrent. Certaines personnes ne viennent pas s’asseoir au cercle de tricot, mais participent cependant activement de chez elles, tandis que d’autres personnes s’impliquent en donnant du matériel.