L’assemblée générale de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) s’est tenue le 30 septembre dernier à la bibliothèque de l’École Émilie-Tremblay. À cette occasion, le directeur général de la CSFY a présenté au public une mise à jour du projet de construction du nouveau centre scolaire communautaire francophone. Également membre du comité responsable de la gestion de la construction, Marc Champagne a annoncé que la future école secondaire comprendra certainement une salle de spectacle d’une capacité d’environ 250 personnes.
« L’idée, c’est vraiment d’avoir une salle pour la communauté francophone, qui pourra être évidemment utilisée par l’école, mais aussi par la communauté de Whitehorse », a expliqué Marc Champagne. « On voit ça comme un espace qui va enrichir l’école, la communauté francophone et la communauté de Whitehorse en général. »
La dimension communautaire
En intégrant un tel espace culturel au sein de l’école, la commission scolaire souhaite doter la communauté francophone d’une infrastructure communautaire de pointe. Dans une moindre mesure, la dimension communautaire du centre scolaire se traduira également par la mise à disposition de deux salles de formation et d’un local réservé à la personne responsable du service Jeunesse de l’Association franco-yukonnaise (AFY).
« L’AFY a un secteur Jeunesse et l’idée serait de placer ses employés dans le centre scolaire communautaire, pour être vraiment prêt de l’action », a indiqué M. Champagne.
Un espace pour les archives communautaires serait par ailleurs rattaché à la bibliothèque, et la construction d’un centre de ressources fait également partie des plans. Les projets inhérents au volet communautaire de l’établissement pourraient bénéficier d’un financement fédéral par l’entremise de Patrimoine canadien.
Selon le directeur général de la CSFY, le gouvernement du Yukon a établi des contacts avec le gouvernement fédéral à ce sujet. D’autres possibilités d’accès à des fonds pourront également être explorées.
Au stade actuel, la CSFY réfléchit encore aux autres composantes éducatives qu’elle souhaite voir intégrées au nouveau bâtiment.
« Il faut finaliser les paramètres pour la conception de l’édifice et savoir ce qu’on veut avoir dans notre centre scolaire communautaire », a expliqué Marc Champagne. « C’est clair que nous voulons avoir une école secondaire complète et autonome avec un gymnase, une bibliothèque et tous les locaux pour enseigner au secondaire. Seuls les ateliers seront partagés avec F.-H.-Collins. »
La CSFY envisage par ailleurs d’aménager un espace pour accueillir son personnel. Il a deux ans, la commission scolaire avait déménagé ses bureaux pour s’installer sur Range Road. Une intégration au centre scolaire de Riverdale lui permettrait à l’avenir d’économiser un loyer et de se rapprocher de la communauté scolaire et du ministère de l’Éducation.
Les options écartées
Au cours de son intervention, M. Champagne a présenté au public les options proposées par le gouvernement du Yukon pour l’emplacement de la future école. Le directeur de la CSFY a notamment justifié le choix du parc de planche à roulettes par la visibilité de l’emplacement, à l’entrée de Riverdale.
« Cette option présente beaucoup d’avantages. C’était la seule qui nous permettait d’avoir notre propre école, notre propre identité, notre propre espace qui n’était pas rattaché au campus de F.-H.-Collins », a-t-il expliqué. « Quand on traverse le pont, le centre scolaire communautaire sera aussi la première chose que l’on verra de l’autre côté. »
Distinct de l’école anglophone, l’emplacement permettra toutefois aux élèves de profiter de ses aires extérieures, de sa piste d’athlétisme et de ses ateliers d’art industriel. Selon la commission scolaire, au moment de présenter cette option, le ministère de l’Éducation avait par ailleurs indiqué son souhait de voir le parc de planche à roulettes déménager de la réserve éducative de Riverdale pour s’installer sur un terrain appartenant à la Ville.
Deux autres options avaient été soumises à la CSFY, mais celles-ci ont été rejetées.
« La première option qu’ils nous ont présentée, c’était d’avoir l’école juste à côté de l’École F.-H.-Collins, avec la possibilité de les rattacher physiquement, mais pour les commissaires, cette option-là n’offrait pas vraiment une identité distincte à l’école », a expliqué Marc Champagne. « La seconde option, c’était d’avoir l’école rattachée aux ateliers techniques de F.-H.-Collins qui vont demeurer. Mais là encore, nous étions rattachés physiquement à des bâtiments de F.-H.-Collins, à proximité de l’ancienne école, et cet emplacement n’était pas assez visible pour un centre scolaire communautaire. Et comme ça va devenir une partie importante de notre communauté, on ne voulait pas être cachés. »
Gros travail de communication
Le projet en est encore à ses prémices, mais la commission scolaire affirme toutefois qu’un effort de communication devra être fait afin de rallier l’opinion publique à cette idée de centre scolaire communautaire pour la minorité linguistique.
« Il y a un gros travail de communication à faire autour de ce projet pour faire comprendre que tout le monde est gagnant », a indiqué M. Champagne qui précise que la communauté yukonnaise pourra profiter du gymnase et de la salle de spectacle après l’école et les fins de semaine.
Alors que certaines voix affirment qu’une école construite à l’entrée de Riverdale congestionnera encore un peu plus le trafic à la hauteur du pont, le directeur de la CSFY préfère se montrer optimiste.
« La Ville a certaines inquiétudes, mais je pense là encore qu’il y a des solutions. Le problème de circulation à Riverdale ne va pas changer de façon fondamentale à cause de notre école secondaire. Il y a plein d’autres facteurs qui ont créé cette situation-là », a-t-il affirmé.
Selon M. Champagne, la situation actuelle résulterait plus d’un problème d’horaire que de capacité. Le directeur de la CSFY a ainsi émis l’idée de reculer l’heure de début des cours dans les écoles de Whitehorse. Selon lui, cette solution permettrait de régler à moindres frais le problème du trafic à Riverdale. Seuls les horaires de transport scolaire devraient être modifiés.
Les prochaines étapes
La CSFY et le gouvernement du Yukon se sont entendus pour faire de septembre 2018 la date d’inauguration idéale de la nouvelle école secondaire francophone.
Le projet est entré dans une première phase de planification, le plus gros du travail, selon la commission scolaire. 75 000 $ ont d’ores et déjà été alloués par le gouvernement à cette première étape, à laquelle succéderont une phase de conception, puis une phase de mise en œuvre.
« Une des premières choses à faire dans la phase de planification, ce sera de demander un permis de développement à la Ville de Whitehorse », a expliqué M. Champagne. « Cela permettra d’entamer un dialogue avec la Ville qui va évaluer la demande et communiquer ses besoins par rapport à ce projet. »
Le comité responsable de la gestion de la construction travaille actuellement à déterminer la grandeur de l’école et le nombre de classes nécessaires. Selon les études déjà menées, la capacité du centre scolaire devrait avoisiner les 150 à 200 élèves.
Le secondaire francophone accueille cette année une quarantaine d’élèves, mais la CSFY espère bien attirer dans sa nouvelle école quelque 150 ayants droit potentiels.
« On espère qu’avec la concrétisation du projet de construction, on verra un impact sur le taux de rétention », confie Marc Champagne. « Les jeunes voient ça venir, ils veulent en faire partie. On a donc espoir qu’on aura beaucoup plus d’élèves qu’en ce moment.
Le Centre scolaire communautaire francophone en dix dates
2007 : la CSFY évalue ses besoins en matière de locaux et prévoit un manque d’espace à partir de 2011, tandis que l’Association franco-yukonnaise (AFY) propose de faire de l’Alexandrin un Centre scolaire communautaire.
2007 à 2009 : la CSFY travaille sur ce concept de Centre scolaire communautaire et mène des consultations publiques.
2009 : les relations se détériorent entre le gouvernement du Yukon et la CSFY. Le 18 février, la Commission scolaire entame un recours judiciaire contre le gouvernement. La décision met un coup d’arrêt au projet de Centre scolaire communautaire.
2010–2011 : le procès de première instance se déroule à Whitehorse. Le juge Vital Ouellette rend sa décision, donnant la pleine gestion à la CSFY et ordonnant la construction d’une nouvelle école secondaire francophone à Whitehorse.
2012 : le gouvernement du Yukon décide de faire appel de la décision.
2013 : le projet de Centre scolaire communautaire est cependant relancé lorsque le gouvernement décide finalement de financer une étude afin d’identifier les besoins de la communauté pour une école secondaire francophone. À l’issue de l’étude, la ministre de l’Éducation rencontre la CSFY et affirme que la réserve éducative de Riverdale pourrait accueillir une école secondaire francophone.
2014 : le juge d’appel annule la décision de première instance, mais la CSFY porte l’affaire devant la Cour suprême du Canada. En parallèle, les discussions entre les deux parties se poursuivent et la CSFY consulte la communauté scolaire au sujet de la pertinence et de l’emplacement du Centre scolaire communautaire.
2015 : le nouveau ministre de l’Éducation, Doug Graham, déclare que le gouvernement du Yukon ira de l’avant avec la construction d’une nouvelle école secondaire francophone, quelle que soit la décision de la Cour suprême du Canada. La CSFY souhaite que le site retenu offre une identité propre à l’école. La Cour suprême du Canada ordonne pour sa part un nouveau procès.
Automne 2015 : les relations se détendent entre le gouvernement et la CSFY et la menace d’un nouveau procès s’éloigne peu à peu. Des comités de travail sont formés afin de lancer officiellement la phase de planification et le projet de construction.
Septembre 2018 : inauguration possible du nouveau Centre scolaire communautaire francophone sur la réserve éducative de Riverdale.