le Dimanche 1 octobre 2023
le Mardi 9 juin 2015 10:59 Scène locale

Passage de flambeau à l’Aurore boréale

Dès le 12 juin, Thibaut Rondel occupera le poste de directeur du journal l’Aurore boréale. On le voit ici en pleine entrevue croisée avec son prédécesseur Pierre-Luc Lafrance. Photo : Marie-Claude Nault.
Dès le 12 juin, Thibaut Rondel occupera le poste de directeur du journal l’Aurore boréale. On le voit ici en pleine entrevue croisée avec son prédécesseur Pierre-Luc Lafrance. Photo : Marie-Claude Nault.

et Pierre-Luc Lafrance

Le 12 juin, l’éditeur de l’Aurore boréale, Pierre-Luc Lafrance, va repartir pour le Québec et laissera la place à son successeur, Thibaut Rondel. Les deux hommes ont procédé à une entrevue croisée avant la passation des pouvoirs.

Dès le 12 juin, Thibaut Rondel occupera le poste de directeur du journal l’Aurore boréale. On le voit ici en pleine entrevue croisée avec son prédécesseur Pierre-Luc Lafrance. Photo : Marie-Claude Nault.

Dès le 12 juin, Thibaut Rondel occupera le poste de directeur du journal l’Aurore boréale. On le voit ici en pleine entrevue croisée avec son prédécesseur Pierre-Luc Lafrance. Photo : Marie-Claude Nault.

Pierre-Luc : Qu’est-ce qui t’a amené à relever ce défi?

Thibaut : Convaincu que l’accès à une information de qualité peut contribuer au développement et à l’épanouissement de notre si singulière communauté, la perspective de renouer avec l’Aurore boréale me réjouit d’autant plus que je conserve un excellent souvenir de l’expérience que j’y ai vécue comme journaliste entre 2011 et 2013.

Le fait d’évoluer au sein d’une petite équipe demandait par ailleurs de porter plusieurs chapeaux et de s’impliquer dans un ensemble de tâches dépassant le simple travail de recherche et d’écriture habituellement dévolu au journaliste. Au-delà de constituer un rempart contre la routine, cet aspect touche-à-tout de l’emploi a facilité ma compréhension des enjeux liés au développement d’un journal communautaire en milieu minoritaire. C’est donc en confiance, puisqu’en terrain plutôt bien connu, que j’ai souhaité reposer le pied dans notre salle de presse!

Pierre-Luc : Quels sont tes projets pour l’Aurore boréale?

Journaliste aux expériences acquises « sur le tas », ma formation d’étudiant me destinait certainement plus à œuvrer dans les bureaux d’un service de presse ou d’une agence de publicité qu’au sein d’une rédaction. Passé « de l’autre côté du miroir », je reste pourtant convaincu que les petites choses de la communication apprises sur les bancs de l’école sauront se rappeler à mon bon souvenir lorsqu’il s’agira de garantir la visibilité de notre journal communautaire et d’en assurer l’assise aux yeux de ses différents publics.

À l’ère du tout numérique, le secteur de la presse tout entier vit en effet une époque incertaine. Internet prend une place de plus en plus conséquente dans le domaine de l’information, tant et si bien que les investissements publicitaires autrefois traditionnellement placés dans les pages de la presse papier fondent aujourd’hui comme neige au soleil.

Ainsi, le grand défi des prochaines années sera, je crois, de déterminer un nouveau modèle économique stable et probablement basé sur une diversification des revenus. Cette délicate transition devra toutefois s’opérer sans jamais perdre de vue la raison d’être communautaire qui anime notre journal depuis maintenant plus de 30 ans. Une belle mission en perspective qui mêle intimement nos enjeux locaux à ce grand virage numérique que l’Aurore boréale doit aujourd’hui aborder avec sérénité.

Thibaut : Que tires-tu de ton expérience de deux ans au Yukon?

Pierre-Luc : Je ne savais pas à quoi m’attendre avant d’arriver au territoire puisque comme bien des gens du Sud, j’ignorais tout de la réalité du Yukon. J’ai eu la chance de découvrir un milieu très accueillant où ma famille et moi avons pu trouver notre place rapidement. De plus, le journal rejoignait ma vision du journalisme communautaire avec une approche axée sur les gens.

Pour ce qui est de mon départ, j’ai des réactions partagées. D’abord, c’est la première fois que je quitte un emploi que j’adore. Aussi, au-delà de l’aspect travail, je dois partir d’un milieu où je me sens bien avec un mode de vie qui me convient. C’est vraiment pour une question familiale que je pars du territoire et non pour des raisons liées à l’emploi ou à la vie ici. Je sais que je vais être heureux à Québec, tout comme les autres membres de ma famille, mais je ne peux m’empêcher de me sentir déchiré.

Thibaut : Quels sont tes projets après ton retour au Québec?

Pierre-Luc : Pour la première fois depuis longtemps, je suis devant une grande page blanche. C’est à la fois excitant et angoissant. Je serais surpris de retourner dans le milieu des journaux hebdomadaires, car je n’aime pas particulièrement l’approche du journalisme communautaire au Québec qui est de plus en plus institutionnalisé et de moins en moins proche des gens. Je m’attends à continuer à travailler dans le domaine des communications, mais peut-être davantage du côté des relations publiques.

Sinon, du côté des certitudes, je vais emménager dans la région de Québec dans la maison où j’ai grandi. Mes enfants vont aller à l’école primaire que j’ai fréquentée il y a 25 ans. Ça risque de faire bizarre.