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le Jeudi 14 mai 2015 10:20 Scène locale

Frackfree Yukon veut toucher un plus large public

Jacqueline Vigneux, confondatrice de Frackfree Yukon, et Jean-François Deslauriers, membre actif de l'association. Photo : Thierry Guenez.
Jacqueline Vigneux, confondatrice de Frackfree Yukon, et Jean-François Deslauriers, membre actif de l'association. Photo : Thierry Guenez.

Thierry Guenez

Frackfree Yukon, association luttant pour une communauté durable, croit qu’au Yukon comme ailleurs, la protection de leur environnement se heurte à un problème démocratique.

Jacqueline Vigneux, confondatrice de Frackfree Yukon, et Jean-François Deslauriers, membre actif de l'association. Photo : Thierry Guenez.

Jacqueline Vigneux, confondatrice de Frackfree Yukon, et Jean-François Deslauriers, membre actif de l’association. Photo : Thierry Guenez.

L’association œuvre en ce moment à élaborer des outils de communication pour toucher un plus large public. Un document PowerPoint, par exemple, fera connaître un concept utilisé aux États-Unis par Community Legal Defense Fund (CELDF.org) pour bannir des projets indésirables – tel que la fracturation hydraulique – qui nuisent à la vie saine des communautés.

« Cette méthode est à notre portée », assure Jacqueline Vigneux, cofondatrice de l’association. « Il s’agit de faire accepter, par référendum, au niveau municipal, une charte de droit pour communautés durables. Charte contenant un texte ferme obligeant la municipalité à bannir les projets nuisibles à nous et nos enfants. »

Une population concernée et consciente

« La lutte a commencé il y a trois ans contre les gaz de schiste avec les Yukoners Concerned », continue Jacqueline. Aujourd’hui, le groupe avance dans un processus d’alliance avec différentes mouvances (Yukoners Concerned, Canadian Parks Association, Société de conservation du Yukon), à la suite de la découverte du procédé mis en avant par CELDF. C’est Peter Becker, le recherchiste de l’association, qui avait déniché cette nouvelle possibilité.

Une ébauche (sept pages) de la charte de droit pour communautés durables sera disponible sous peu, en anglais et en français. Frackfree Yukon Alliance pense à louer une table au marché Fireweed pour rendre le texte accessible et informer les Yukonnais de cette possibilité de référendum municipal.

« Le moins que l’on puisse dire, affirme Mme Vigneux, c’est qu’il semble y avoir consensus dans la population du Yukon qui ne veut pas de projets de fracturation hydraulique. » C’est cette cause qui a récolté le plus de signatures dans toute l’histoire du Yukon, déjà plus de 8 000. «De plus, les Yukoners Concerned viennent de lancer une pétition à portée internationale AVAAZ qui a déjà récolté plus de 1 000 signatures.

Les rouages grippés de la démocratie

On pourrait être en droit de se demander alors, si la population est acquise à la cause, pourquoi les représentants du peuple n’en tiennent pas compte.

« C’est l’illusion de la démocratie », assène Jacqueline. Elle explique que Frackfree Yukon Alliance ne peut plus simplement s’exprimer et faire valoir son opposition à la fracturation hydraulique à l’intérieur du jeu parlementaire, car les règles du jeu sont préétablies et confèrent le dernier mot au pouvoir, c’est-à-dire à l’exécutif. Car il y a eu une grande concertation de la population, par l’entremise de réunions au cours desquelles « les pros gaz de schiste représentaient une minorité infinitésimale », déplore Jean-François Deslauriers. Et cette phase de consultation (par le Comité spécial de la fracturation) à présent terminée, a accouché de 21 recommandations qui doivent déboucher sur de nouveaux tests, inlassablement, qui probablement mèneront à de nouvelles analyses, comme souvent et accoucheront de nouvelles délibérations. Et le « non » du peuple n’a pas sonné le coup d’arrêt de la fracturation.

Les pistes concrètes d’émancipation

Le procédé de référendum municipal est inscrit dans la loi. Pour le mettre en place, il va falloir lancer une nouvelle pétition. Celle-ci devra récolter deux mille signatures (par des personnes inscrites sur les listes électorales) en trois mois, puis être déposée à la mairie pour obliger celle-ci à organiser un référendum.

Et selon les résultats du référendum, la fracturation pourra être bannie dans les limites de la ville de Whitehorse. Ce n’est qu’un début, certes, mais « pourquoi pas commencer là où vivent le plus grand nombre de Yukonnais? », demande Jacqueline.

Frackfree Yukon travaille alors à la mobilisation des citoyens. Des rencontres publiques seront organisées, avec comme support principal le document PowerPoint en cours de réalisation.