Pierre-Luc Lafrance
Le 1er mai avait lieu le lancement de la campagne de prévention des agressions sexualisées qui se tiendra pendant tout le mois de mai. Au Yukon, le Centre des femmes Victoria Faulkner et Les EssentiElles avaient conviés les médias chez Yukon Brewing pour annoncer la programmation.
Le choix de faire ce lancement chez un brasseur de bière n’est pas innocent, puisque la thématique cette année est « Alcool, consentement et responsabilité ». La campagne se fera donc en continuité directe avec la discussion entamée lors des Douze jours pour lutter contre la violence faite aux femmes en 2014 qui mettait de l’avant l’importance d’utiliser les bons mots.
Pour Maryne Dumaine, cette campagne repose sur une réalité yukonnaise en ce qui concerne la violence sexualisée en mettant l’accent sur la façon dont l’alcool est trop souvent utilisé comme drogue du viol. En effet, les agresseurs s’en servent pour diminuer la résistance de leur victime, pourtant sous l’emprise de l’alcool, une personne ne peut pas légalement donner son consentement. « L’alcool est légal, accessible et accepté socialement. Dans certains cas, l’agresseur encourage la victime à consommer. Il lui offre de la boisson, lui en donne plus que la quantité demandée. » Ainsi, les agressions contre des femmes inconscientes sont très présentes au Yukon. « Les femmes ne se souviennent plus de ce qui s’est passé. Elles ont le corps brisé. Et c’est la victime qui, trop souvent, porte la faute. La société doit comprendre qu’il faut mettre le blâme sur l’agresseur. »
D’ailleurs, dans cette perspective, Mme Dumaine pointe le double standard en ce qui concerne la responsabilité face à l’alcool. « Pour l’homme qui commet l’agression, l’alcool devient une forme d’excuse, alors que pour la femme qui en est victime, la consommation d’alcool lui fait porter une plus grande responsabilité. On se demande pourquoi elle s’est mise dans cette situation. » Toutefois, comme le dit un des slogans de la campagne : boire n’est pas un crime, le viol en est un.
Les objectifs de la campagne sont de mieux comprendre la réalité, de voir ce que chacun peut faire pour améliorer les choses, mais aussi de parler du consentement qui est une notion fondamentale quand on parle d’agression sexualisée. Il y a plusieurs actions que chacun peut poser. Par exemple, Mme Dumaine soutient que la base est de s’assurer d’avoir le consentement de son partenaire avant d’avoir une relation sexuelle. Il faut aussi éviter de faire porter le blâme sur la victime et on peut agir quand on est témoin de situations inacceptables.
Plusieurs activités
Pendant tout le mois, le Centre des femmes Victoria Faulkner et Les EssentiElles organisent une série d’activités avec l’aide de partenaires pour parler de l’alcool et de la responsabilité en matière de consentement. C’est d’autant plus important d’en parler au territoire qu’une femme sur quatre au Canada sera agressée sexuellement au cours de sa vie, et que le taux de violence contre les femmes est 3,5 fois plus grand que la moyenne nationale au Yukon.
Une partie de la programmation a déjà eu lieu, mais on annonce une participation à l’émission radiophonique Midday Café les 19 et 26 mai sur les ondes de CBC North pour parler des options qui s’offrent aux gens qui ont été victimes d’agressions sexuelles, puis d’un programme de crise sur les agressions sexualisées offert à Winnipeg. Le 21 mai à midi, il y aura un atelier sur la notion du consentement qui sera offert au grand public à la Bibliothèque de Whitehorse. Enfin, le 29 mai à midi, un protocole de sécurité sera présenté au Old Fire Hall. On peut en apprendre davantage sur ces activités et découvrir les autres actions prévues en suivant la page Facebook de l’organisme Les EssentiElles.