Françoise La Roche
Les temps sont durs pour le Comité francophone catholique Saint-Eugène-de-Mazenod. Les récentes coupes dans le financement font mal. « On veut avoir une adjointe, mais on ne peut pas se la payer. Il faut que ce soit les bénévoles qui fassent le travail, et ça ne court pas les rues les bénévoles », commente Jean-Marc Bélanger, président du conseil d’administration du Comité.
Source de financement
Le financement vient de Catholic Missions in Canada (CMIC). Cet organisme octroie des budgets à toutes les communautés catholiques situées dans le Nord, autant francophones qu’anglophones. L’argent distribué provient des intérêts d’un fonds. Comme il y a moins de gens qui font des dons, le montant investi a diminué, et il en va conséquemment des intérêts. Les années précédentes, le comité recevait 30 000 $, ce qui aidait à payer les salaires du prêtre et d’une adjointe. L’an dernier, la subvention a été de 20 000 $. Cette année, il n’a encaissé que 7 000 $.
Toutes les communautés ont subi des coupes selon la même proportion. « Le fait qu’on n’a pas d’église, mais juste une location, on n’est pas super importants comparé à d’autres communautés qui ont leur propre église avec des frais d’entretien », croit M. Bélanger. « On ne fera pas banqueroute. L’association a un bas de laine qui a diminué de 6 000 $ l’an dernier, et qui diminuera de 6 000 $ cette année. Mais l’an prochain, il n’y aura plus de bas de laine. On va fonctionner avec des dons. On espère que ça va continuer. »
Baisse de fréquentation
Il ne faut pas se le cacher, le départ de Claude Gosselin a eu des répercussions sur le nombre de personnes qui fréquentent l’église. Il était très près des familles et rejoignait beaucoup de monde, tant les adultes que les jeunes. Ça a été draconien avec l’arrivée du premier prêtre qui ne s’exprimait pas très bien en français. Par contre, Jean-Augustin Somé possède le dynamisme, une certaine curiosité, l’intérêt pour la communauté et parle français, des atouts pour bien s’intégrer. « On est reparti sur le bon pied et la fréquentation est là », ajoute M. Bélanger
Mais le rassemblement de la communauté demeure l’un des principaux défis que rencontre le nouveau prêtre. « Je viens remplacer un grand homme. C’est un défi pour moi », nous confie-t-il. « J’ai un handicap, je ne connais pas les gens. Ici, nous sommes dans une société où on n’accueille pas les gens avec la parole. Il faut respecter la personne. En Afrique, on voit quelqu’un dans la rue, on le salue. Ici, non! C’est moins ouvert qu’en Afrique. »
Joindre la paroisse de Porter Creek
Le diocèse a demandé au Comité catholique s’il pouvait se relocaliser à Porter Creek pour se joindre à cette paroisse qui perdra son prêtre cette année qui ne sera pas remplacé.
Déménager dans une autre église n’intéresse pas la communauté, à moins que ce soit au centre-ville. Si jamais cette option s’avérait obligée, un sondage serait effectué auprès de tous. « Le choix des membres est pas mal plus important que la décision d’un dirigeant qui n’est pas évêque », dit Jean-Marc Bélanger. Quant au prêtre Jean-Augustin, il devrait représenter les communautés anglophone et francophone, ce qui impliquerait de célébrer deux messes, l’une en français et l’autre en anglais. Malgré les cours qu’il suit, M. Somé ne maîtrise pas encore assez la langue anglaise pour bien servir cette communauté.
L’avenir
Si le problème du financement n’a pas encore trouvé de solution, tout porte à croire qu’une continuité s’établira avec Jean-Augustin. Son contrat se termine le 31 juin, mais : « Le Diocèse de Whitehorse a émis son désir que je reste », commente M. Somé. « On a fait une demande à mon évêque en Afrique qui a donné son accord de principe, mais qui n’a pas encore signé le contrat pour deux autres années. »
Il veut rester parce qu’il trouve que les membres de la communauté sont très ouverts, très sympathiques. « Les chrétiens d’ici sont fantastiques », assure-t-il.