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le Mercredi 15 avril 2015 11:25 Scène locale

Le cri silencieux

1 763 paires d'empeignes de mocassins créées par plus de 1400 sont exposées dans le cadre de Walking With Our Sisters. Photo : Pierre-Luc Lafrance.
1 763 paires d'empeignes de mocassins créées par plus de 1400 sont exposées dans le cadre de Walking With Our Sisters. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

Pierre-Luc Lafrance

Le 11 avril à 15 h avait lieu la cérémonie d’ouverture de l’installation artistique commémorative Walking With Our Sisters. L’événement se tenait au Centre culturel des Kwanlin Dün et il sera possible de visiter l’exposition jusqu’au 25 avril.

1 763 paires d'empeignes de mocassins créées par plus de 1400 sont exposées dans le cadre de Walking With Our Sisters. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

1 763 paires d’empeignes de mocassins créées par plus de 1400 sont exposées dans le cadre de Walking With Our Sisters. Photo : Pierre-Luc Lafrance.

Walking With Our Sisters est un cri du cœur sous forme artistique pour honorer la mémoire des femmes des Premières nations disparues ou tuées au Canada et aux États-Unis. On estime leur nombre à 600 au Canada lors des vingt dernières années. Le but de ce projet est de montrer que même si on n’en parle pas autant qu’il le faudrait dans les médias, elles ne sont pas oubliées. Qu’au-delà des statistiques, ce sont des sœurs, des mères, des filles, des grand-mères, des cousines! Ce sont des femmes qui ont été aimées.

Il y a tout un cérémonial autour de cette activité. Avant de pénétrer dans la salle d’exposition, il faut se purifier dans la salle sacrée. Ensuite, on suit le parcours dans le sens des aiguilles d’une montre. Au sol, il y a 1 763 paires de mocassins créées par plus de 1 400 artistes. La plupart viennent du Canada, mais certains des États-Unis et même de l’extérieur de l’Amérique du Nord. Certaines de ces œuvres sont plus revendicatrices, certaines sont lumineuses, d’autres sont une forme d’hommage, mais ensemble, elles offrent un message qui contient autant d’indignation que d’espoir. Au centre de la pièce, il y a une installation pour souligner les victimes des écoles résidentielles. Et tout le long du parcours, on entend des témoignages ou des chants amérindiens qui ajoutent au caractère solennel du moment.

Avant que le public n’ait accès aux lieux, des familles touchées par ces drames ont visité l’exposition. Leur émotion était palpable; d’ailleurs, aucun des visiteurs suivants, quelle que soit son origine ethnique, n’a pu rester indifférent devant le drame qui était évoqué de façon artistique.

Si on sent une très grande présence féminine dans ce projet, les hommes ne sont pas en reste. Quatre jours avant l’ouverture officielle, ils ont allumé un grand feu derrière le centre culturel, sur le bord de l’eau, et ils l’entretiennent depuis. De plus, ils jeûnent entre le lever et le coucher du soleil.

Une exposition ambulante

La question des disparitions et des meurtres de femmes autochtones n’est pas propre au Yukon, il s’agit d’un drame social à la grandeur du pays. D’ailleurs, il y a eu plusieurs demandes pour une enquête publique sur cette question. Walking With Our Sisters cherche à mettre le sujet de l’avant par le biais de l’art. L’exposition a été présentée une première fois à Edmonton en 2013 avant de se déplacer au pays. On prévoit son passage dans 25 villes canadiennes. Avant d’arriver à Whitehorse, Walking With Our Sisters était présenté à Yellowknife. La prochaine destination est Red Deer en Alberta au mois de juin.