Pierre-Luc Lafrance
Du 3 au 6 mars, Jean-Christophe Fleury, le consul général de France à Vancouver était de passage à Whitehorse pour la première fois depuis son entrée en poste en septembre 2013. Lors de sa visite, il a rencontré la communauté française du Yukon, mais aussi plusieurs élus et représentants du territoire. L’Aurore boréale a pu le rencontrer le 5 mars.
M. Fleury avait une certaine connaissance du Canada avant son arrivée dans l’Ouest puisqu’il a travaillé à Ottawa de 2006 à 2009 à titre de conseiller de presse à l’ambassade. « Je croyais que je connaissais bien la réalité canadienne. Dans ma vision, il y avait le Québec et le reste du Canada. Je voyais qu’il y avait des communautés francophones hors Québec, mais ça demeurait des chiffres, ce n’était pas concret. Depuis mon arrivée à Vancouver, je comprends que chaque province et territoire a ses particularités. Il y a autant de différence entre l’Alberta et la Colombie-Britannique qu’entre l’Alberta et le Québec. »
M. Fleury a hérité d’un territoire consulaire immense puisque le consulat basé à Vancouver couvre les territoires de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, soit environ 40 % du territoire canadien. Cela explique en grande partie pourquoi il n’est pas venu plus tôt au Yukon. « C’est sûr que c’est un défi de se déplacer pour rencontrer nos compatriotes et effectuer des rencontres stratégiques. Nous avons une équipe de quatorze personnes à Vancouver et l’activité consulaire est en constante augmentation. Le nombre de demandes de visa a doublé en deux ans et en dix ans, la population a doublé, alors que nous conservons les mêmes effectifs. »
Lors de la dernière année, pas moins de 2 000 demandes de visa ont été complétées, dont le tiers par des Chinois, puisque le consulat traite les demandes de tous les non-Canadiens. Au-delà des demandes de papiers officiels, le consulat joue aussi un rôle stratégique. « De plus en plus d’entreprises françaises ont de l’intérêt pour le marché de l’Ouest canadien. Elles sont assez peu nombreuses en ce moment, mais elles ont un intérêt de plus en plus grand à cause de la croissance démographique et économique du milieu. » M. Fleury et son équipe peuvent aussi aider des entreprises canadiennes qui seraient désireuses d’investir en France en les mettant en contact avec les bonnes personnes. Sans parler des contacts politiques.
Le cas yukonnais
Pour cette première visite, M. Fleury cherche à voir quels sont les besoins. « Pour le Yukon, j’hésite entre plusieurs sujets, mais la reconnaissance des qualifications professionnelles me semble un dossier intéressant. Ou encore, l’aide à la promotion du tourisme dans les deux sens. » Lors de son passage, il a rencontré la directrice générale et la présidente de l’Association franco-yukonnaise. « J’ai été impressionné. Il y a plus d’employés ici qu’à la Maison de la francophonie de Vancouver. J’ai aussi découvert une communauté importante. J’espère pouvoir m’appuyer sur cette organisation dans le dossier de la reconnaissance des diplômes. Par exemple, s’il y a des besoins dans certains domaines spécifiques, on peut identifier des profils bilingues en France qui pourraient pourvoir les postes. » La question de la main-d’œuvre tient à cœur au consul qui rappelle qu’il y a un article spécifique dans l’Accord de libre-échange entre le Canada et la France à ce sujet. « Cela donne une dimension plus humaine à l’accord, au-delà de l’aspect financier. On parle souvent de la mobilité des capitaux, mais on oublie la mobilité des gens. C’est une manière de dire à nos compatriotes qu’on a pensé à eux dans l’entente et que le tout n’est pas seulement réduit à une question d’argent. »
Le 3 mars, M. Fleury a offert une réception pour les Français qui résident au Yukon. Une trentaine d’entre eux ont répondu à l’appel, ce qui était satisfaisant dans le cadre d’un premier contact. Après la soirée, le consul général de France à Vancouver a assuré une permanence consulaire. Concrètement, il a eu à gérer huit demandes de passeport et il a aidé d’autres personnes à obtenir une procuration pour voter aux prochaines élections françaises.
Le consul a aussi profité de son passage pour assister à l’assemblée plénière de la conférence sur l’Arctique qui se tenait à Whitehorse les 4 et 5 mars.
M. Fleury s’attend à revenir avant la fin de l’année, cette fois-ci accompagné du nouvel ambassadeur de France, Nicolas Chapuis, qui est basé à Ottawa. Ce dernier a émis le souhait de visiter l’ensemble des provinces et territoires du pays.