Pierre-Luc Lafrance
Le mardi 10 mars avait lieu l’enregistrement de l’émission spéciale pour souligner les 30 ans de l’émission Rencontres. Depuis 1984, plus de 200 animateurs et collaborateurs bénévoles ont permis la présentation de l’une des 1 560 émissions qui ont été produites. L’émission spéciale animée par Angélique Bernard et Danielle Bonneau sera présentée en deux segments d’une heure les 14 et 21 mars dès 17 h 5 sur les ondes de CBC North et de Radio-Canada.
Pendant ces deux heures, on nous réserve bien des surprises : il y aura des performances musicales en direct, mais aussi des entrevues avec des animateurs et des techniciens qui ont participé à la réussite de ce projet ou qui font encore partie de l’aventure. On nous promet une émission riche en anecdotes sur la communauté francophone.
Des réactions
Je me suis entretenu avec certaines des personnes qui étaient sur place pour cet enregistrement spécial. Danielle Bonneau est animatrice depuis 2004 et elle est aussi technicienne depuis quelques années. Pour elle, la radio n’était pas un nouvel univers. « J’ai fait de la radio étudiante toute ma vie. Ça a commencé au cégep. Et j’écoute énormément la radio. Je suis aussi une amatrice de musique. Quand j’ai vu que c’était possible de faire de la radio ici, j’ai voulu explorer. Pour moi, c’était important que la chanson francophone voyage davantage. » Elle aime partager ses coups de cœur musicaux. De plus, comme l’émission est aussi diffusée sur la station anglophone, cela permet de toucher un public de francophiles et même d’anglophones. « Plusieurs collègues me donnent du feed back sur l’émission. Certains ne comprennent pas un mot de ce qu’on dit, mais ils disent apprécier la musique en français. »
Parmi les anciens, présents, il y avait Régis St-Pierre. Il est arrivé au Yukon en 1990 et, dès sa deuxième semaine au territoire, il s’est joint à l’équipe de Rencontres. Lui aussi avait fait beaucoup de radio au cégep et à l’université. Près de 25 ans plus tard, il est à même de percevoir l’évolution du média. « La partie technique est facile à voir, mais l’évolution est beaucoup plus importante que ça. Quand je suis arrivé ici, tout se faisait en anglais. Les techniciens étaient anglophones, alors des fois on se comprenait mal, car je connaissais les mots en français. Là, on voit de grandes avancées. » Il se rappelle aussi le temps de préparation qui était très long à l’époque. « C’est la raison pour laquelle j’ai arrêté. Il y avait la recherche, la préparation, mais aussi plusieurs étapes qui sont maintenant informatisées. Par exemple, il fallait remplir une fiche pour les droits d’auteurs avant de diffuser la musique. »
M. St-Pierre rappelle aussi que l’accès à la musique francophone était plus difficile que maintenant. On ne pouvait pas chercher nos chansons en ligne, alors l’émission Rencontres jouait un rôle important dans la diffusion de la culture francophone. « À l’époque, il n’y avait pas de radio francophone au Yukon, alors c’était génial d’être relayé par CBC dans tout le Yukon. » Pour M. St-Pierre, Rencontres est plus qu’une émission de radio. « Pour certains animateurs, c’est le moment où ils vont utiliser le plus le français dans une semaine. » Pour lui, cela est autant une question de développement personnel de l’animateur qu’une occasion qui est offerte de mettre en valeur le français. Il conclut en mettant en valeur le côté protéiforme de l’émission qui n’est pas tout à fait la même selon la personne qui l’anime.
À l’autre bout du spectre, ou presque, il y a le petit nouveau. Philippe Cardinal est le dernier à s’être joint à l’équipe d’animation. « Je me disais que quelqu’un devrait faire quelque chose et, à la fin, je me suis demandé pourquoi pas moi. Comme dans bien des activités de bénévolat, il n’y a pas tant de monde qui s’implique et ce sont souvent les mêmes. » Il a animé une émission jusqu’à maintenant et devrait reprendre les rênes de Rencontres pour l’émission du 28 mars. Il va ensuite animer de nouveau en juin et il compte réévaluer la question à l’automne pour déterminer s’il va continuer.
Virginie Hamel est coordonnatrice de l’émission. Elle est aussi animatrice depuis cinq ou six ans. « Mes deux parents travaillent à Radio-Canada, alors je me suis dit que ce serait le fun d’essayer. » Elle travaille habituellement en duo avec Julie Ménard. Virginie est responsable de la musique et Julie de trouver les sujets. D’ailleurs, Julie Ménard, qui collabore à l’émission depuis 2007, soutient qu’elle ressent encore des papillons avant d’entrer en onde. Cette dernière se souvient plus ou moins de ses débuts, mais elle se rappelle qu’elle avait fait une émission pour les EssentiElles dans le cadre de la Journée internationale de la Femme. Elle est heureuse de voir que cette tradition est demeurée.