le Vendredi 22 septembre 2023
le Jeudi 5 mars 2015 12:31 Scène locale

Marjorie Almstrom et le Centre français du Yukon

Marjorie Almstrom à gauche et Renée Alford. Photo : fournie.
Marjorie Almstrom à gauche et Renée Alford. Photo : fournie.

Yann Herry, historien

Le 17 février 2015, à l’âge de 97 ans, s’éteignait Marjorie Almstrom, une pionnière de l’éducation en français au Yukon. En 1975, Marjorie est devenue la première coordonnatrice des programmes en français du territoire. Elle a pris en charge le Centre français créé l’année précédente. Née à Port Moody en Colombie-Britannique, Marjorie a obtenu une maîtrise ès arts et éducation. Enseignante et jeune mariée, elle a rejoint son mari au Yukon en 1948. Veuve en 1960 avec quatre jeunes enfants, elle reprend son métier d’enseignante. Larry Carlyle, élève de Marjorie de la 9e à la 11e année au début des années 1960 à l’école qui est aujourd’hui Whitehorse Elementary, raconte : « Grâce à Marjorie, j’ai pu voyager dans des pays francophones d’Europe. Mon épouse Monique Béguelin, connue en Suisse, a été heureuse de pouvoir communiquer avec une personne parlant français à notre retour au Yukon en 1971. »

Marjorie Almstrom à gauche et Renée Alford. Photo : fournie.

Marjorie Almstrom à gauche et Renée Alford. Photo : fournie.

Il y a quarante ans cette année, à la suite d’une des premières ententes de financement avec le Secrétariat d’État du gouvernement fédéral, le Centre français a été créé pour mettre en place les programmes d’enseignement du français au Yukon. Situé à l’École secondaire F.-H.-Collins, le Centre offrait des cours de français aux employés du gouvernement territorial et fédéral et plus tard au grand public. Marjorie Almstrom sera coordonnatrice lors de la mise en place des programmes d’immersion en février 1981, de moniteurs de français en 1982 et de français langue première en septembre 1983.

« Marjorie était une personne enthousiaste qui cherchait à combler les besoins dont elle entendait parler. Elle avait le souci des détails et était attachée au rayonnement du français. Elle avait à l’esprit l’élargissement des connaissances et des horizons », raconte Renée Alford qui a commencé au Centre français avec Marjorie. « Nous sommes devenues amies dès mon arrivée de France en 1951. Marjorie était une des rares anglophones du Yukon à parler couramment français. Nos maris travaillaient ensemble pour l’armée », ajoute Renée. Kay Yamada, adjointe administrative au Centre français, se souvient aussi de la passion de Marjorie pour l’enseignement. « Marjorie m’a transmis sa soif d’apprendre, en particulier son engouement pour la littérature anglaise et française. »

En 1988, le Centre français, renommé Division des Programmes en français, est placé sous la responsabilité des Écoles publiques du Yukon. Les bureaux situés alors au Collège du Yukon ont été relocalisés au centre-ville en 1991. En 2002, les cours aux adultes seront désormais offerts par le bureau des Services en français, puis par la Commission de la fonction publique du Canada avant d’être replacés en 2014 sous la Direction des services en français du Yukon à la suite de la diversification des besoins en langue française.

Marjorie sera une des fondatrices de l’Association des enseignantes et enseignants du Yukon (AEY) et membre du comité pour la création du Collège du Yukon. Très engagée, elle sera bénévole, entre autres, au sein du groupe « Victoria Faulkner Women » et de la paroisse anglicane de Whitehorse. À la retraite, elle publiera une recherche sur l’histoire de l’éducation au Yukon, A Century of Schooling Education in the Yukon, 1861-1961, disponible aux archives du Yukon.