Pierre-Luc Lafrance
Le 4 octobre, lors de l’investiture du Parti libéral, Larry Bagnell a reçu le mandat de représenter le parti lors des prochaines élections fédérales. Un retour aux sources pour celui qui a représenté le Yukon à la Chambre des communes de 2000 à 2011. L’Aurore boréale l’a rencontré quelques jours après sa nomination afin d’en savoir davantage sur les raisons qui l’ont poussé à retourner dans l’arène politique, mais aussi pour savoir quelles sont les grandes priorités selon lui.
D’entrée de jeu, M. Bagnell admet qu’il n’aime pas particulièrement la politique. « Ce que j’aime, c’est aider les gens et la politique me permet d’être en position pour le faire. » D’ailleurs, quand on lui demande ses meilleurs coups à titre de député, il finit par mentionner les Jeux du Canada et le Centre des Jeux qui a été construit. Par contre, son premier réflexe est de parler des gens qu’il a pu aider à se retrouver dans les méandres de la bureaucratie fédérale. D’ailleurs, lors des trois dernières années, il a continué de s’impliquer dans la communauté : il a siégé à la commission pour le développement économique de Watson Lake, il a été président honoraire de Centraide Yukon, il a été le premier Yukonnais au conseil d’administration du Collège Frontière, il a été membre du comité de parents de l’École Émilie-Tremblay… et tout ça en s’occupant de ses enfants de trois et six ans.
S’il a décidé de se représenter, c’est beaucoup à cause de l’inspiration des gens. « Plusieurs personnes m’ont demandé de le faire. J’imagine que c’est parce que j’ai aidé plusieurs d’entre eux ainsi que plusieurs autres Yukonnais. J’ai toujours essayé de parler au nom des gens lorsque j’étais à Ottawa. » D’ailleurs, rappelons que Ryan Leef l’avait battu par seulement 132 voix en 2011 et plusieurs partisans libéraux espèrent une revanche.
Père de deux enfants en bas âge, M. Bagnell reconnaît que la conciliation travail-famille n’est pas toujours évidente avec ce type de responsabilité. « Avant de prendre une décision, j’ai discuté avec ma femme et elle a été d’un grand soutien. C’est sûr que ça va demander des ajustements avec tous les déplacements : non seulement à Ottawa, mais même dans le territoire qui est un des plus grands comtés sur le plan géographique au Canada. Mais ce n’est pas si pire que ça quand on pense aux militaires qui parfois doivent partir pour sept mois et qui ignorent s’ils vont revenir. » Il ajoute que sa situation lui permet de mieux comprendre les problèmes que peuvent vivre les familles et d’être plus ouvert à leurs revendications.
Des priorités définies
Pour Larry Bagnell, la grande priorité est d’augmenter la qualité de vie des gens, surtout ceux de la classe moyenne qui, selon lui, ont été durement touchés par les décisions prises par le gouvernement fédéral dans les dernières années. « C’est dur pour les gens de la classe moyenne de prospérer en ce moment. »
Un autre point important est de rétablir de bons liens avec les représentants des Premières nations. « La situation actuelle est mauvaise sur le plan humain, mais aussi pour l’économie. » Il estime que c’est inadmissible que la Banque alimentaire de Whitehorse doive desservir plus de 1 000 clients. « Il y a quelque chose qui cloche, là. » Il a aussi des réserves sur le système judiciaire : « Le système a changé, ce qui fait en sorte qu’il y a plus de Yukonnais derrière les barreaux et pour plus longtemps. Il faut mettre plus d’insistance sur la réhabilitation et l’éducation. En ce moment, c’est l’université du crime. Les gens ressortent de prison plus dangereux et avec plus de difficulté à s’adapter à la société. » Au-delà de ça, M. Bagnell estime qu’il y a des choses à faire dans tous les domaines : le tourisme, le système électoral, les cultures minoritaires (francophone, philippine et autres), les infrastructures nécessaires pour le développement du Nord, l’accès à la propriété à prix raisonnable, etc.
Aurora, la fille de six ans de Larry Bagnell, étudie présentement à l’École Émilie-Tremblay. « Je crois que la culture francophone est importante au Yukon, mais aussi dans l’ensemble du Canada. C’est une des forces du pays de profiter de sa diversité et elle doit être mise de l’avant. Pour mes enfants, je trouvais que c’était important qu’ils parlent les deux langues officielles, ça va les aider dans leur recherche d’emploi quand ils seront rendus là, mais surtout, ça va leur permettre de s’ouvrir sur une culture importante, une façon différente de voir les choses. » Lui-même n’est pas bilingue, mais peut se débrouiller dans sa deuxième langue dans le cadre de conversations simples.
Son souhait pour un Canada sous la bannière libérale? « Une politique basée sur les faits et non sur une idéologie. Un gouvernement pour tous les Canadiens et pas seulement ceux qui soutiennent le parti. Un système de justice basé sur les faits et non sur l’idéologie pour faire du Canada un endroit plus sécuritaire. Un pays où il est possible de critiquer le gouvernement fédéral sans avoir peur de représailles. Un pays qui prend l’environnement au sérieux et qui aborde la question des ressources naturelles en prenant conscience des impacts que ça peut avoir. Et enfin, un pays où la souveraineté du Nord se fera par le développement et le peuplement et non sur des questions militaires. »
Quand on lui demande si Justin Trudeau est l’homme indiqué pour rendre tout cela possible, il soutient que le chef libéral a amené une effervescence auprès des électeurs de tout le pays et que ça se sent jusqu’au Yukon. « Il amène de nouvelles idées à Ottawa et au cœur de son projet, il a un soutien important des gens de la classe moyenne. »