Pierre-Luc Lafrance
Autant lors de l’AGA de la Commission scolaire le 25 septembre que lors de celle de l’AFY deux jours plus tard, il y a eu un retour sur les consultations sur le Centre scolaire communautaire. Dans un premier temps, Jean-Paul Molgat a présenté le processus qui a mené aux consultations en plus d’en faire ressortir les faits saillants. Ensuite la directrice Natascha Joncas a expliqué le concept de centre scolaire communautaire et Jean-Sébastien Blais a présenté les prochaines étapes.
Pour ce qui est de l’idée de centre scolaire communautaire, la directrice estime que ce ne sera pas très compliqué à mettre en place. « Le concept est déjà très présent à l’École Émilie-Tremblay et à l’Académie Parhélie. Des aînés viennent lire des histoires aux tout-petits, des parents accompagnent leurs enfants dans les activités. On sent que l’esprit scolaire est très présent. Reste à voir quels services viendront se greffer à l’école, mais il ne faut pas oublier que le centre scolaire communautaire est avant tout un lieu d’enseignement. » Plus tard, elle a précisé que l’objectif premier est de mettre toutes les ressources ensemble dans un même but. « Favoriser la réussite du plus grand nombre de nos jeunes et augmenter la rétention pour qu’ils aient le goût de rester avec nous. »
De nombreuses réactions
Lors des deux consultations, plusieurs intervenants ont fait connaître leur point de vue sur le centre scolaire communautaire. Un des discours les plus marquants a été celui d’Émilien Boudreau, un élève de dixième année de l’Académie Parhélie. Ce dernier a démontré l’urgence de faire quelque chose, pas seulement dans le futur avec la construction d’une nouvelle école, mais aussi dès aujourd’hui : « On vit dans le futur. On se demande ce que l’école peut être, mais on ne regarde pas assez le présent. » Il a rappelé le principal problème que vivent les élèves de l’Académie Parhélie, celle de devoir s’ajuster au rythme de vie des plus jeunes du primaire. Par exemple, ils ne peuvent pas jouer au hockey sur coussin d’air pour ne pas déranger les classes du primaire. Il a rappelé la difficulté de demeurer dans cette école, même pour ceux qui le souhaitent. « Avant de construire une école, il faut s’assurer qu’on va avoir des gens dedans. » Un parent a suivi son intervention en rappelant que chaque année, les élèves du secondaire perdent quelque chose : l’agora, le bistro, le local de science. « Qu’est-ce que ce sera l’an prochain? », a-t-elle conclu.
Natasha Joncas est revenue sur ce sujet lors de l’assemblée générale de l’AFY. « Moi aussi, j’ai écouté Émilien et oui, il y a des choses qui peuvent se faire tout de suite. On peut regarder la programmation et même les locaux. On a le pouvoir de changer certains aspects de l’école en attendant une entente ou le résultat du procès. »
Les gens du milieu communautaire ont aussi manifesté leurs inquiétudes. Ils craignent que l’aspect communautaire soit ajouté au projet seulement pour des questions de subventions, mais que dans les faits, les gens du milieu ne soient pas intégrés dans le processus au moment où on pourrait mettre quelque chose d’intéressant en place. André Bourcier et Régis St-Pierre ont mené la charge. M. Bourcier a rappelé que les commissaires avaient consulté des gens de Terre-Neuve, de la Saskatchewan et de l’Alberta dès 2007 sur les centres scolaires communautaires, et ce qui était ressorti, c’est que la clé du succès vient de la convention de gouvernance afin que les pouvoirs et responsabilités de chacun soient clairs.
D’autres personnes ont souligné que le projet risque de prendre des années avant de se concrétiser. Pour preuve, ça a pris huit ans entre les consultations et la construction de la nouvelle École F.-H.-Collins. Il importe donc, comme le soulignait Émilien Boudreau, de penser à des solutions à plus court terme en attendant que l’école soit construite.
Certaines situations ne peuvent pas continuer, comme les élèves de 7e et 8e années qui sont dans la classe d’art, un environnement qui n’est pas propice à leur réussite.
Sylvie Painchaud a aussi soulevé un autre point : plusieurs personnes ont l’impression que la Commission scolaire attend le jugement de la Cour suprême plutôt que de négocier. À cela, Ludovic Gouaillier a répondu : « C’est plutôt le procès qui n’attend pas après nous. Ça va arriver et ça va avoir un impact majeur. On a deux outils dans une situation comme la nôtre : la diplomatie et le recours judiciaire. On travaille sur les deux aspects. Mais il faut rappeler que le gouvernement n’a jamais engagé d’argent. Patrimoine canadien non plus. »
Sur les services que la communauté voudrait voir dans un centre scolaire communautaire, il n’y a pas consensus, sinon sur l’importance d’avoir des services de santé et une salle de spectacle qui pourrait recevoir 200 à 250 personnes, un manque à Whitehorse et pas uniquement pour la communauté francophone. Isabelle Salesse croit également qu’il faudrait une salle de formation avec vidéoconférence accessible aux adultes sans la lourdeur administrative actuelle. Pour ce qui est de la bibliothèque, un élément soulevé régulièrement lors des consultations, certaines réserves ont été émises. Il y a déjà ce service par le Centre de la francophonie et même par la Bibliothèque de Whitehorse qui a des sections de livres en français et qui, à l’heure actuelle, ne dépense pas tout son budget en livres francophones, car il ne reçoit pas assez de suggestions.