Pierre-Luc Lafrance
Le 12 juin, Ben Sanders lançait officiellement sa campagne. Son objectif : l’investiture du Parti libéral au Yukon le 4 octobre prochain et, éventuellement, représenter le Yukon à la Chambre des communes. Parfaitement bilingue, M. Sanders a répondu à nos questions en français.
Originaire du Manitoba, Ben Sanders a habité à plusieurs endroits au Canada et même en Europe (en France, notamment). « Ça m’a permis de développer toute une gamme d’expériences ». Il a posé ses pénates au Yukon depuis un an où il travaille au gouvernement territorial en développement des nouvelles technologies. « Je ne crois pas que la question soit de savoir depuis combien de temps je suis ici, mais ce que j’ai fait depuis mon arrivée. J’ai choisi de m’installer au Yukon, je me suis acheté une maison pour la première fois de ma vie et je veux m’impliquer. Je crois que je peux contribuer et, à ce stade de ma vie, je crois que le meilleur moyen de m’impliquer et d’utiliser ce que j’ai à offrir, c’est de passer par la politique. »
Déjà, il s’est joint au conseil d’administration de deux organismes : BYTE et Potluck Food Co-op. Il a aussi commencé à s’impliquer dans Yukonstruction.
M. Sanders n’est pas étranger au monde de la politique. « J’ai été page pendant un an à la Chambre des communes. J’ai vécu de façon viscérale le monde de la politique au quotidien. J’avais beaucoup d’idéaux et j’étais prêt à voir le Canada en action. J’ai été déçu de voir que le processus était si lent et qu’il y avait beaucoup de paroles et peu d’actions. Quand je suis parti, je ne voyais pas comment je pourrais aider les choses. »
Dix ans après avoir quitté la Chambre des communes, il se sent prêt à revenir dans ce milieu. « Je suis au courant que c’est difficile de changer les choses dans le système, car je l’ai vécu de l’intérieur. Mais je crois qu’il faut changer d’approche : écouter davantage, créer des collaborations pour passer de nouvelles idées. »
Faire de la politique autrement
Ben Sanders se propose donc d’adopter une approche différente de la politique. « Un grand nombre de personnes apprennent mieux visuellement, mais il y a peu de visuels en politique. Moi, je veux créer des vidéos ou des infographies pour mieux communiquer mes idées. Je me dis que si la population comprend mieux les raisons qui justifient les décisions, ils auront moins peur du changement. »
L’investiture du Parti libéral aura lieu le 4 octobre. D’ici là, Ben Sanders espère convaincre le plus grand nombre de personnes de devenir membres et de s’impliquer dans le parti, puisque seuls les membres ont droit de vote. « Pour moi, ce n’est pas une course contre Larry Bagnell ou les autres candidats qui pourraient se présenter. Je crois que c’est plutôt l’occasion de présenter nos idées et de construire un nouveau type de politique, plus transparent, plus collaboratif, plus inclusif. »
Cinq priorités
Dans un premier temps, Ben Sanders veut travailler sur cinq priorités. La première est la réforme électorale pour, entre autres, introduire le vote classé. Le principe est le suivant : les électeurs pourront classer leurs choix en ordre de préférence. Si après le premier tour, il n’y a pas de majorité, on va redistribuer les votes du dernier choix selon la priorité de ceux qui ont voté, jusqu’à ce qu’un candidat atteigne la majorité. « C’est un système qu’on retrouve à différents endroits dans le monde, particulièrement en Europe. Cela permet d’éliminer le problème des votes divisés. » D’ailleurs, pour bien illustrer ce principe, M. Sanders a eu recours à un vote classé lors du lancement de sa campagne pour établir l’ordre de ses priorités.
La deuxième priorité concerne les Premières nations. « Je ne suis pas un spécialiste du domaine, mais au Yukon, j’ai eu l’occasion de discuter avec des représentants des Premières nations et je crois qu’il faudrait mieux les écouter. En ce moment, le gouvernement ne respecte pas les ententes qui ont été prises. »
Sa troisième priorité : Internet. « On a au Yukon un problème de vitesse, de prix et de fiabilité. Cela limite le développement autant d’un point de vue scolaire que pour les entreprises. Je ne m’attends pas à ce que le Yukon soit le prochain Silicone Valley, mais si on pouvait développer de bonnes idées sur Internet, cela aurait un impact sur l’économie et cela diminuerait la pression sur les mines. »
La quatrième priorité concerne l’environnement et l’énergie. « Pour moi, les deux vont ensemble. Je suis en contact avec des gens de Facebook et de Google. En ce moment, Google produit des cerfs-volants pour produire de l’électricité éolienne. Ça utilise 80 % moins de matières que le modèle éolien traditionnel. Je ne sais pas si l’idée est parfaite, mais il y a un problème d’énergie ici et il faudrait explorer davantage pour trouver de nouvelles idées. »
Enfin, il estime que les entreprises sociales doivent être une priorité. « Il y a plus de 600 organismes au Yukon. C’est une indication que les gens sont impliqués. Mais aussi, les organismes font beaucoup avec très peu. Il faudrait trouver une façon de les soutenir davantage et cela viendrait toucher directement les services à la population. »
« Les gens veulent voir de l’action. C’est pour ça que je veux faire une campagne différente. Pas juste créer des macarons, mais expliquer des concepts comme le vote classé. Au lieu de parler de l’environnement, faire un jardin. Au lieu de parler de l’importance des organismes, faire une collecte de fonds pour les aider. Ce n’est plus le temps de parler de faire des choses, mais c’est le temps de bâtir, de construire. »
Cet été, Ben Sanders a choisi de prendre un congé sans solde afin de préparer sa campagne : « Je veux rencontrer les Yukonnais, voir quels sont leurs besoins et déterminer quelle sera la meilleure façon de les aider. »
On peut suivre la campagne sur le site Internet de Ben Sanders au www.bensanders.ca. « Le site est à 95 % en français. C’était important pour moi dès le début de m’afficher dans les deux langues officielles. Je crois que c’est important de pouvoir communiquer dans les deux langues en maîtrisant les nuances et subtilités de chaque langue afin de parler d’une voix forte à Ottawa. »