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le Mercredi 22 janvier 2014 11:03 Scène locale

Mine Casino : un projet titanesque

Pierre Chauvin

Le projet de mine d’or, d’argent et de cuivre Casino de 2,5 milliards de dollars déposé par Western Copper and Gold Corp. devant l’Office d’évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon (YESAB) est le plus gros projet minier déposé à ce jour au Yukon. S’il est approuvé, quelque 600 personnes travailleront sur place, pour extraire 120 000 tonnes de roches par jour, qui seront ensuite traitées pour récupérer les métaux précieux.

Chute des prix

Cependant, la volatilité des cours des métaux a durement royé (???) plusieurs mines au Yukon. La mine Bellekeno est fermée jusqu’au printemps 2014, en attendant que les prix remontent. Plus tôt cet été, 100 personnes avaient perdu leur emploi à la mine Wolverine, aussi à cause de la baisse des cours des métaux.

Mais le projet de mine Casino a été pensé avec cette réalité en tête, explique Paul West-Sells, président-directeur général de Western Copper and Gold Corp. « C’est un projet très robuste, économiquement parlant », dit-il. « Ce projet fonctionne bien avec une estimation conservatrice des prix des métaux, et même à des prix de 15 à 20 % inférieurs aux prix actuels », explique-t-il.

L’exploitation du minerai sera faite dans deux usines différentes, construites sur place. La première, semblable à la mine Minto, transformera le minerai en un concentré de cuivre qui sera ensuite envoyé à Skagway, puis envoyé par bateau pour sa transformation finale en Asie. Une deuxième usine transformera le minerai par lixiviation en tas — la technique plus ancienne qui aboutit aux lingots d’or et d’argent, comme le fait la mine Victoria Gold.

Énergie

La mine, pour être rentable, doit fonctionner 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7, indique Paul West-Sells, et aura donc besoin de douze camions de gaz naturel liquéfié (GNL) par jour.

La quantité d’énergie requise par la mine surpasse en effet la capacité de production de l’ensemble du réseau électrique yukonnais.

« Nous sommes très inquiets au sujet de ce projet », dit Lewis Rifkind, coordonnateur aux mines de la Yukon Conservation Society (YCS), et déplore le fait que les énergies renouvelables ne soient pas utilisées dans ce projet.

Les émissions de gaz à effets de serre vont « crever tous les plafonds », craint la YCS.

Paul West-Sells défend le choix du GNL : la compagnie a bien considéré des types d’énergie renouvelable avant de prendre sa décision.

« Nous nous sommes rendu compte que l’option la plus intelligente et avec l’empreinte carbone la moins importante, c’est le GNL », explique-t-il.

Lewis Rifkind note que, bien que les énergies renouvelables comme le vent ou le soleil ne soient pas disponibles en tout temps, elles peuvent être utilisées en plus du diesel ou du GNL, comme à la mine Diavik aux Territoires du Nord-Ouest. Une fois l’exploitation de la mine terminée, certaines infrastructures comme les turbines à vent ou les panneaux solaires peuvent être déplacées dans d’autres communautés.

La construction de la mine, qui se trouve à l’ouest de Pelly et au sud de la ville de Dawson, nécessitera aussi la construction de 132 km de routes. « Ces routes vont passer à travers un habitat naturel de caribous », explique Lewis Rifkind, qui craint qu’à cause de l’accès offert par la route, la mine Casino ne soit que le premier d’une longue liste de projets miniers, sans parler de la chasse et du tourisme rendus possibles.

« Ce n’est pas une bonne chose d’assumer automatiquement que l’exploitation minière est la première chose à faire et la meilleure utilisation des terres », déplore-t-il.

Mine de Faro

La YCS se dit aussi inquiète de ce qui arrivera après la fermeture de la mine, une fois sa durée de vie écoulée. Elle s’interroge sur la possibilité d’un scénario semblable à celui de la mine de Faro, où la compagnie a fait faillite et le gouvernement est responsable de la décontamination qui doit prendre plusieurs dizaines d’années.

Une fois la mine Casino fermée, la fosse de 600 m créée par l’extraction des métaux se remplira d’eau naturellement. La YCS s’inquiète de la possibilité que cette fosse déborde et disperse les déchets laissés autour de la fosse. « Le plan de fermeture ne semble pas avoir été bien pensé », dit Lewis Rifkind.

Paul West-Sells assure, quant à lui, que la compagnie s’est concentrée, entre autres choses, sur la façon de maintenir une bonne qualité d’eau durant et après l’exploitation de la mine.

YESAB

Le PDG de Western Copper and Gold Corp. estime qu’il faudra environ deux ans au projet avant d’être validé par YESAB. Il espère que la construction de la mine pourra démarrer en 2016, avec la production par livixiation en tas en 2017, et la production complète en 2019.

Selon les estimations de la compagnie, la mine rapportera 300 millions de dollars au produit intérieur brut du Yukon chaque année, et 3 milliards en impôts et redevances au terme des 22 ans de la durée de vie de la mine, aux gouvernements fédéral et territorial.

Pour plus d’information sur le projet de mine Casino, visitez le registre de YESAB sur yesab.tzo.com.