Pierre Chauvin
Une décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) le 18 décembre dernier demandant à Northwestel de justifier ses tarifs d’accès à Internet ouvre la porte à une possible baisse des prix pour les usagers.
Dans sa décision, qui ne concerne que les services Internet de détail par voie terrestre, le CRTC note que « les services Internet de détail par voie terrestre de Northwestel ne sont plus soumis à une concurrence suffisante pour protéger les intérêts des utilisateurs de ces services et qu’il n’est plus justifié de s’abstenir de les réglementer. »
Il ordonne donc à la compagnie de lui faire parvenir ses tarifs d’ici le 4 février prochain et les études détaillant les coûts liés à ces services d’ici le 6 mars.
« Le CRTC a le pouvoir d’ajuster les tarifs », rappelle John Macri, directeur de la politique aux télécommunications du CRTC, qui explique que le conseil va d’abord analyser les documents soumis par Northwestel.
« Le but évidemment c’est d’améliorer les services pour les consommateurs ».
Par ailleurs, le conseil demande à la compagnie de réviser son plan de modernisation de 233 millions de dollars avant le 31 mars 2014. Le plan qui prévoyait, entre autres, de déployer la connectivité 4G dans certaines communautés et d’améliorer l’accès à Internet haute vitesse pour une majorité de communautés n’investit pas suffisamment dans les « infrastructures de transport » selon le conseil.
Or, note le CRTC, « ces investissements sont nécessaires pour permettre le développement économique » et l’accès à de nombreux services dans le Nord.
« Northwestel est content que le CRTC soutienne le plan de modernisation », a fait savoir un porte-parole de la compagnie. « Nous allons continuer de nous concentrer, comme nous l’avons fait en 2013, sur la possibilité de fournir plus de services de communications avancés à nos clients dans le Nord. »
Interrogée sur une possible baisse des prix, la compagnie se montre prudente en disant que l’impact du CRTC sur les prix pour ses services Internet n’est pas encore « clair ».
« Il est important que les prix reflètent à la fois les coûts à la fourniture du service et au besoin de continuer à investir pour améliorer les services. »
Dans une entrevue accordée au Whitehorse Star, le président de Northwestel Paul Flaherty a cependant indiqué avoir quelques réserves au sujet de cette décision, s’inquiétant notamment qu’une baisse des prix pourrait limiter les fonds disponibles pour de futurs investissements du réseau.
Dans sa décision, le CRTC a aussi annoncé qu’il étudiera les services Internet par satellite, qui demeurent très chers, et qu’il cherchera à établir « un mécanisme pour financer les investissements dans les installations de transport situées dans le territoire d’exploitation de Northwestel. »
De nombreuses régions éloignées au Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut utilisent Internet par satellite.
Par ailleurs, le CRTC dit toujours étudier comment des compagnies comme Arctic Fiber, qui compte poser un câble sous-marin de fibre optique de Londres à Tokyo en passant par le Nunavut dans les eaux arctiques canadiennes, pourraient offrir des services dans les territoires et ainsi stimuler la concurrence.
Pour sa part, Northwestel a dit s’être renseigné auprès d’Arctic Fibre, mais n’est pas impliqué dans le projet ou lié à cette compagnie.