Thibaut Rondel
Les inconditionnels du Mont Sima peuvent maintenant respirer : leur chère station de sports d’hiver ouvrira bel et bien ses portes à partir du 20 décembre prochain, pour une période d’exploitation de 68 jours.
Tel est le résultat du soutien sans faille apporté par la communauté yukonnaise, représentée par le groupe Les Amis du Mont Sima. L’organisme présidé par Laurie Henderson a annoncé la bonne nouvelle le 22 octobre dernier, à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Sports Yukon.
« Il n’y a aucun doute, aucun doute dans mon esprit, que nous n’aurions pas pu réaliser cela sans le soutien significatif de la communauté de Whitehorse », a déclaré Mme Henderson. « Depuis 30 ans que je vis ici, je n’ai jamais vu quelque chose de semblable, et je suis très fière d’en faire partie. »
500 000 dollars en banque
Les Amis du Mont Sima ont annoncé que près de 500 000 dollars avaient d’ores et déjà été collectés en vue de financer la station de ski pour la saison d’hiver. La somme représente environ déjà 50 % du budget total nécessaire au bon fonctionnement de la station, une proportion remarquable pour une entreprise de ce type, explique-t-on au sein du groupe de soutien.
Cette rentrée d’argent a été rendue possible grâce aux 500 billets saisonniers vendus en avance à la clientèle. Plus de 800 promesses d’achat de forfaits avaient au total été enregistrées.
Les clubs de sport Snowboard Yukon, Alpine Ski Association et Freestyle Ski Association ont quant à eux postulé auprès du fonds du patrimoine des Jeux d’hiver de l’Arctique et espèrent obtenir 20 000 dollars chacun, qu’ils se sont engagés à reverser au Mont Sima. Softball Yukon a pour sa part apporté un soutien financier de 70 000 dollars (dont 50 000 dollars de crédit-relais), et le gouvernement du Yukon a annoncé fournir une aide du même montant.
La jeunesse savoure
Pour les jeunes athlètes de Whitehorse, la nouvelle a été perçue comme un cadeau de Noël avant l’heure. La station est en effet très prisée par la jeunesse qui y pratique notamment le snowboard ou le ski acrobatique. Pour certains, comme Étienne Geoffroy-Gagnon, la fermeture du centre aurait été synonyme de grosses complications, mais surtout de rêve brisé.
« Quand j’ai entendu que la Ville de Whitehorse allait fermer le Mont Sima, j’étais dévasté, je ne savais pas ce que j’allais faire et comment j’allais m’entraîner », explique le jeune skieur acrobatique de 16 ans. « J’y vais chaque fin de semaine depuis l’âge de 9 ans. C’est pas mal mon week-end, et si je n’avais pas le Mont Sima, je ne sais pas ce que je ferais de mon hiver malheureux », explique-t-il.
Étienne Geoffroy-Gagnon participe à de nombreuses compétitions au Sud, où il obtient régulièrement de très bons résultats. Si le Mont Sima n’avait pu ouvrir ses portes cet hiver, le jeune homme aurait dû envisager d’aller s’entraîner en Colombie-Britannique.
« Je crois que je serais allé m’entraîner une fois par mois à Vancouver, mais honnêtement, je ne sais vraiment pas ce que ça aurait donné », raconte-t-il. « En tout cas, ça aurait définitivement fait baisser le niveau dans lequel je suis actuellement. Maintenant, je vais m’entraîner super fort pour les Jeux du Canada de l’année prochaine, et essayer d’arriver sur le podium aux championnats nationaux juniors », lance-t-il.
Haut niveau assuré
Pour sa mère, la nouvelle est également un grand soulagement.
« Pour moi, c’est une excellente nouvelle. Les enfants vont pouvoir retourner skier cet hiver et auront quelque chose d’actif à faire. Je suis très contente de voir que le pouvoir de la communauté a permis de sauver le Mont Sima », confie Sylvie Geoffroy. « Si la station avait fermé, il aurait fallu que je leur paye des stages dans le Sud ou dans d’autres stations, ce qui aurait coûté très cher. C’était d’ailleurs un de nos arguments : quand le Mont Sima est ouvert, l’argent reste ici, sinon, il est dépensé à l’extérieur. »
Mme Geoffroy se félicite également que les efforts déployés par son fils au fil des ans n’ont pas été bêtement gâchés par une fermeture de la station.
« Étienne a du potentiel en ski acrobatique et a reçu une bourse du gouvernement pour l’aider à participer aux compétitions », indique-t-elle. « Si le Mont Sima avait fermé, tout ce potentiel serait tombé à l’eau, et je ne pense pas que des entraînements au Sud auraient suffi. Il faut savoir que lorsque nos athlètes vont dans le Sud, ils impressionnent beaucoup les autres équipes, parce qu’ils ont un esprit d’ouverture, un esprit sympathique, mais aussi parce qu’ils ont la chance de pouvoir s’entraîner tous les week-ends au Mont Sima. C’est un gros avantage. »