Le 1er octobre prochain, le Parti Néo-démocrate du Yukon (NDP) tiendra une réunion publique sur le thème des services en français au Centre de la francophonie de Whitehorse.
À l’occasion de cette table ronde animée en français, trois intervenantes échangeront avec le public sur les thèmes de la francophonie, des femmes et de l’environnement : Élaine Michaud, députée fédérale du NPD et ancienne membre du Comité permanent des langues officielles; Kate White, députée bilingue de Takhini-Kopper King et critique néo-démocrate de la Direction des services en français (DSF) et de la Direction de la condition féminine (DCF); et Julie Ménard, analyste du marketing social à la DCF et bénévole chez les EssentiElles.
Cette réunion de consultation doit permettre au parti d’opposition officielle de recueillir les commentaires et les idées des membres de la communauté franco-yukonnaise sur trois enjeux ciblés par le NDP comme étant « au cœur de la francophonie ». Si les discussions se révèlent fructueuses, la députée White pourrait alors porter certaines des préoccupations soulevées devant l’Assemblée législative du Yukon.
La communauté doit s’engager
« Il y a l’idée d’entamer une discussion ensemble et de poser des questions », explique Kate White. « Je peux bien sûr participer aux réunions de l’Association franco-yukonnaise et deviner les enjeux, mais je ne suis pas francophone et j’ai besoin que la communauté me donne des directions à suivre. J’espère donc que beaucoup de gens viendront avec des idées. »
Devant le manque de rigueur du gouvernement du Yukon dans la mise en œuvre de la Loi sur les langues du Yukon qui place le français à égalité avec l’anglais, la députée White souhaite sensibiliser la communauté francophone à l’engagement citoyen qui, selon elle, lui incombe.
« Les choses que le gouvernement planifie ne sont pas souvent communiquées en français, et je pense [qu’à cause de cela] les francophones n’ont pour le moment pas assez participé », affirme la députée. « Je crois que si un plus grand pourcentage de la population francophone commençait à écrire des lettres en français au gouvernement, ce serait d’un grand effet. Si nous voulons que la scène politique change, il faut que les francophones s’engagent aussi ou qu’ils se présentent aux élections. »
Un bon point pour la santé
Kate White reconnaît néanmoins les efforts actuellement déployés par le gouvernement territorial en matière de services en français, ainsi que la nécessité de « choisir ses batailles ». 289 000 $ ont été alloués le 1er avril dernier à la mise en œuvre de trois projets pilotes visant à améliorer la qualité des services en français dans le secteur de la santé et des services sociaux.
« Un francophone qui se rend à l’hôpital devrait pouvoir rencontrer quelqu’un pouvant lui expliquer ce qui ne va pas, dans sa langue », affirme-t-elle. « Je suis donc très fière de la mise en place de ces projets pilotes, car je ne suis pas certaine que cela serait arrivé sans pression publique. »
Informer Ottawa
La députée fédérale de Portneuf-Jacques-Cartier, Élaine Michaud, souhaite quant à elle mettre à profit sa participation à la table ronde pour approfondir ses connaissances sur les enjeux touchant la Franco-Yukonnie. Nouveau porte-parole adjoint en matière de défense nationale, Mme Michaud a dû récemment quitter ses fonctions de membre du Comité permanent des langues officielles. Elle garde cependant l’œil ouvert sur le dossier.
« La francophonie hors Québec est un enjeu qui m’a toujours passionnée et cela ne changera pas, même si j’ai changé de comité », affirme Élaine Michaud. « Yvon Gaudin [NDLR : porte-parole du NPD en matière de langues officielles] est déjà au courant de ma visite au Yukon et a très hâte d’entendre parler des enjeux qui vont ressortir du panel de discussion. »
Risque de blocage
De là à porter la cause de la communauté francophone du Yukon et des autres communautés linguistiques minoritaires devant le parlement canadien, rien n’est moins sûr, puisque le gouvernement conservateur possède la majorité des sièges au Comité permanent des langues officielles.
« Nous savons qu’une des priorités touche la santé et la petite enfance, et nous voulons nous assurer à travers nos interventions auprès du gouvernement fédéral que les fonds nécessaires seront alloués aux communautés pour leur permettre d’assurer leur plein développement », explique la députée. « Bien entendu, si la volonté politique du gouvernement n’y est pas, l’étude n’aura pas lieu. »
Dans le cadre de sa visite au Yukon, Élaine Michaud assistera également à l’Assemblée générale annuelle de l’Association franco-yukonnaise qui se tiendra ce samedi au Centre de la francophonie.