Alicia Logie était de passage au territoire du 13 au 15 août derniers pour présenter aux enseignants yukonnais le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR).
Invitée par le ministère de l’Éducation du Yukon, Mme Logie est conseillère pédagogique pour le conseil scolaire de Surrey, près de Vancouver, et siège également au comité exécutif de l’Association canadienne des professeurs d’immersion.
Harmoniser les pratiques
Le CECR, explique-t-elle, vise en substance à harmoniser la façon d’évaluer le niveau de langue des élèves. Au Yukon comme en Colombie-Britannique, leur capacité à communiquer en français sera donc dorénavant jugée selon les critères d’une grille d’évaluation universelle, composée de six niveaux de compétence : A1 – débutant –, puis A2, B1, B2, C1 et C2, les deux derniers niveaux faisant référence à un apprentissage plus universitaire que scolaire.
« Pour chaque niveau, on parle de la compréhension et de l’expression écrites et orales », explique Mme Logie. « C’est vraiment fonctionnel et je pense que ça décrit un peu mieux ce que les gens sont capables de faire avec leur français, au lieu de simplement dire “j’ai eu une note à un examen”. »
Des compétences concrètes
De façon plus concrète, au chapitre de la lecture par exemple, un élève de niveau A2 devrait, selon la grille de référence, pouvoir « trouver une information particulière prévisible dans des documents courants comme les petites publicités, les prospectus, les menus ou les horaires ». Si l’expression orale constitue le point fort de ce même élève, et qu’il se révèle capable de « raconter une histoire ou l’intrigue d’un livre ou d’un film et [d’] exprimer [ses] réactions », alors il héritera d’un niveau B1 dans ce domaine.
« Les descripteurs du cadre sont assez larges pour s’adresser à tout le monde, élèves, étudiants d’université ou professionnels, mais les sujets des examens correspondent bien entendu à ces différents publics », précise Mme Logie.
Suivre les progrès
Avant l’adoption de ce cadre commun qui entrera en vigueur au mois de septembre dans les programmes d’immersion française en Colombie-Britannique et au Yukon – le territoire calque ses programmes de français langue seconde sur ceux de la province –, aucun standard n’existait et les élèves étaient ainsi évalués selon les attentes des enseignants, des différentes provinces, et pour chacun des programmes (immersion, français intensif ou français de base).
« Le fait de parler le même langage va maintenant aider les enseignants à cibler les progrès des élèves de manière harmonieuse, et à équilibrer un peu plus l’écrit, l’oral et la lecture, indépendamment des programmes », assure Alicia Logie. « Comme la grille est bilingue, les parents pourront également suivre les progrès de leurs enfants, et c’est également motivant pour les élèves qui peuvent voir les prochaines étapes à atteindre et ce qu’ils doivent cibler pour s’améliorer. Ça les laissera responsables de leur propre progrès! »
Importante écoute
Une dizaine d’enseignants d’immersion ont assisté à la présentation offerte par Mme Logie à l’école secondaire Porter Creek, le 14 août dernier. Les participants ont réfléchi ensemble aux conséquences d’un tel changement sur l’approche pédagogique et les activités en classe.
« Quelque chose que nous pourrions cibler un peu plus pourrait être l’écoute », explique Mme Logie. « On parle bien sûr en classe, mais d’une manière générale, nous avons tendance à ne pas trop écouter d’autres documents-supports, comme des chansons, des reportages ou des émissions de radio. Il faut trouver des idées pour les enfants. »
Le Cadre européen commun de référence pour les langues a été recommandé en 2008 par le conseil des ministres de l’Éducation du Canada comme base d’encadrement pour les programmes d’études de langue seconde.
La Colombie-Britannique a été la première province à baser son programme d’étude sur ce document d’évaluation. L’Ontario est également sur la voie de son adoption, comme les provinces des Maritimes, et les universités commencent à l’utiliser dans le cadre de leurs processus d’admission.