Une vingtaine de personnes s’étaient donné rendez-vous le mardi 7 mai au Centre communautaire du lac Marsh, à l’occasion d’une rencontre organisée par le groupe WildWise Yukon.
Mise sur pied en novembre dernier, cette nouvelle organisation communautaire de protection de la faune s’est donné l’objectif de sensibiliser la population aux moyens de réduire le nombre de conflits entre les humains et les animaux sauvages.
Les cinq bénévoles de WildWise Yukon ont pour principale préoccupation de sensibiliser les gens au stockage des produits susceptibles d’attirer la faune, et tout particulièrement les ours. L’année passée, 21 d’entre eux ont en effet dû être abattus au Yukon, après avoir consommé de la nourriture humaine ou avoir été en contact avec une substance attractive.
« La première chose que vous devez savoir, c’est que tout ce qui importe à l’ours, d’à peu près maintenant jusqu’à la fin octobre, c’est la nourriture », affirme l’agent de protection de la faune Dave Bakica. « Il peut y avoir un court moment de relâche pendant la période des amours, mais le reste du temps, c’est tout ce qui les motive. »
Un odorat exceptionnel
Invité par WildWise Yukon à animer une présentation de sensibilisation aux dangers des attractifs, Dave Bakica est venu partager son expérience des plantigrades, acquise tout au long de ses 23 ans de carrière.
Photos à l’appui, l’agent de protection de la faune a montré à l’assistance de nombreux exemples de dégâts causés par les ours au territoire. Cabines dévastées, portes de garage ou remorques défoncées, les images-chocs ont suscité quelques rires discrets, mais aussi beaucoup d’intérêt, surtout quand l’on sait qu’un petit tas de graines pour oiseaux, un barbecue mal gratté ou un paquet de croustilles vide peuvent être repérés à des kilomètres à la ronde par l’odorat d’un ours au ventre creux.
« S’ils parviennent à obtenir de la nourriture sans conséquence négative, ils reviendront sans aucun doute, et il deviendra de plus en plus difficile de les repousser », assure Dave Bakica.
Place à la répression
M. Bakica a une nouvelle fois insisté sur le fait de bien conditionner ses aliments, mais aussi ses déchets, son compost ou toute autre source susceptible d’attirer la faune. Mais après plusieurs années passées à mettre l’accent sur l’éducation, le gouvernement du Yukon va désormais se montrer plus sévère. Le nombre important d’ours ayant dû être abattus en 2012 justifie ce changement de politique. « Chaque fois qu’un ours, un loup, un coyote ou un renard – ce que nous classons comme faune dangereuse – parviendra à atteindre une quelconque source de nourriture humaine, nous pourrons donner ce qui s’appelle une ordonnance de protection contre un animal sauvage dangereux », explique Dave Bakica. Cette mesure – inscrite dans la Loi sur la faune du Yukon – obligera le propriétaire ou la personne responsable du lieu de contenir, déplacer, ou enlever l’attractif dans un délai indiqué dans l’ordonnance. Une sécurisation des lieux peut également être ordonnée. « Nous sommes arrivés au point de répression, et si les gens ne font pas ce qui a été demandé, nous pourrons revenir pour mettre une amende », affirme-t-il.
Trois rendez-vous
L’intervention de M. Bakica a été suivie d’une présentation assurée par Mme Shelley Marshall, technicienne de la faune au ministère de l’Environnement. Mme Marshall a présenté une étude sur les caractéristiques et le comportement des ours.
La rencontre organisée au lac Marsh succédait à celle tenue le 1er mai au Centre communautaire de Mount Lorne. Une troisième rencontre s’est tenue le 8 mai à Tagish.
Financé par un fonds de développement communautaire du gouvernement du Yukon de 13 300 $ et chapeauté par le Centre for Human-Wildlife Conflit Solutions, WildWise Yukon travaille en partenariat avec le ministère de l’Environnement en matière d’éducation. Le groupe est déjà présent sur Facebook et un site Internet est en cours de construction.