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le Jeudi 24 mars 2022 5:00 Santé

Le recrutement des sages-femmes au Yukon toujours en cours

De toutes les provinces et de tous les territoires du Canada, le Yukon a été l’avant-dernier à légiférer la profession de sage-femme. Le 15 avril 2021, la nouvelle réglementation est finalement entrée en vigueur, mais un an plus tard, le programme n’a toujours pas débuté en raison d’un problème de recrutement.

Les sages-femmes sont des professionnelles de la santé qui offrent des soins pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale.

Au Yukon, jusqu’à la mise en place du nouveau code de déontologie des sages-femmes en avril 2021, les mères pouvaient choisir d’accoucher à l’hôpital de Whitehorse avec l’équipe médicale en place ou bien chez elles grâce aux soins privés d’une sage-femme (ou d’un sage homme). La dernière option permettait aux personnes enceintes habitant à l’extérieur de la capitale d’éviter de se déplacer. Néanmoins, les frais de ce service pouvaient être onéreux et n’étaient pas pris en charge par le système de santé du territoire.

Une nouvelle réglementation attendue

Plusieurs consultations ont eu lieu afin de mettre en place la nouvelle réglementation et d’offrir aux Yukonnais et Yukonnaises un service de sages-femmes gratuit, intégré au système de santé du territoire avec un accès à l’ensemble du corps médical, à l’Hôpital général de Whitehorse.

Pour Elizabeth Morrison, recrutée par le gouvernement en novembre 2020 à la coordination de ce nouveau programme, l’important est de garantir la qualité du services. « Notre objectif est d’offrir le même service que dans les autres provinces, avec un haut niveau de soins », précise la consultante.

Une transition qui traîne en longueur

La réglementation de la profession a été chaudement accueillie par les sages-femmes et les familles au Yukon, partage Jeszica Mae, membre du conseil d’administration de l’Association yukonnaise pour les choix de naissances (YA4BC), anciennement l’Association du Yukon des sages-femmes communautaires.

Toutefois, certains problèmes subsistent, déplore-t-iel. « Le Yukon est le seul endroit au pays où il faut avoir cumulé un an d’expérience à l’extérieur du territoire pour être sage-femme, à la différence des médecins. Cela pose de véritables problèmes de recrutement. »

Christina Kaiser, sage-femme au Yukon depuis plus de 20 ans, a dû quitter le territoire l’année dernière pour exercer en Colombie-Britannique, puisqu’elle ne satisfaisait pas ce critère d’un an de pratique hors du Yukon.

« J’ai dû fermer mon cabinet et mon statut de sage-femme privée est devenu illégal ici bien que je puisse travailler sans aucun problème en Colombie-Britannique », témoigne la spécialiste. Je veux exercer au Yukon, c’est là où j’habite et je suis satisfaite de ce nouveau règlement, mais je suis convaincue que de demander aux sages-femmes du Yukon d’aller travailler ailleurs est une grave erreur pour le territoire. »

La professionnelle estime qu’il sera plus difficile d’inciter les spécialistes de la santé à devenir sages-femmes, et qu’il reste compliqué d’attirer des personnes qualifiées du reste du pays en raison d’un salaire moins compétitif.

Jusqu’à présent, le gouvernement a pu embaucher une sage-femme sur les quatre postes ouverts. Puisqu’il faut au minimum deux personnes pour débuter le programme, celui-ci reste donc sur la glace pour l’instant.

« La mise en place de cette nouvelle mesure prend plus de temps que prévu, principalement en raison du virus et à cause de la forte demande pour les sages-femmes à travers le Canada », commente Elizabeth Morrison.

Une forte demande des personnes enceintes du Yukon

Pour la sage-femme Christina Kaiser, il n’y aurait pas dû avoir de période de transition. Le gouvernement aurait dû conserver l’ancien système jusqu’au recrutement de deux sages-femmes. « Je reçois des demandes de particuliers du Yukon chaque semaine pour mes services. J’espère que quelqu’un va postuler le plus vite possible pour que le programme puisse démarrer. »

Le programme régulant le métier de sage-femme au Yukon se consacre à la juridiction de Whitehorse. Pour YA4BC, l’objectif est d’étendre les services à Watson Lake et Dawson. « Nous voulons faciliter l’accouchement des personnes enceintes, que ce soit avec des sages-femmes ou bien à l’hôpital, afin d’améliorer les services et offrir davantage de choix, notamment aux gens issus des communautés défavorisées », développe Rosemary Oslund, co-présidente de l’association depuis la dernière assemblée générale du 22 février dernier.

L’accouchement en français pas encore à l’ordre du jour

Elizabeth Morrison admet l’envie de recruter une sage-femme francophone par le gouvernement, mais ce recrutement semble incertain.

« La langue est un élément important, explique Rosemary Oslund. Parler dans sa langue natale lors d’un accouchement enlève beaucoup de stress et permet de communiquer clairement. Ce serait bien d’avoir une sage-femme bilingue, mais ce n’est pas un critère de sélection sur l’offre d’emploi du gouvernement. Après quatre publications de l’annonce, le recrutement reste difficile. »