Selon Brian Conway, président du RésoSanté Colombie-Britannique, l’offre et la demande en matière de soins de santé constituent un grand enjeu en milieu minoritaire. Dans la province qu’il représente, il estime que de nombreux francophones ne savent même pas qu’il existe des services de santé dans leur langue maternelle.
En effet, d’après les données les plus récentes (2016) de Statistique Canada, seulement 0,8 % des professionnels de la santé parlent régulièrement français dans le cadre de leur pratique. Les francophones ont ainsi tendance à consulter des praticiens anglophones. « S’il y avait des services en français très développés, très disponibles et bien identifiés, il y aurait beaucoup plus de personnes qui les utiliseraient », mentionne M. Conway.
On observe la même situation en Saskatchewan où aussi seulement 0,8 % des professionnels de la santé utilisaient le français dans le cadre de leur travail en 2016 (Statistique Canada). Pour obtenir des services de santé, « les francophones n’ont [donc] pas le choix que de se tourner vers les anglophones », selon Frédérique Baudemont, directrice générale du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS).
Si, toujours selon les données de 2016 de Statistique Canada, 5,4 % des travailleurs de la santé étaient tout de même capables de s’exprimer en français dans cette province, ils pratiquaient pour la plupart leur profession dans la langue de Shakespeare.
Trouver des professionnels de la santé francophones peut d’ailleurs relever d’un hasard, comme le souligne Frédérique Baudemont. Ayant elle-même besoin de soins de santé, cette dernière a rencontré un professionnel de la santé qui ne s’était pas exprimé en français depuis une quinzaine d’années.
Le défi des milieux ruraux
En Alberta, Paul Denis, directeur général du Réseau santé Alberta (RSA), indique que les professionnels de la santé francophones qui pratiquent dans les zones rurales n’ont pas ou peu de relève, car « plusieurs médecins prennent leur retraite » et très peu de jeunes viennent s’y installer, préférant les grands centres urbains.
Malgré tout, la difficulté d’offrir des services de santé en français est aussi présente dans les grandes villes. Entre 2015 et 2018, une clinique francophone a été ouverte à Calgary. Malheureusement, le projet s’est terminé abruptement en raison d’un personnel démissionnaire et d’une incapacité à recruter de nouveaux employés. De plus, son achalandage n’était pas suffisant et les difficultés financières sont apparues. Il est à noter que le financement de Santé Canada dont la clinique avait bénéficié au moment de son ouverture n’avait pas été renouvelé par la suite.
Du côté du Yukon, les difficultés ont aussi un caractère humain. Faute de n’avoir aucun programme de formation en soins de santé ou en médecine offert sur le territoire, le poste de la masse salariale est incompréhensible. Sandra St-Laurent, directrice du Partenariat communauté en santé, évoque de nombreuses difficultés à l’embauche : « Nous devons aller chercher de la main-d’œuvre bilingue à l’extérieur de la province, alors le recrutement est un enjeu. »
Main dans la main
Les réseaux de santé de l’Ouest aident les membres des communautés francophones dans leurs recherches de soins de santé en français. Ils proposent tous sur leur site Web un répertoire continuellement actualisé des professionnels francophones.
Brian Conway confirme que si les organismes de la santé en français de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique ne tenaient pas de répertoires, les professionnels francophones resteraient invisibles pour la majorité, et ce pour la simple et bonne raison que leur ministère de la Santé respectif ne les a toujours pas inscrits dans le répertoire provincial. Une situation qui semble néanmoins évoluer puisque les réseaux santé ont commencé à travailler de pair dans un objectif commun de visibilité des soins de santé en français.
Sandra St-Laurent mentionne quant à elle que la collaboration entre les réseaux santé est une grande force puisque ceux-ci vivent des défis similaires. Dans l’adversité, « on est là pour échanger les meilleures pratiques et s’entraider quand c’est le temps de les mettre en œuvre pour mieux desservir notre communauté ».
IJL – Réseau.Presse
Le Franco