le Lundi 17 février 2025
le Jeudi 23 janvier 2025 7:54 Politique

Démission de Justin Trudeau : quel héritage, vu du Yukon?

  Photo : Archives A.B.
Photo : Archives A.B.
Après neuf années passées à titre de premier ministre, Justin Trudeau a annoncé le 6 janvier dernier sa démission comme premier ministre du Canada et chef du Parti libéral. Que retient la communauté francophone du Yukon de ce mandat?

Pour Isabelle Salesse, directrice générale de l’AFY, « bien que le bilan de M. Trudeau ne soit pas parfait, notamment en ce qui concerne l’application de plusieurs engagements, il demeure globalement positif et marquera un tournant dans le soutien à la dualité linguistique canadienne. »

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Pour Isabelle Salesse, directrice générale de l’Association franco-yukonnaise (AFY), « le gouvernement Trudeau a augmenté les cibles d’immigration francophone et a mis en place une politique fédérale visant à soutenir l’immigration en français. On a pu constater aussi que les nominations de nombreux francophones et personnes acadiennes au Sénat ont renforcé la représentation des communautés francophones dans les institutions politiques du pays. »

« Au Yukon, c’est également sous le gouvernement Trudeau qu’il y a eu une augmentation considérable des investissements fédéraux dans l’entente sur les services en français avec le gouvernement du Yukon qui a permis de développer certaines initiatives importantes, comme le Centre de santé bilingue », ajoute-t-elle.

« On retiendra également les transferts du fédéral vers le territoire, entre autres, pour les services de garderie qui ont permis de réduire considérablement les coûts pour les parents et d’offrir de meilleures conditions de travail sur du long terme pour les personnes travaillant en garderie, notamment pour les garderies francophones », dit-elle.

Jean-Sébastien Blais, président de la CSFY, retient principalement deux points : la refonte de la Loi sur les langues officielles qui a été « un pas majeur » et le recensement de 2021 qui dénombre les ayants droit au Yukon.

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Jean-Sébastien Blais, président de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), retient la réalisation du recensement de 2021 dénombrant les ayants droit. « Sous M. Trudeau, c’était la première fois que le recensement pouvait nous permettre d’avoir l’heure juste, une image fiable sur les données probantes d’où sont nos ayants droit au Yukon. »

Loi sur les langues officielles

Selon Jean-Sébastien Blais, la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023 est en mesure de mieux servir la pérennité des communautés francophones au Canada et donc de la communauté francophone du Yukon. « On veut être des établissements scolaires accueillants pour celles et ceux qui vivent en langue française ici, au Yukon. »

« C’est sûr que, pour nous, on voit l’avenir de la communauté comme étant lié à l’immigration. Donc, la [modernisation de la] Loi [sur les langues officielles], c’est vraiment un grand legs que M. Trudeau a offert à la francophonie canadienne et aussi à la Commission scolaire francophone du Yukon dans un sens. On a un meilleur cadre par lequel on peut penser à l’avenir », partage-t-il.

Isabelle Salesse abonde dans le même sens. « Son gouvernement a mis en place des actions concrètes pour renforcer la vitalité de ces communautés, notamment par la modernisation et le renforcement de la Loi sur les langues officielles. Les Plans d’action fédéraux pour les langues officielles de 2018 et 2023 ont bénéficié de bonifications financières historiques, permettant des investissements cruciaux dans les secteurs de l’immigration, de l’éducation et des services communautaires en français. Bien que ce n’était pas suffisant, cela a quand même fait une différence sur le terrain, notamment au Yukon. »

Élodie Bernard, directrice des Essentielles, retient du mandat de Justin Trudeau l’acquisition du bâtiment de l’organisme rendu possible grâce aux financements des gouvernements fédéral et territorial.

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Selon Élodie Bernard, directrice des Essentielles, « l’engagement de Justin Trudeau pour renforcer le plan d’action pour les langues officielles et l’augmentation des investissements pour des projets francophones s’est concrétisé de manière tangible par l’accès à des fonds fédéraux pour l’acquisition de notre local à Whitehorse. »

« Ce soutien financier représente bien plus qu’un simple investissement immobilier. Il est un symbole de reconnaissance de notre rôle au sein de la communauté francophone et un tremplin pour assurer la pérennité de nos actions. Grâce à cet espace, nous pouvons mieux servir les femmes francophones du Yukon, organiser nos programmes, et créer un lieu de rassemblement inclusif et accueillant », dit-elle.

Prochaines élections

Jean-Sébastien Blais informe que la CSFY va participer, début février, à des activités de sensibilisation sur la Colline du Parlement. Ce sera l’occasion de rencontrer la nouvelle ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan.

« On va voir dans quelle mesure elle peut nous soutenir au niveau du financement accordé aux communautés et aux commissions scolaires en situation minoritaire », dit le président de la CSFY. « Et aussi, l’entente sur sa volonté de maintenir la méthode pour dénombrer les ayants droit. »

« Je pense qu’on veut toujours s’assurer d’avoir un bon partenaire à Ottawa », ajoute-t-il. « Donc, peu importe le parti qui sera élu, on espère seulement que le gouvernement fédéral continuera d’avoir une oreille attentive aux besoins des communautés francophones en situation minoritaire et des communautés éducatives. »

« L’AFY s’engage à collaborer avec le gouvernement fédéral, quelle que soit la personne qui remplacera le premier ministre Trudeau et espère que ce gouvernement poursuivra le travail amorcé pour soutenir le développement des communautés francophones en situation minoritaire », conclut Isabelle Salesse.

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