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le Jeudi 1 juin 2023 5:08 Politique

Angélique Bernard : la fin d’un mandat

Le 31 mai marquait le dernier jour du mandat d’Angélique Bernard en tant que 36e Commissaire du Yukon. Première francophone ayant tenu ce rôle, elle avait été nommée le 12 mars 2018. — Photo : Manon Touffet
Le 31 mai marquait le dernier jour du mandat d’Angélique Bernard en tant que 36e Commissaire du Yukon. Première francophone ayant tenu ce rôle, elle avait été nommée le 12 mars 2018.
Photo : Manon Touffet
Après cinq ans, le mandat de la commissaire du Yukon Angélique Bernard a pris fin le 31 mai dernier.

Ce texte est suivi d’une capsule « Lecture simple ».

Le 24 mai dernier, la Commissaire a tenu des portes ouvertes pour faire ses au-revoirs et permettre à la communauté, une fois encore, d’en savoir plus au sujet du rôle de commissaire. La cheffe du conseil des Ta’an Kwäch’än, Amanda Leas, lui a offert une oeuvre d’un artiste local comme remerciement de leurs années de collaboration.

Photo : Manon Touffet

Le 12 mars 2018, Angélique Bernard se voyait nommée 36e Commissaire du Yukon. 

Celle qui, dans le passé, a été la première employée de l’organisme les Essentielles en 1994 ou encore présidente de l’Association franco-yukonnaise de 2010 à 2017, a choisi de mener son quinquennat en respectant quatre piliers principaux : la famille; l’éducation; la créativité; la fierté civique, dans le but de cibler ses actions. Et c’est avec fierté qu’elle estime avoir réussi.

La première Franco-Yukonnaise en poste

Au début de son mandat, Mme Bernard s’est assurée de faire en sorte que les communications soient faites autant en anglais qu’en français. Elle a aussi demandé de rajouter les termes « Commissaire du Yukon » en français sur la porte de la maison Taylor. Elle a ainsi, peu à peu, rendu bilingue son poste de Commissaire : « en tant que Commissaire, je représente tout le monde et je me suis assurée de ça. »

Mme Bernard, qui a également longtemps œuvré au Yukon comme traductrice, a fait ouvrir le deuxième étage de la maison Taylor en tant que musée. C’est là qu’elle y a dévoilé « le mur des traductions », sur lequel le terme « commissaire » a été traduit en huit langues autochtones. Elle explique : « “Commissaire” est un terme qui n’existe pas en langues autochtones, alors j’ai demandé aux Premières Nations de traduire “Commissaire du Yukon” dans leurs langues. »

Une femme et une mère

Au début de son mandat, la Commissaire est mère de deux jeunes enfants. Lors d’une entrevue avec l’Aurore boréale, elle avoue s’être posée quelques minutes après sa nomination pour se demander s’il allait être possible pour elle d’allier les deux rôles. « Je me suis dit que c’était faisable, les femmes avant moi l’ont fait. Ça rejoignait mon pilier de la famille, je me suis dit que je pouvais être maman et commissaire », explique-t-elle.

Par ailleurs, Mme Bernard a été amenée à travailler avec des femmes au cours de ses cinq années en poste. Elle a notamment collaboré avec Julie Payette lorsqu’elle était gouverneure générale et Adeline Webber, l’administratrice territoriale, qui a aussi œuvré pour le droit des femmes autochtones. L’ex-commissaire a exprimé sa fierté d’avoir pu, en tant que femme, occuper le plus haut poste du Yukon. « Lorsqu’un groupe de femmes est réuni, les choses avancent. On a cette mentalité de faire les choses différemment, et de les faire avancer », ajoute-t-elle. Elle explique être fière de laisser un héritage aux femmes et aux jeunes filles, de leur montrer qu’il est possible d’allier carrière et famille.

Un poste qui fait grandir

Pour Angélique Bernard, une chose est certaine : c’est un poste qui lui a beaucoup apporté. En effet, lorsqu’elle a commencé en 2018, elle avoue qu’elle était alors introvertie. Après cinq ans de mandat, elle se dit aujourd’hui « 50/50 ». « C’est ce qui m’a le plus surprise : c’est un très beau poste, avec une grande ouverture vers les gens », précise-t-elle.

L’ex-commissaire a également connu plusieurs années de pandémie au cours de son quinquennat : « pour un travail qui est à 75 % du temps social, ce n’était pas facile. Mais ça nous a permis de prendre les dossiers qu’il y avait sur le coin du bureau, comme on dit. »

Si Mme Bernard a appris sur elle-même, elle a aussi aidé les Yukonnais et Yukonnaises à comprendre son rôle. Selon elle, plusieurs personnes seraient venues la voir pour la remercier d’être aussi abordable : « Au début, les gens étaient nerveux. Puis quand ils voyaient qu’ils pouvaient venir me parler, ils me disaient : “j’ai appris beaucoup de choses, tu prends le temps d’expliquer, merci.” »

Et après?

Si, à l’heure d’écrire ces lignes, personne n’a encore été désigné pour prendre le relais, Mme Bernard estime qu’il serait pertinent de continuer sur cette lancée et de représenter une certaine diversité pour le rôle de Commissaire.

De son côté, elle prévoit de prendre des vacances en famille cet été, puis peut-être de relancer son entreprise de traduction : « je vais voir ce qui se présente, je vais m’ouvrir à toutes les possibilités et regarder mes options », conclut-elle.

Depuis le 31 mai, le portrait de Mme Bernard a rejoint celui des autres commissaires avant elle. Un un livre intitulé De Fort Cudahy à la maison Taylor, sur l’histoire des commissaires, paraitra en juin.

IJL – Réseau.Presse  L’Aurore boréale

 

LECTURE SIMPLE

Qu’est-ce qu’un ou une commissaire?

C’est une personne spéciale qui s’occupe de faire respecter les règles et les lois. Cette personne peut lire des discours au nom du gouvernement et signer des papiers importants, appelés décrets ou proclamations.

Ce poste existe depuis longtemps, depuis 1894 en fait. Mais il n’a pas toujours été appelé « commissaire ». Au Yukon, on l’appelait d’abord « Agent des terres », puis « commissaire de l’Art », et ensuite « contrôleur ». Ce n’est qu’en 1948 que le terme « commissaire » a été officiellement utilisé. 

Dans les provinces, il y a des personnes appelées « lieutenants-gouverneurs » qui font presque les mêmes choses que les commissaires.