« Toujours très distinguée, jamais à faux pas, accueillante avec le sourire. Elle a toujours soutenu les jeunes qui se sont lancés en éducation », relate Yann Herry sur la vie de Renée Alford.
« Renée était responsable de l’enseignement du français aux adultes au Centre français qui se trouvait alors dans des locaux à l’école F.-H.-Collins. Elle m’a embauché. Plus tard, une fois devenu moniteur de français dans les écoles du Yukon, c’est elle qui m’a encouragé à faire mes études pour devenir enseignant », raconte Yann Herry qui a connu Renée Alford en 1983 dans le monde de l’éducation.
Yann Herry est arrivé au Yukon pour travailler dans les mines. Quand les mines ont fermé en 1982, il s’est vite retrouvé à Whitehorse comme d’autres mineurs. Il s’est lancé en éducation, ayant terminé un baccalauréat à Québec en géographie.
« En 1984-1985, elle m’a encouragé à faire un an d’étude en éducation. J’ai été dans le monde de l’éducation pendant 35 ans comme enseignant puis coordonnateur des programmes en français au ministère de l’Éducation », affirme-t-il à cœur ouvert. « Renée Alford m’a toujours encouragé à persévérer, que ce soit pour mes études en enseignement ou mes engagements envers une francophonie épanouie dans les différentes sphères de l’action communautaire. »
« Pour moi, c’était une personne très agréable et appréciée au sein de la communauté », raconte Jeanne Beaudoin, qui a également côtoyé Renée Alford en éducation. Elle a donné des cours de français le soir aux adultes. Pour Mme Beaudoin, Renée Alford n’était pas seulement une enseignante, mais également une conseillère de la vie en général. « C’était rassurant d’avoir une figure comme elle », dit-elle ouvertement.
Le militantisme à vie
Renée Alford est arrivée à Whitehorse en 1951. Dans le texte de sa famille publié dans le Yukon Star du 7 mai, son fils raconte que c’était la passion et l’amour du canot qui a amené d’abord le père de la famille Monty et, par la suite, le reste de la famille au Yukon. Une fois arrivée à Whitehorse, Renée a commencé son engagement dans la communauté auprès de sa paroisse du Sacré-Cœur. Au début des années 1960 et à la fin des années 1980, elle a participé à la révision de la Loi sur l’éducation pour l’éducation catholique. En 1969, elle a cofondé l’Association yukonnaise des services à la famille. Ensuite, elle a été présidente de la Federation of Home and School Associations of the Yukon, au moment même où le bilinguisme prenait de plus en plus d’importance à travers le pays. Elle a été avant-gardiste dans la création de programmes d’immersion en français dans les écoles yukonnaises.
Elle est aussi une des responsables de la création du Centre des jeunes parents. Elle s’est également engagée dans la Coalition anti-pauvreté du Yukon et a siégé au Conseil la Santé et des Affaires sociales dans les années 1980. Elle a pris sa retraite en 1988, mais a continué de travailler avec les organismes qu’elle a créés.
En 1997, Renée Alford a reçu le Prix du Gouverneur général pour l’entraide (maintenant connu sous le nom de Médaille du souverain pour les bénévoles) des mains du gouverneur général du Canada, Roméo LeBlanc. Elle figure également dans l’ouvrage de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne Portrait de la francophonie canadienne au féminin de 1914 à 2014.
Même après son décès, elle continue à contribuer à la communauté. Sa famille a invité les gens à faire des dons à la Coalition anti-pauvreté du Yukon au lieu d’offrir des fleurs à ses funérailles.
Hommage à Renée Alford
Notre cygne est parti au Nord
On te cherchera cet hiver
Parmi les aurores boréales
La Yukon se rappellera de toi
En été, tu pousseras en épilobe
Et on te célébrera!
Oleksii Pivtorak