le Mardi 17 septembre 2024
le Jeudi 18 mai 2023 7:40 Francophonie

Des nouvelles de l’après-Yukon

Beaucoup de personnes se sont impliquées au sein de la communauté franco-yukonnaise lors de leur passage au pays du soleil de minuit. Voici le quatrième volet d’une série de portraits, pour en savoir plus sur ce que ces gens sont devenus après avoir quitté le Yukon.

La communauté franco-yukonnaise continue de grandir en nombre. Elle est alimentée par les naissances locales, mais surtout par l’arrivée toujours constante de nouvelles personnes de tout âge en quête d’un emploi ou d’aventure.

Selon une étude menée en 2010 par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, la durée moyenne de séjour au Yukon varie entre quatre et cinq ans avant que les individus ne prennent la décision de retourner dans leur lieu d’origine de façon temporaire, sporadique ou permanente.

Photo : Fournie

Hélène Beaulieu et Stéphan Ruest

Hélène Beaulieu est arrivée au Yukon en juillet 2008 alors que Stéphan Ruest, son conjoint, était déjà au territoire depuis 2007 afin de travailler en exploration minière comme géologue. Hélène n’avait pas pu le suivre à cette époque, car elle travaillait à l’Île-du-Prince-Édouard comme monitrice de langue dans les écoles.

Une fois son contrat terminé, elle a pu alors prendre la route pour le Nord et retrouver Stéphan. C’est au Yukon qu’ils se sont officiellement mariés en 2011 et, fait notable, la cérémonie a eu lieu au Centre de la francophonie lors d’un café-rencontre.

Durant ses années yukonnaises, Hélène a travaillé à la Garderie du petit cheval blanc. Elle donnait aussi des ateliers musicaux dans les écoles du Yukon et offrait des cours privés de ukulélé et de guitare. Les talents musicaux d’Hélène Beaulieu ont rapidement été remarqués par les artistes yukonnais, avec lesquels elle a pu briller à plusieurs reprises lors de différents événements.

Elle a également participé à l’enregistrement de deux albums, un avec l’artiste Kim Barlow avec laquelle elle avait formé le groupe Blue Hibou, et un album de Noël avec le groupe les Ceusses-qui-ont-du-fun-quand-y-chantent.

Hélène et Stéphan ont pris la décision de retourner au Québec en 2014, pour des raisons familiales. « Je suis fille unique, je me sentais un peu coupable de laisser seuls mes parents vieillissants. De son côté, Stéphan trouvait de plus en plus difficiles les hauts et les bas de l’exploration minière au Yukon », explique-t-elle.

Aujourd’hui, Hélène enseigne à temps plein pour l’École de musique du Témiscouata, dans sa région. Stéphan travaille pour l’observatoire Aster de Saint-Louis-du Ha! Ha! comme animateur scientifique et aussi à la promotion. Hélène remercie les réseaux sociaux qui lui permettent de garder un contact avec le Yukon. « On a reçu plusieurs personnes du Yukon (et des anciens du Yukon) en visite. Mais je pense que le plus beau lien qui me reste avec le territoire, c’est celui que j’entretiens avec une petite famille fort sympathique qui continue de suivre des cours de ukulélé avec moi, via Zoom. »

Photo : Fournie

Annie Savoie

En 2002, Annie Savoie décide de traverser le pays en autobus pour rendre visite à sa sœur Élizabeth qui habitait au Yukon depuis quelques années. Elle n’est pas encore arrivée à destination qu’elle sait déjà qu’elle sera journaliste pigiste pour l’Aurore boréale.

Une fois arrivée au territoire, elle se démarque rapidement et trouve un emploi pour les communications à RDÉE Yukon, le secteur de développement économique de l’Association franco-yukonnaise (AFY) et au développement rural de l’AFY.

En 2007, Annie décide de quitter le territoire pour retourner au Québec afin d’entreprendre ses études universitaires.

Annie habite maintenant dans la ville de Québec avec son conjoint Chris et leurs deux jeunes garçons. Elle occupe le poste de registraire à l’École nationale d’administration publique, une université située dans la ville de Québec.

C’est avec un immense plaisir qu’Annie partage ses histoires yukonnaises incluant les rencontres inoubliables qu’elle a pu y faire, dont celle de son conjoint. D’ailleurs, en 2014, le couple choisit le Yukon comme destination pour leur voyage de noces en clin d’œil à ce moment.

« L’énergie du Nord me manque encore après tant d’années. Le soleil de minuit qui fait vibrer tout le monde au même diapason et l’entraide naturelle qui s’installe entre les gens au Yukon, ça m’a toujours fascinée. Vraiment, on va au Yukon pour les paysages de fou et les grands espaces, mais quand on décide d’y rester c’est pour les gens. C’est ce qui fait qu’il est si difficile de partir de cet endroit », confie-t-elle.

Photo : Fournie

Pierre Bourbeau

Pierre Bourbeau est originaire du Québec. Il a travaillé quelques années à Edmonton à titre de directeur général de la francophonie jeunesse de l’Alberta. En 1992, il quitte cette province pour venir au Yukon avec sa conjointe Lorraine Cardin afin d’occuper un nouveau poste, celui de directeur général à l’Association franco-yukonnaise.

Le Nord l’intriguait depuis longtemps et il avait entendu parler du dynamisme de la communauté franco-yukonnaise. Il n’a donc pas hésité longtemps à prendre le chemin de Whitehorse.

Pierre Bourbeau aura occupé ce poste de 1992 à 1999, puis de 2003 à 2004. Sa conjointe, de son côté, a été enseignante au programme d’immersion française à l’École élémentaire de Whitehorse.

Pierre s’est affairé à de nombreux projets alors qu’il travaillait à l’AFY, dont celui de choisir la fameuse couleur rose du bâtiment de l’association. La petite maison rose fait encore parler d’elle aujourd’hui! Pierre a également participé à la mise sur pied d’une étude de faisabilité pour la formation aux adultes, celle de la création de RDÉE-Yukon et celui du financement permettant au journal l’Aurore boréale de publier aux deux semaines plutôt qu’une fois par mois.

Pendant les années où Pierre est demeuré à la maison avec ses jeunes garçons, Charles et Florent, il s’est également impliqué bénévolement au sein du comité de construction du Centre de la francophonie.

En 2004, la petite famille quitte le Yukon pour des raisons professionnelles et s’établit à Gatineau.

Aujourd’hui, Pierre est co-propriétaire de l’entreprise DISCITUS où il est consultant en développement organisationnel, et Lorraine est toujours dans le domaine de l’éducation à titre de personne-ressource pour les quartiers en difficulté.

« Je retourne souvent au Yukon pour des raisons professionnelles. Mais en 2024, dès que je serai à la retraite, ce sera le premier endroit où je retournerai », lance-t-il. « Je trouve que la communauté franco-yukonnaise est devenue sage avec le temps et a acquis une maturité remarquable. C’est toujours une belle communauté généreuse et très dynamique où l’entraide est bien présente. »