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le Jeudi 9 février 2023 8:05 Francophonie

L’Aurore boréale souffle 40 bougies

Pendant plus de deux décennies, <em>l’Aurore boréale</em> utilisait des pellicules photo avec une teinte rosée, car personne ne développait de photo en noir et blanc au Yukon. On voit ici le comité du journal, dans les années 90, composé de Danièle Rémillard, Cécile Girard, Angélique Bernard, le Père Tanguay, Léo Martel, Ève Camolli et Marie-Hélène Comeau. — Photo : Archives AB
Pendant plus de deux décennies, l’Aurore boréale utilisait des pellicules photo avec une teinte rosée, car personne ne développait de photo en noir et blanc au Yukon. On voit ici le comité du journal, dans les années 90, composé de Danièle Rémillard, Cécile Girard, Angélique Bernard, le Père Tanguay, Léo Martel, Ève Camolli et Marie-Hélène Comeau.
Photo : Archives AB
Le journal informe, rassemble et donne la parole à une Franco-Yukonnie qui grandit et s’épanouit d’année en année. Retour en quelques lignes sur les débuts de cette aventure journalistique d’une francophonie nordique en contexte minoritaire.

L’histoire du journal l’Aurore boréale a débuté en 1983, au sein d’un groupe de francophones nouvellement arrivés au territoire. Ce groupe formulait le désir de communiquer avec un plus grand nombre de francophones au Yukon, à travers l’écriture. On parle ici de textes imprimés sur des feuilles blanches, de dimension 8,5 pouces sur 14 pouces. Une fois ces dernières pliées en deux, on obtenait alors 4 à 6 pages de nouvelles et de renseignements. Naissait ainsi le Bulletin des Franco-Yukonais (orthographié à l’époque avec un seul « n ») qui deviendra en décembre de la même année le journal l’Aurore boréale.

« À l’époque, j’arrivais des Territoire du Nord-Ouest où les francophones s’étaient déjà dotés d’un organisme porte-parole et d’un journal. J’ai donc été surprise de constater en m’installant au Yukon en 1980 qu’il n’y avait pas grand-chose qui se passait dans la francophonie yukonnaise, aucune association, aucun journal. Mais je savais qu’il était possible de créer quelque chose rassemblant les gens puisque j’avais pu le voir ailleurs », confie Sylvie Léonard, qui faisait partie de la première équipe de bénévoles du journal. « On imprimait environ 35 à 50 copies de chaque édition pendant la première année. Les gens étaient très réceptifs et les exemplaires s’envolaient rapidement », se souvient-elle.

Tous les bénévoles du projet s’affairaient à la tâche, chacun travaillant de sa table de cuisine, parfois même jusqu’aux petites heures du matin.

Des débuts avec les moyens du bord

L’idée de se doter d’un journal franco-yukonnais est née dans la foulée de la création de l’Association franco-yukonnaise (AFY) en 1982. D’ailleurs, le bulletin servait de moyen de communication pour l’organisme porte-parole de la Franco-Yukonnie.

Yann Herry a également contribué à la mise sur pied du projet, dont la fréquence d’impression variait selon la disponibilité des gens. C’est avec une joie évidente qu’il se remémore cette époque. Celle où il s’installait l’été dans le stationnement du café N o Pop Shop – où se situe aujourd’hui le restaurant Antoinette’s –, afin de rédiger ses textes. Une fois le bulletin imprimé, il s’empressait alors de le distribuer dans les restaurants, les bars ou autres rassemblements de francophones au Yukon.

« Le frère Guy Levasque, président par intérim à l’époque de l’AFY, avait déjà de l’expérience dans la publication de ce type de feuillet. Il a donc commencé le projet avec l’aide de Thérèse Nantel et j’ai ensuite pris la relève. Je m’occupais de la rédaction des textes avec l’appui de tous les francophones qui passaient me voir au N o Pop Shop pour me raconter leurs histoires », explique Yann Herry, à qui l’on doit d’ailleurs le nom du journal.

Toutefois, lors de l’année de la création, une lettre anonyme à l’éditeur critiquant la qualité du bulletin viendra bousculer la façon de faire de l’équipe. Cette lettre rappelait l’importance de cette publication, car elle était amenée à jouer un rôle important au niveau de la représentation des francophones au sein de la communauté yukonnaise. Jusqu’à ce jour, on ignore qui a envoyé cette lettre. Une chose est sûre toutefois, elle aura permis aux bénévoles d’ajuster leur tir. La lettre faisait valoir qu’il était important d’élever la qualité graphique du produit tout en s’assurant d’une impression régulière, une fois par mois, car même si le travail accompli était fait de façon bénévole, il n’en était pas moins important pour autant.

Deux bénévoles importantes sont alors entrées en jeu. Il s’agit de Chantal Rivest, première directrice du journal entre 1983 et 1986, et de Cécile Girard, qui était initialement une graphiste et qui occupera ensuite le poste de direction de 1986 à 2013.

Redressement de la qualité

Pour donner suite à cette lettre à l’éditeur, Chantal Rivest commence à s’occuper de la mise en page et de la vente publicitaire afin de rendre la production du produit plus professionnelle.

« Je faisais tout de ma table de cuisine », se souvient Chantal Rivest, qui habite aujourd’hui en Colombie-Britannique. « Je m’occupais des photos, de la publicité, de l’écriture, de la mise en page et de l’impression. J’ai vraiment adoré faire ça », explique celle qui apprenait le métier au fur et à mesure des publications.

Cécile Girard, qui se souvient également des balbutiements du journal, se consacrait à l’époque à la relecture et au graphisme incluant celui de la première page dont elle faisait les dessins à partir de chez elle. « J’écrivais aussi la chronique Les propos céciliens qui me donnait une belle tribune », souligne celle qui deviendra la première employée rémunérée du journal en 1988. On s’en doute, en 27 ans à la barre de la direction du journal, Cécile Girard aura été témoin de plusieurs moments marquants de l’Aurore boréale. On n’a qu’à penser au moment où ce dernier a changé de format pour adopter le papier journal en 1986, ou à cet autre moment où il est devenu en 1999 une publication bimensuelle.

40 ans plus tard, le journal l’Aurore boréale jouit d’une belle présence à l’échelle communautaire, locale et nationale. De nombreux prix et reconnaissances lui ont été attribués au fil des ans et il est présent aujourd’hui un peu partout au Yukon ou sur les réseaux sociaux.

« 40 ans, c’est incroyable quand on pense qu’on a commencé sur une feuille de chou. Aujourd’hui, je le montre à tout le monde avec grande fierté », lance Chantal Rivest.