Une visite au Centre de la francophonie ou au Musée MacBride, ou bien les noms des écoles de langue française de Whitehorse mènent à l’évidence : les francophones ont élu domicile au Yukon depuis la ruée vers l’or. Pourtant, la francophonie n’est devenue « officielle » au Yukon qu’en 1982.
Tout était à bâtir
Dès 1979, un groupe de personnes qui partageait le français comme première langue souhaitait « se regrouper, car l’union fait la force », expliquait André Côté, premier président de l’Association, dans une entrevue pour l’Aurore boréale, en 2013. Dès lors, les objectifs de l’organisme ont toujours été dans la même direction : favoriser les échanges en français et mettre en place des services et des institutions indispensables à la diffusion de la langue française et de la culture francophone.
De ce regroupement est née une association, incorporée en 1982. À l’époque, il n’y avait ni école francophone, ni garderie, ni Centre de la francophonie. Tout était à bâtir, et en 40 ans d’existence, les projets se sont enchaînés. Certains organismes ont été créés en parallèle, ou se sont détachés de l’AFY, volant peu à peu de leurs propres ailes. C’est ainsi qu’un journal (en 1983), une école (en 1984) et un groupe de femmes (en 1995) voient le jour, pour ne citer que quelques exemples.
Au fil des ans, ce qui devient ensuite l’Association franco-yukonnaise (AFY) va se développer, offrant de plus en plus de services à la communauté d’expression française. En 2002, l’AFY mène notamment des états généraux sur la francophonie du Yukon, en collaboration avec l’ensemble des organismes de la communauté. Cet exercice de concertation permet de préciser certaines orientations globales du développement communautaire.
Aujourd’hui, forte d’une trentaine d’employé·e·s et de plus de 220 membres, l’AFY œuvre dans les domaines des arts et culture, de l’emploi et de l’entrepreneuriat, de la formation, de l’immigration, du tourisme, du bien-être des personnes aînées et de la jeunesse, et assure également la fiducie du Partenariat communauté en santé (PCS) et de l’Aurore boréale.
Une année de célébration
La date officielle de l’incorporation est le 14 avril. « Avec l’incertitude au sujet des événements en ce moment, nous avons choisi de célébrer toute l’année », explique Audrey Percheron, directrice des communications de l’AFY.
Elle indique qu’un jeu-concours sera lancé le jour de l’anniversaire, mais le reste des célébrations seront faites lors de plusieurs événements et initiatives tout au long de l’année. « Nous soulignerons aussi cet anniversaire lors des grands événements prévus, comme la Journée de la francophonie », indique-t-elle. Cette journée avait d’ailleurs été déclarée par le gouvernement du Yukon à l’occasion des 25 ans de l’organisme, en 2007.
Pour Mme Percheron, ce quarantième anniversaire correspond à un moment de maturité et de solidité, mais aussi à un moment charnière entre les générations, où il fait bon se tourner vers son passé tout en regardant vers l’avenir. Elle cite également la nouvelle devise choisie pour les célébrations : « C’est avec fierté que nous soulignons 40 ans de contribution active au développement et à la promotion d’une francophonie yukonnaise forte, vibrante, diversifiée et inclusive. »
Le rayonnement franco-yukonnais
Si l’AFY travaille activement au niveau territorial, son rayonnement dépasse les frontières du Yukon.
Interrogée au sujet de la vision qu’elle a de l’organisme, Manon Henrie-Cadieux, responsable des relations gouvernementales et partenariats pour la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), est catégorique : « Les personnes déléguées du Yukon sont des intervenantes et des intervenants qui se démarquent comme individus et comme professionnels quand ils participent à la conversation francophone nationale. »
Elle souligne notamment le sentiment de fierté qui se dégage des émissaires de l’AFY. « Ce sont des vedettes; par leur confiance identitaire, ce sont des gens qui amènent des idées, des solutions et qui bougent dans l’action. »
Selon elle, un organisme comme l’AFY a comme défi d’exercer son leadership dans des domaines aussi variés et essentiels les uns que les autres : « Son approche communautaire et pluridisciplinaire en fait un spécialiste sur toutes sortes de questions importantes. »
« Quand on parle des défis de la francophonie, l’AFY apporte de l’espoir autour de la table et nous permet de voir au-delà des murs, car [la francophonie yukonnaise a mis en place] des solutions qui sont rassembleuses et respectueuses des individus », ajoute celle qui a également travaillé pour la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).
Selon Mme Henrie-Cadieux, « sans l’AFY et son cheminement historique, il n’y aurait pas eu la possibilité pour les francophones de se rassembler, de “faire communauté” et de se brancher à leur culture; autant celle qu’ils ont célébrée dans leur passé ou dans leurs traditions que celle que les artistes [du Yukon] sont en train de créer, de façonner, pour l’avenir ».