Du 21 au 23 septembre 2021, la deuxième édition du forum mondial sur la justice climatique s’est tenue sous un format virtuel. Ashley Cummings, activiste pour le climat et les droits des peuples autochtones, a eu l’occasion de partager son point de vue. Originaire de Pangnirtung au Nunavut, sa présentation avait pour but d’éclairer le point de vue de la jeunesse inuite et l’importance de prendre en compte la perspective des jeunes générations autochtones dans la lutte contre le changement climatique. Elle a été la seule représentante canadienne à ce forum.
Le principe de justice climatique vise à développer une plus grande équité lorsqu’il est question de changement climatique. « Ce forum est l’occasion d’examiner, de discuter et de débattre de la manière d’assurer l’équité et la justice en tant que valeurs fondamentales sur la voie du développement de solutions climatiques justes et durables au profit de toute l’humanité, pas seulement pour quelques privilégiés », indique la directrice du Centre pour la justice climatique de l’université calédonienne à Glasgow en Écosse, la professeure Tahseen Jafry. La première édition du forum, organisé par cette université, avait eu lieu en juin 2019 et s’était tenue en mode présentiel.
Écouter les peuples autochtones
Que ce soit dans l’Arctique canadien ou sur le continent africain, les peuples autochtones d’un continent à l’autre font face aux effets du réchauffement climatique, affectant leurs modes de vie et leur culture si intimement liés à la terre.
Les observations, les impacts et le savoir traditionnel doivent être pris en compte systématiquement dans les discussions, selon Mme Cummings. « L’une des solutions (pour plus d’équité) est d’inclure nos paroles et nos voix qui sont si profondément affectées par le changement climatique », indique-t-elle lors d’une entrevue.
Le savoir traditionnel détenu par les personnes aînées est trop souvent mis de côté par la science occidentale, selon l’activiste. Si ces connaissances, transmises de génération en génération et imbriquées intimement à la vie sur le territoire, sont à l’opposé des protocoles scientifiques de collectes de données, Mme Cummings estime que ce savoir est non seulement valable, mais aussi fondamental dans la recherche de solutions.
« La voix des gens du Nord est vraiment importante et doit être entendue. Le point de vue scientifique ne tient pas compte de la perspective des peuples autochtones et de leur culture, et c’est un problème », s’indigne-t-elle.
Mme Cummings pense que la situation au Canada peut et doit être améliorée. Elle cite en exemple le Conseil circumpolaire inuit, qui a fait la demande de création d’un forum identique, mais qui, à ce jour, n’a pas été concrétisée.
L’équité qui est au centre du concept de la justice climatique n’est pas encore systématique et les choses doivent changer, selon elle : « Nous connaissons intimement notre territoire, il fait partie intensément de notre culture et nous sommes les témoins de ces changements qui ont un lien avec le réchauffement climatique. Nos voix doivent être écoutées et prises en compte. »
Le réchauffement climatique s’accélère
Dans un communiqué de presse du 9 août 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a une fois de plus tiré la sonnette d’alarme. Le changement climatique généralisé s’intensifie dans toutes les régions du monde. La poursuite du réchauffement amplifiera le dégel du pergélisol et entraînera une diminution continue des glaces de la mer arctique en été, selon le document.
Malgré cette nouvelle déclaration alarmiste qui pourtant n’est pas inédite, Ashley Cummings croit que la solution réside dans l’action et que tout un chacun peut faire la différence dans la vie de tous les jours : « Nous devons prendre conscience que chaque petit geste fait la différence », conclut-elle.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des territoires : les journaux L’Aquilon, l’Aurore boréale et Le Nunavoix ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.