Cet été, les étals du marché Fireweed et des épiceries arborent de nombreux légumes cultivés localement. Les productrices et les producteurs locaux ne cessent de se réinventer pour offrir une variété toujours plus grande de produits frais et de qualité. Ces enthousiastes du potager n’ont pas froid aux yeux, malgré les défis que peut représenter l’exploitation maraîchère dans le Grand Nord et tous se démènent pour répondre à une demande en pleine croissance.
Les longues journées ensoleillées combinées au travail acharné des producteurs et productrices ont permis aux Yukonnais.e.s de profiter tout l’été de légumes locaux fraîchement récoltés. L’intense labeur que représente le défi de cultiver des légumes au nord du 60e parallèle n’a pas arrêté Sarah Ouellette, propriétaire de la ferme Sarah’s Harvest qui, pour la huitième année consécutive, cultive une large variété de légumes dans son jardin. Alors que la saison touche à sa fin, la maraîchère fait le bilan. « Oui, cette année, il y a eu beaucoup d’engouement pour les produits locaux, constate-t-elle. En huit ans, j’observe chaque année une augmentation de l’offre de produits cultivés au Yukon, mais aussi une augmentation de la demande des consommateurs et consommatrices. »
Des produits qui rassemblent
Chaque jeudi depuis le début de l’été, en moyenne 400 personnes se sont promenées entre les allées du marché public de Whitehorse, un nombre record selon Darren Holcombe, président du conseil d’administration du marché. « La pandémie a poussé les consommateurs et consommatrices à considérer plus d’options locales », estime l’ancien gestionnaire du marché.
Le marché Fireweed s’est aussi avéré être un des seuls lieux de rassemblement accessibles ces derniers mois. En plus d’y trouver une large variété de produits frais, les visiteurs et visiteuses prennent davantage le temps d’échanger avec les vendeurs et les vendeuses. « Les gens, surtout au marché, sont très reconnaissants, ils apprécient beaucoup ce qu’on propose, la fraîcheur et la qualité de nos produits, explique Sarah Ouellette. La relation privilégiée qu’on développe avec les consommateurs et les consommatrices, je trouve ça vraiment spécial ».
Tous les consommateurs et consommatrices ne sont cependant pas présent.e.s au marché « J’ai augmenté ma production, mais je ne peux pas tout écouler au marché », constate Sarah Ouellette. Grâce à sa collaboration avec les épiceries locales, ses produits se vendent toute la semaine à un nombre plus grand d’adeptes de produits locaux.
Hiver comme été
Tandis que les températures baissent, que la nature commence à décliner et avec elle l’abondance de produits locaux, le public semble tout à coup forcé de revenir à l’achat de produits importés. Mais certain.e.s cultivateurs et cultivatrices innovant.e.s, tel.le.s que les créateurs de la compagnie de culture hydroponique ColdAcre, redoublent d’efforts pour poursuivre leurs récoltes en plein hiver.
Depuis près de deux ans, ColdAcre propose tout au long de l’année une panoplie de légumes (essentiellement des variétés de salades et d’herbes fraîches) cultivés dans des conteneurs. À l’abri dans leur jardin en boîte, les produits ne souffrent pas de la température extérieure et les salades s’épanouissent hiver comme été. « On observe définitivement une augmentation de la demande, confie Denise Gordon, responsable de production. Surtout l’hiver! Nos abonnements étaient tous vendus l’hiver dernier. On construit d’ailleurs deux nouveaux conteneurs pour répondre à la demande de l’hiver prochain », se réjouit-elle.
Consommer 100 % local au Yukon, une réalité?
Ces producteurs et productrices yukonnais.e.s passionné.e.s sont de plus en plus nombreux.ses et l’offre s’efforce de suivre la demande grandissante. Les défis d’une consommation locale à l’année restent toutefois bien présents au territoire. « Pour que l’on consomme vraiment local, il faudrait certainement plus de producteur.rice.s, explique Sarah Ouellette, mais il va d’abord falloir un gros changement dans les habitudes de consommation et surtout dans les attentes, estime-t-elle. Il va falloir apprendre à consommer ce qui est de saison et ça doit venir de la population », conclut la Franco-Yukonnaise, qui reste tout de même optimiste au vu de l’évolution très positive qu’elle a pu constater ces huit dernières années.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale