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le Jeudi 8 avril 2021 5:15 Divers

Jean-Marc Bélanger laisse des sourires dans nos mémoires

Des secrets de la tire d’érables aux rudiments de la construction bénévole, en passant par les joies de la radio, Jean-Marc Bélanger n’a eu de cesse d’accompagner la communauté depuis son arrivée au Yukon. Bénévole dévoué, entrepreneur engagé, mais aussi mari, papa et récemment grand-papa attentionné, il laisse derrière lui une quantité de sourires aussi grande que son cœur. Il s’est éteint le 21 mars dernier des suites d’un cancer, à l’âge de 59 ans.

Jean-Marc était un bénévole assidu lors des traditionnelles cabanes à sucre de l’Association franco-yukonnaise. Photo Tony Gonda.

 

Les contributions de Jean-Marc au Yukon sont innombrables. Arrivé avec Danielle Bonneau, son épouse, en 2002, il n’a eu de cesse de s’engager dans sa communauté.

Mari, papa et grand-papa dévoué

« La famille, c’était important pour lui », confie Danielle.

Tous deux Québécois d’origine, elle et Jean-Marc se sont rencontrés en 1991. « Il n’y avait pas de médias sociaux à l’époque. C’est une amie qui nous avait organisé une blind date!, se souvient-elle, le sourire aux lèvres. Ça a cliqué tout de suite. »

« Cliqué tout de suite » est la bonne expression, puisqu’à peine trois mois après leur rencontre, Jean-Marc déclare à Danielle : « Tu es la femme de ma vie : si tu veux des bébés, aweille, on fait des bébés! »

Un an après leur rencontre, le couple attendait son premier enfant, Jérôme, né en 1993. « L’aventure a commencé. On s’est marié l’année d’après, et l’année suivante Francis [leur deuxième fils] est né. » C’est sur l’île d’Orléans, au Québec, que le couple s’est uni.

Francis et Jerôme Bélanger vivent tous deux au Yukon. Jean-Marc et Danielle les emmenaient souvent faire du bénévolat avec eux quand ils étaient plus jeunes. Photo Tony Gonda.

 

L’aventure vers le Yukon

Durant les fêtes de fin d’années de 2001, après avoir travaillé quatorze ans à la polyvalente de Charlesbourg, au Québec, « et deux enfants à travers ça », Danielle aenvie de « faire autre chose ». Elle en parle à Jean-Marc, qui accepte cette idée sans hésitation. Tous deux s’entendent pour le nord du Canada. Jean-Marc démissionne de son emploi et les voilà repartis pour une nouvelle aventure.

Une fois encore, les choses vont vite, puisqu’en août 2002 la famille vend sa maison et ses biens et part vers l’ouest. « La seule chose que nous avions prévue, c’était l’école pour les enfants. On les avait inscrits à Émilie-Tremblay. » C’est lors d’un mois de septembre gris que la famille arrive au Yukon. « Là, on avait de l’ouvrage! Pendant qu’ils allaient à l’école, il fallait se trouver un logement, du travail. Il fallait s’organiser! »

Après 21 jours de camping sous la pluie, le couple se trouve enfin un premier petit logement. Tout finit par se placer. « On se disait : « Coudons, ils nous attendaient au Yukon! Tout marche! On est bien ici!  » », se souvient Danielle.

Le virage vers la construction

Ce sont les paysages et les montagnes qui ont inspiré Jean-Marc à travailler en construction.

Au Québec, technicien en génie civil de formation, Jean-Marc était chargé de projet pour une compagnie d’ascenseurs. « Quand je l’ai connu, il était vendeur dans une compagnie de tôle : la journée longue au téléphone! », se remémore Danielle. Mais dès son arrivée au Yukon, son choix est clair : il ne s’enfermera pas dans un bureau. Il choisit plutôt la menuiserie-charpenterie.

Après quelques contrats, il lance rapidement une petite entreprise : JMB Rénovation, qui peu à peu deviendra JMB Construction. Ses contrats de constructions lui font rencontrer des gens et lui donnent le sentiment d’aider son prochain. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est amené à aller rénover l’église de Tuktoyatuk aux Territoires du Nord-Ouest.

Entre deux contrats, il décide d’être bénévole pour Habitat pour l’humanité. « Il m’a dit, tant “qu’à ne pas travailler, j’aime autant rendre service”. » Il y rencontre Stu McKay, alors directeur général de l’organisme avec qui la chimie passe bien. De fil en aiguille, JMB Construction prend le contrat de construire des maisons à vocation humanitaire, contrat qu’il gardera jusqu’à ce que la maladie l’en empêche.

Sa patience à encadrer les bénévoles et son enthousiasme communicatif reste dans les mémoires. « Il pouvait passer une heure à expliquer comment se servir d’un tournevis. Il savait aussi voir les forces de chaque personne bénévole pour que tout le monde se sente vraiment utile », se souvient sa femme.

Habitat pour l’humanité a offert à Danielle un banc en la mémoire de Jean-Marc, qui sera installé au printemps prochain. Le lieu n’a pas encore été déterminé.

 

L’implication communautaire

Au-delà de son emploi, Jean-Marc s’est impliqué dans d’innombrables projets communautaires. Son implication remarquable lui a d’ailleurs valu la nomination de membre honoraire de l’Association franco-yukonnaise (AFY) lors de la dernière assemblée générale annuelle de l’organisme, en octobre dernier.

Généreux de son temps, il a été bénévole lors de très nombreuses activités de l’AFY, telles que les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste, les Soupers des bénévoles et les épluchettes de blé d’Inde. Il a aussi marqué les mémoires pour ses longues plages horaires lors des cabanes à sucre. « On aimait ça, et on voulait aussi montrer l’importance de la communauté à nos enfants », confie Danielle.

Jean-Marc a également été le président du comité catholique Saint-Eugène de Mazenot pendant près de dix ans.

Au-delà de son sourire qu’il a gardé jusqu’à la fin, on se souviendra aussi de la voix de Jean-Marc qui faisait partie du groupe Les-ceusses-qui-ont-du-fun-quand-y-chantent. Le groupe a compté jusqu’à huit membres à travers ses douze ans d’existence, mais le noyau était composé de Jean-Marc, sa femme, Claude Gosselin et Hélène Beaulieu. Après la dissolution du groupe, Jean-Marc a continué de chanter et à s’impliquer dans la chorale Chamber Choir de Whitehorse, qui compte d’ailleurs lui dédier son prochain spectacle du printemps.

Jean-Marc était également technicien pour l’émission radiophonique Rencontres. « Ça nous permettait de nous tenir informés des activités à venir, de garder contact avec le monde et de rencontrer des gens », évoque Danielle.

Célébration la vie

Jean-Marc s’est éteint auprès de ses deux fils et de sa femme, dans le calme du Yukon.

Sa famille compte organiser une célébration de vie en extérieur afin que tous ceux et celles qui le souhaitent puissent y participer, malgré la pandémie. Elle aura lieu lorsque le beau temps du printemps reviendra. Jean-Marc souhaitait que ses cendres soient versées dans le fleuve Yukon et dans le fleuve Saint-Laurent, au Québec.

Danielle est très reconnaissante pour tous les messages qu’elle a reçus au cours des derniers jours. « J’ai reçu beaucoup de messages, beaucoup d’amour. Ça me touche vraiment de voir à quel point mon Bel Amour était apprécié de la communauté. » Elle conclut par un message de remerciement, en son nom et ceux de ses fils, envers toute la communauté qui les soutient en ce moment douloureux.

La force tranquille et enjouée de Jean-Marc manquera à beaucoup d’entre nous. Il laisse derrière lui un grand vide, mais il restera dans tant de souvenirs que son sourire brillera pour encore bien longtemps, ici-bas. Merci Jean-Marc, au revoir.