Celle qui aura bercé, langé et réconforté un nombre incalculable de bébés de la communauté franco-yukonnaise s’est éteinte au courant de l’été. Thérèse Leclair-Nantel, un pilier important de la petite enfance francophone au Yukon, est décédée à la fin du mois du juin.
C’est par un 29 décembre 1969 que Thérèse Leclair-Nantel, alors âgée de 26 ans, arrive au Yukon. Elle y dépose ses valises avec à son bras son nouvel époux Robert Nantel. Originaires tous les deux du Québec, c’est dans la ville de Laflèche, aujourd’hui Saint-Hubert, que Robert Nantel avait remarqué sa belle Thérèse.
« Je me souviens, je me promenais sur le trottoir du boulevard Grande Allée et je l’ai vue qui se berçait sur la galerie de la maison de ses parents », explique Robert Nantel.
Après une courte fréquentation, Robert quitte le Québec afin de tenter sa chance au Yukon où une de ses sœurs y travaille déjà comme infirmière. Il est embauché rapidement comme machiniste pour la compagnie minière Whitehorse Copper. Malgré le froid qui sévit à son arrivée en février de cette année-là, Robert Nantel tombe rapidement sous le charme nordique.
« Ça brassait pas mal à l’époque au Québec avec le FLQ et l’armée qui s’était installée. Je ne pensais alors qu’à partir de la province », se rappelle Robert Nantel.
Près de dix mois plus tard, s’ennuyant trop de sa Thérèse, il décide alors de retourner au Québec afin de lui demander si elle voulait bien venir s’établir au Yukon avec lui. « Comme elle hésitait, je lui ai alors demandé si elle voulait me marier », confie-t-il, l’œil moqueur.
Un pilier important de la petite enfance
Une fois installée au Yukon, Thérèse Leclair-Nantel y a occupé différents emplois au fil des ans avant de trouver sa vocation auprès des jeunes enfants franco-yukonnais. C’est ainsi qu’on la retrouve au début des années 1990 au sein de l’équipe des éducateurs de la Garderie du petit cheval blanc qui venait d’ouvrir ses portes en 1989. Dès son entrée en petite enfance, Thérèse s’attache rapidement à la plus jeune clientèle de la garderie, c’est-à-dire des bébés âgés entre 6 et 18 mois. C’est à ce poste qu’elle se taillera une place importante jusqu’en 2007, au moment où elle prendra sa retraite.
Femme discrète, son implication et son dévouement ne sont toutefois pas passés inaperçus. Elle est devenue une des pionnières en petite enfance au Yukon dans la cause visant la reconnaissance du travail des éducateurs et éducatrices en garderie.
« On a perdu une grande dame qui a contribué à l’évolution de la petite enfance en français au Yukon », confie Isabelle Salesse qui a été directrice de la Garderie du petit cheval blanc de 1996 à 2002. « J’ai travaillé six ans avec Thérèse qui s’est occupée aussi de mes bébés. Elle avait une présence forte et posée auprès des enfants. Elle avait pris sa place avec élégance et discrétion à la garderie », confie Isabelle Salesse. « Elle ne voulait jamais attirer l’attention sur elle et pourtant, son départ aujourd’hui nous affecte tous », ajoute-t-elle.
En plus de participer au fil des ans à l’épanouissement de la Garderie du petit cheval blanc, elle a contribué également à celle de l’ensemble de la communauté par son implication et son travail bénévole.
« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Thérèse en juin. Je la connaissais depuis mon arrivée au Yukon, il y a plus de 30 ans. Pour moi, Thérèse était une des pionnières de notre communauté francophone. Nous avons perdu une grande dame et nous ne l’oublierons pas », confie à ce propos Jeanne Beaudoin, présidente de l’Association franco-yukonnaise.
Une mentore respectée et une amie dévouée
Femme de cœur et de grande écoute, Thérèse Leclair-Nantel aura laissé sa marque également auprès de ses collègues de travail. « J’ai tout appris avec Thérèse. Elle était mon coach, mon amie, mon mentor», confie Céline Yergeau, directrice de la garderie Les petits anges de Céline où Thérèse a également travaillé de 2007 à 2018. « Thérèse disait qu’on n’en fait jamais assez pour un enfant. Il faut faire le plus possible pour eux, car au final ce sont les valeurs qui seront déterminantes dans la vie et le développement de cet enfant. Ces valeurs qu’elle m’a enseignées, je les applique à mon tour », ajoute celle qui a perdu sa grande complice.