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le Jeudi 10 octobre 2019 7:12 Divers

Démarrez votre propre lombricompost! Partie 1

Lombricomposteur avec un tapis-bottes et un couvert avec un quadrillage pour faciliter le suivi de l’incorporation des déchets
de table.
Photo :
Lombricomposteur avec un tapis-bottes et un couvert avec un quadrillage pour faciliter le suivi de l’incorporation des déchets de table. Photo :

Charles de Maisonneuve (Agricom)

Un objectif de l’agriculture urbaine est de réduire l’empreinte écologique et une façon pour y arriver, c’est de recycler les déchets de cuisine. Ainsi, ils ne prennent pas les voies coûteuses de la poubelle ou du système de recyclage municipal. Le processus peut se faire à l’intérieur de nos maisons par le lombricompostage (vermicompostage, production de fumier de vers). La méthode est relativement récente en milieu fermé, puisqu’elle a été développée au début des années 1970 par une biologiste américaine, Mary Appelhof.

Lombricomposteur avec un tapis-bottes et un couvert avec un quadrillage pour faciliter le suivi de l’incorporation des déchets
de table.
Photo : Charles de Maisonneuve

 

L’intrant principal, les vers à fumier

La production de lombricompost se fait principalement avec le ver à fumier Eisenia foetida qui transforme la matière organique en compost. Cette espèce de ver est supérieure au ver de terre (Lumbricus terrestris), car bien qu’il soit plus petit, il est très vorace et il se multiplie rapidement. De plus, dans leur milieu naturel, les vers de terre nécessitent un sol profond alors que les vers à fumier vivent dans les vingt premiers centimètres d’un tas de fumier ou de compost. D’ailleurs, on traite ceux-ci d’éboueurs alors que le lombric est un laboureur.

Système digestif des vers

Les vers n’ont pas de dents pour broyer la matière organique. La principale façon d’ingérer leur nourriture est de se nourrir des microbes qui dégradent la matière organique. Cette nourriture est broyée avec l’ingestion de sable et par la suite acheminée vers les processus de décomposition par l’action des enzymes de microbes présents dans les vers. La flore du système digestif est dominée par des microbes non pathogènes, des bactéries aérobies et contient aussi des substances antibactériennes. À la sortie du ver, le fumier est exempt de microbes pathogènes, il est composé de plusieurs microbes bénéfiques et il n’a pas de mauvaise odeur. La différence entre un compostage ordinaire et le lombricompostage est que ce dernier accélère la dégradation de la matière organique et oriente la composition du compost.

Vermicomposteur

Le vermicomposteur peut être fabriqué à partir d’un bac de plastique opaque et d’un couvercle. Une dimension de 50 cm de long par 30 cm de large et 20 cm de profond permet de recycler 5 kg de déchets de cuisine par semaine et d’accommoder une famille de quatre personnes. Il faut s’assurer de faire des trous d’aération de 2,5 cm de diamètre espacés de 4 cm sur le pourtour de la partie supérieure et de coller des moustiquaires sur les ouvertures pour empêcher les insectes d’entrer. Le fond du bac doit-être percé pour le drainage. Un géotextile est déposé dans le fond de la vermicaisse et un tapis à bottes est placé sous le bac pour récupérer le jus de compost (lixiviat).

Préparation de la litière

La première étape consiste à préparer la litière. Celle-ci est coupée en languettes de 2 cm de large et elle est principalement constituée de papier journal et de carton non ciré. Elle est humidifiée avec de l’eau à environ 85 %. À ce point, la litière, lorsque pressée dans une main, ne libère pas ou à peine quelques gouttes d’eau. Cette opération est très importante, car elle favorise la multiplication des microbes et elle permet un environnement optimal aux vers.

La litière est déposée par la suite dans le bac, mais ne doit pas dépasser 25 cm d’épaisseur. Il faut aussi la mélanger avec du sable horticole dans un rapport de volume de 18 parts de litière pour 0,5 à 1 part de sable. Quelques poignées de compost mature serviront à introduire de bons microbes.

Introduction des vers

Un à deux jours plus tard, on introduit les vers à la surface tout en enlevant le couvercle pendant quelques heures. La lumière a un effet répulsif ce qui force les vers à descendre dans la litière. Encore deux à trois jours et on peut enfouir les déchets de cuisine. Les vers trouveront facilement leur nourriture.

Incorporation des déchets de table

Il est recommandé de quadriller la surface en six ou huit sections pour favoriser une décomposition uniforme. La méthode consiste à introduire les déchets de table dans une section et une fois qu’ils sont bien décomposés on ajoute d’autres déchets dans la section suivante. La rotation des sections peut se faire à quelques reprises, mais lorsqu’il ne reste plus ou peu de litière, on peut procéder à la récolte. Il faut environ de quatre à six mois pour produire le vermicompost.

Types de déchets de table

Les déchets de table tels que les pelures de fruits et de légumes, le marc de café avec les filtres, les enveloppes de thé, les céréales, les pâtes alimentaires, les légumineuses, les résidus de plantes d’intérieur et le pain sont utilisés sans restriction. Il faut cependant limiter les oignons, l’ail et les agrumes. Les feuilles de chou et les pelures de pommes de terre causent des odeurs, tandis que les coquilles de noix et les fruits d’avocat se dégradent lentement. Enfin, tous ces aliments devraient être coupés en section de moins de 2 cm et laissés d’une à deux journées à la température de la pièce pour un début de décomposition. En début de processus, il faut calculer approximativement 500 grammes de vers pour 250 grammes de déchets. Toutefois, lorsque le système est en équilibre, le rapport peut-être d’un pour un. D’autre part, il faut éviter la viande, le poisson, les produits laitiers, les gras, les huiles, les matériaux salés et vinaigrés.

Dans la partie 2 du vermicompostage le mois prochain, vous trouverez les techniques de récolte, des problèmes et l’utilisation du fumier de vers. En attendant, vous pouvez démarrer
votre lombricompostage.