Malgré sa magnifique allure, la vesce jargeau menace plusieurs écosystèmes sensibles du Yukon, notamment les milieux humides ou les sols perturbés.
Le Yukon Invasive Species Council (YISC) a fait de la vesce jargeau une de ses priorités depuis 2017. La plante invasive, reconnaissable à ses fleurs violettes et à ses tiges terminant en vrille, met en danger l’équilibre précaire des écosystèmes fragiles, comme celui de Range Point.
Localisé à proximité du centre-ville de Whitehorse, Range Point est une aire récréative populaire traversée par le ruisseau McIntyre et bordée par le fleuve Yukon, des habitats importants pour les populations de saumons.
Il est nécessaire de ramener et maintenir l’écosystème de Range Point en santé en raison de son importance écologique et sociale, affirme le biologiste et membre du YISC, Michel Duteau. « Les bords du fleuve sont plus sensibles à la vesce jargeau. Elle va remplacer les espèces natives qui pousseraient ici naturellement. »
Cette espèce compétitionne avec les plantes indigènes et prolifère au détriment de celles-ci. La vesce jargeau est très difficile à éliminer une fois établie, et la restauration de la biodiversité naturelle de l’habitat demande un effort qui peut s’étaler sur plusieurs années.
Un bras de fer chronophage
Le YISC lutte depuis maintenant trois ans pour préserver l’équilibre de la biodiversité de Range Point. « Ça diminue d’année en année […] on se rend compte que ça prend énormément de travail », informe M. Duteau.
La vesce jargeau est une plante vivace à tiges nombreuses et à feuilles composées qui se terminent par une vrille. Ces vrilles permettent à cette plante de s’accrocher à la végétation herbacée, et l’étouffent du même coup. « C’est la seule espèce de vesce abondamment présente au Yukon à en posséder », indique le biologiste de formation.
Le YISC explore plusieurs méthodes d’extermination pour trouver la plus efficace pour éradiquer la prolifération de la vesce jargeau. La vaporisation ciblée de solution au vinaigre ou saline sur la plante est, par exemple, un des recours utilisés. « Ça n’a pas tellement marché », admet Michel Duteau. « On a eu plus de succès à l’aide de pulvérisations ponctuelles d’herbicide. »
L’enlèvement de la couche supérieure de sol et l’empilement de terre organique est une autre façon de procéder du YISC pour « recouvrir profondément tous les fragments de racines possiblement présents dans le sol ». Cette pratique permet à l’organisme de semer ensuite des graines d’autres espèces indigènes, comme le lupin, pour rétablir une biodiversité saine sur le site.
Un coup de pouce vert?
Michel Duteau conseille aux botanistes avertis de garder l’œil ouvert pour dénicher les plantes invasives. « Quand tu commences à te rendre compte de l’espace que prennent les plantes invasives, tu les vois partout. Ce sont souvent les plantes les plus belles, mais ce sont les plantes les plus dommageables pour l’écosystème. »
Si vous reconnaissez la vesce dans votre jardin ou pendant une randonnée, le biologiste vous recommande de bien arracher la plante à sa base afin de retirer tout le rhizome enfoui sous terre. « C’est ça qui lui donne sa force pour qu’elle revienne d’année en année. »
Les efforts de l’organisation yukonnaise commencent à porter ses fruits, mais Michel Duteau estime qu’il faudrait encore deux ou trois autres années avant de voir la vesce disparaître de Range Point. Il invite par ailleurs les habitants de Whitehorse à suivre sur Facebook les événements de désherbage organisés par le YISC.
Avec la collaboration du Yukon Invasive Species Council.