Olivier Yergeau
Mardi 22 janvier dernier, Santé Canada lançait ce qui était attendu par plusieurs depuis déjà quelque temps : le « nouveau » Guide alimentaire canadien. L’ancienne version datait de 2007 et plusieurs critiques avaient été notées, telles que la trop grande influence de l’industrie alimentaire et les portions difficilement atteignables. Afin de refléter les besoins actuels des Canadiennes et des Canadiens, Santé Canada a revampé le guide du tout au tout, en passant au peigne fin des études scientifiques et en tenant à l’écart les représentants de l’industrie alimentaire.
De grands changements
Pendant plusieurs décennies, les guides alimentaires à travers le monde faisaient la promotion de la saine alimentation par l’adoption d’une alimentation basée sur un nombre de portions de certains groupes d’aliments. La raison étant simple : les pays voulaient s’assurer que la population ne manque d’aucun nutriment. Or, considérant que de nos jours les problèmes de santé sont surtout dus à une surconsommation d’aliments, nous voyons apparaître une nouvelle tendance dans les guides alimentaires de laquelle la nouvelle version canadienne s’est inspirée.
Dans le nouveau Guide alimentaire canadien, les groupes d’âge et les portions ont disparu pour laisser la place aux proportions. L’arc-en-ciel alimentaire a été remplacé par l’assiette alimentaire. Les groupes n’ont pas disparu, mais ont été modifiés et incorporés à une assiette. Les légumes et les fruits ont toujours leur place et devraient constituer la moitié de l’assiette. Le groupe des produits céréaliers a été renommé « aliments à grains entiers » et devrait constituer le quart de l’assiette. Les groupes « viandes et substituts » et « produits laitiers » ont été éliminés pour faire place aux aliments protéinés et devraient constituer le quart de l’assiette.
Au dos du guide alimentaire, plusieurs recommandations pour une bonne santé physique et psychologique ont été ajoutées et modifiées.
Comment appliquer le guide?
L’ancienne version du guide proposait un certain nombre de portions de chaque groupe alimentaire en fonction de l’âge et du sexe. Plusieurs la critiquaient, affirmant qu’il était difficile d’atteindre ou de respecter certaines recommandations. La nouvelle version est beaucoup plus accessible. En proposant des proportions, Santé Canada laisse aux Canadiens la possibilité d’adapter les recommandations en fonction de leurs besoins et de leur appétit. Une personne avec un faible appétit devrait en mettre moins dans son assiette, mais tout de même avoir la moitié de légumes ou de fruits, le quart de grains céréaliers et le quart d’aliments protéinés.
En plus des proportions, ce nouveau guide mise sur l’adoption de saines habitudes de vie. Pour une bonne santé physique et psychologique, il est maintenant recommandé de cuisiner plus souvent, de manger en bonne compagnie et plus lentement, de limiter les produits transformés et d’être vigilant face au marketing alimentaire.
En d’autres mots, en consommant en famille des repas cuisinés à partir d’aliments frais tout en respectant les proportions, ces recommandations pourront être respectées et notre santé,
bien gérée.
Le nouveau guide est-il parfait?
Pour être honnête, je ne crois pas que la nouvelle version soit parfaite. Cependant, elle est beaucoup mieux que l’ancienne. Santé Canada a fait un pas de géant en abandonnant les portions au profit des proportions. Cette version est plus facile à comprendre, diminue les risques d’obsession alimentaire et laisse place à la variété et à la créativité. De plus, les conseils au dos, bien qu’inspirés du guide brésilien, sont innovateurs et apportent un sens oublié de l’alimentation : le pouvoir de rassembler.
Toutefois, je considère que les produits laitiers ne sont pas assez promus et je crains que certaines carences alimentaires soient plus présentes. De plus, l’assiette fait un peu trop la promotion d’une alimentation végétarienne/végétalienne et des problèmes d’approvisionnement pourraient en résoudre. Somme toute, bien qu’imparfait, ce guide reflète les tendances actuelles et est beaucoup plus accessible pour la grande majorité. Il est le portrait d’une société changeante et multiculturelle. D’ailleurs, d’autres versions sont prévues d’ici 2020, comme le guide pour les Premières Nations.