Le samedi 17 juin 2017, aux alentours de minuit, un client québécois du Sourdough Saloon a dérobé le célèbre orteil momifié. Cet orteil est l’ingrédient spécial du Sourtoe Cocktail. Plus qu’une boisson, ce cocktail est une attraction touristique qui consiste à boire une dose d’alcool fort dans lequel baigne un orteil momifié. Selon la tradition, « vous pouvez le boire vite, vous pouvez le boire lentement, mais vos lèvres doivent toucher l’orteil. »
Une enquête policière qui fait grand bruit
Le capitaine Terry Lee qui offre habituellement le cocktail avait fini son service. Il travaille les soirs en haute saison, entre 21 h et 23 h. Un client québécois ayant un fort accent français s’était vanté ouvertement de vouloir voler l’orteil toute la soirée. Après le départ de Terry, il a insisté lourdement auprès d’une nouvelle employée du bar du Downtown Hotel pour qu’on lui serve le fameux Sourtoe Cocktail. La barmaid a accepté de préparer le breuvage. Le Québécois a reçu un certificat à son nom, attestant de la réussite du défi. Le nom du fautif est donc connu. Il a ensuite profité d’un moment d’inattention de l’employée pour s’emparer de l’orteil, sous le regard médusé de quelques clients. Le capitaine confie : « si ça avait été moi, ça ne serait jamais arrivé. Je garde toujours un œil sur l’orteil et je le range dans ma poche de chemise, contre mon cœur, quand je ne le sers pas. »
À la suite de ce vol, une enquête a été ouverte par la Gendarmerie royale du Canada. À Dawson, les gens se mobilisent pour retrouver le fautif. De son côté, le Downtown Hotel promet une récompense à quiconque pourra offrir des informations pouvant faire avancer les recherches. L’orteil est sur toutes les lèvres. De nombreux habitants passent au bar pour réconforter le capitaine, qui dit être « triste et en colère à la fois ». Le Downtown Hotel a proposé d’abandonner les poursuites si le Québécois rapportait l’orteil au plus vite.
Les mésaventures du Sourtoe Cocktail
Depuis 1973, plus de 71 400 personnes ont déjà dégusté ce cocktail si particulier, malgré les péripéties que les orteils ont connues à travers le temps. « Un orteil ne dure que cinq ans avant de se dégrader et de devenir impropre à la consommation », explique Geri Colbourne, gestionnaire du Downtown Hotel. « Nous avons eu une quinzaine d’orteils en circulation depuis la mise en place du cocktail », ajoute-t-elle.
Dans les années 1970, c’est d’abord un militaire du Régiment royal du Canada qui a volé l’orteil. Par la suite, en 1980, l’orteil original a été avalé accidentellement par un mineur. En 2013, un Américain l’a avalé consciemment, prenant même le temps de payer l’amende (de 500 $ à l’époque) avant de partir. C’est après cet événement que l’amende est passée à 2 500 $ afin d’éviter de nouveaux incidents. Avec ce vol, c’est la dixième fois que l’orteil se fait voler, avaler ou dégrader.
L’orteil est de retour
Que les touristes se rassurent, le coupable a finalement restitué son butin. Il a appelé la police et le Downtown Hotel le 20 juin, expliquant qu’il avait renvoyé l’orteil par la poste. Les poursuites contre le voleur ont été abandonnées. Le paquet est arrivé jeudi 22 juin, accompagné d’un mot d’excuse et du fameux gros orteil. Ce dernier venait d’être mis en service après une momification de six mois dans du sel. Son donneur avait dû subir une amputation pour raison médicale. L’orteil a été restitué en bon état. Le capitaine et l’orteil volé sont donc de nouveau rassemblés, unis comme les deux doigts de la main.