le Vendredi 22 septembre 2023
le Mercredi 2 septembre 2015 16:06 Divers

Soyez aux aguets, des pirates vous traquent

Josée Carbonneau a dû annuler sa carte de crédit, changer son mot de passe pour l’accès à ses comptes de banque et payer 170 $ à un vrai technicien pour reformater au complet son ordinateur. Photo : Françoise La Roche
Josée Carbonneau a dû annuler sa carte de crédit, changer son mot de passe pour l’accès à ses comptes de banque et payer 170 $ à un vrai technicien pour reformater au complet son ordinateur. Photo : Françoise La Roche

Entre la fiction du roman 1984 de George Orwell et la réalité du XXIe siècle, il n’y a pas tellement de différences. En étant branché en permanence aux ordinateurs, aux téléphones intelligents, aux tablettes, notre vie privée est offerte en pâture à tout pirate informatique avide de dollars rapidement gagnés. C’est ce que Josée Carbonneau, résidente du Mont Lorne, a appris au cours des dernières semaines en étant victime d’un réseau très bien structuré.

Technicien certifié Microsoft

En un bel après-midi ensoleillé, seule dans sa yourte, Josée installe le logiciel Word qu’elle vient d’acheter. Après avoir entré le code d’activation, un message s’affiche disant qu’une erreur est survenue. Une fenêtre identifiée Microsoft Technical Support apparaît sur son écran et on lui demande son nom, son adresse courriel et son numéro de téléphone. Rien de louche là-dedans, et elle s’exécute. Et c’est à ce moment que tout bascule.

Josée Carbonneau a dû annuler sa carte de crédit, changer son mot de passe pour l’accès à ses comptes de banque et payer 170 $ à un vrai technicien pour reformater au complet son ordinateur. Photo : Françoise La Roche

Josée Carbonneau a dû annuler sa carte de crédit, changer son mot de passe pour l’accès à ses comptes de banque et payer 170 $ à un vrai technicien pour reformater au complet son ordinateur. Photo : Françoise La Roche

« Le téléphone a sonné », raconte Josée. « C’était un homme qui se disait de l’assistance technique de Microsoft. Il me demande quel est le problème. » Elle lui explique qu’elle ne peut installer le logiciel qu’elle vient d’acheter. « Il me dit qu’il faut qu’il aille dans mon ordinateur pour pouvoir m’aider. Il me donne l’adresse d’un lien que je tape. Une fenêtre apparaît dans laquelle je vois que le technicien pose des questions : nom, numéro de téléphone, numéro d’activation de la carte de mon logiciel, etc. Il me dit ensuite qu’il doit faire une numérisation de mon ordinateur pour voir où est le problème. »

L’écran de Josée s’anime et elle voit défiler des données. Le curseur est contrôlé par le « technicien » et il lui montre des « erreurs » dans son système. Il lui offre d’arranger le tout. Le curseur se balade, l’écran s’agite et Josée regarde tout ça, impuissante. Au téléphone, on lui explique que ça ne fonctionne pas et qu’il faudra un « one time fix » qui prend environ 45 minutes. Il lui en coûterait alors 399 $. Josée refuse et l’homme raccroche aussitôt le téléphone. L’écran de l’ordinateur de Josée devient tout noir et ensuite, les pages de son historique s’affichent les unes après les autres dans un ballet diabolique. Une nouvelle fenêtre apparaît dans laquelle il est écrit : « I’m a hacker. » Simultanément, le téléphone sonne. « Il semblerait que tu t’es fait pirater, » lui dit le « technicien » de Microsoft. « Il faut que tu arranges cela maintenant », en insistant grandement sur l’urgence de la situation.

L’homme lui annonce que quelqu’un vient d’acheter une croisière de 19 000 $ avec son compte et qu’elle doit absolument mettre un frein au fléau immédiatement. « J’étais vraiment en état de choc », explique Josée Carbonneau. « Je n’étais plus capable de penser, j’étais énervée. » L’homme continue d’insister sur le fait qu’elle doit poser une action rapide et qu’il peut tout arranger pour elle. Josée accepte. Curieusement, le coût de l’opération est maintenant de 200 $.

Modus operandi

Selon Félix Turcotte, technicien informatique, ces réseaux de piratage sont très bien structurés. « Ils lancent des écrans de fumée sur les ordinateurs, c’est-à-dire des pages Web qui annoncent que vous êtes en train de vous faire pirater. Ils savent que les gens sont en panique. S’ils lancent 100 000 attaques du genre, peut-être que 100 personnes vont payer. C’est comme ça qu’ils font leur argent. »

La façon la plus courante pour installer des logiciels malveillants sur votre ordinateur, c’est lors de mises à jour de logiciels qu’on vous demande de télécharger pour regarder une vidéo. Dès qu’on accepte une telle demande, on ouvre une porte aux pirates et ils peuvent mettre en place tout ce qu’ils veulent dans notre ordinateur. La vigilance est de rigueur.

« Tu dois toujours faire des sauvegardes de protection. Comme ça, s’il t’arrive quelque chose, tu peux au moins récupérer toutes tes données », conseille Félix Turcotte.

Différentes variantes

C’est presque une épidémie de piratage dont on entend parler ces jours-ci. Plusieurs personnes en ont été victimes. Quelques fois, un écran bleu apparaît avec un message disant que l’ordinateur a été attaqué et qu’il faut appeler un spécialiste. D’autres fois, une fenêtre s’ouvre et une voix vous annonce qu’un pirate est en train de voler votre identité et qu’il faut appeler à tel numéro pour arranger le tout.

Peu importe la manière dont on vous informera que vous êtes en train de vous faire pirater, soyez toujours aux aguets. C’est le prix à payer pour être connectés au monde entier, pour avoir accès à toute l’information en temps réel, et pour communiquer de mille et une façons avec nos « amis » et même avec ceux qui disent vouloir nous aider.