Le Parlement jeunesse pancanadien (PJP) est une activité organisée à chaque deux ans par la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF). Il vise à initier des jeunes de partout au pays à la joute politique de la Chambre des communes, en simulant des travaux parlementaires.
« On a des partis politiques carrément inventés, vraiment très loin de la réalité. C’est un peu comme du théâtre, explique la présidente de la FJCF, Marguerite Tölgyesi. On donne un rôle au député, on leur assigne un parti un peu aléatoirement. On a un gouvernement, on a une opposition officielle et un tiers parti. »
Une cinquantaine de jeunes âgés de 14 à 25 ans ont débattu pendant la fin de semaine de deux projets de loi. Habituellement, l’événement se déroule dans la salle du Sénat, mais pour la première fois depuis la tenue de ce parlement fictif, le tout s’est déroulé de façon virtuelle, pandémie oblige.
Les projets de loi sont rédigés par un « Cabinet » faisant office d’exécutif. « Le Cabinet, c’est un peu le comité organisateur de l’événement, ajoute Marguerite Tölgyesi. Ce sont des membres élus lors de la dernière édition du Parlement jeunesse. On suit vraiment les procédures de la Chambre des communes. »
Les jeunes participant.e.s sont-ils des député.e.s modèles? « Je dois dire qu’on suit des fois pas mal plus les règles [que les véritables politiciens]! », s’amuse-t-elle.
Des projets de loi sur la mode et le logement
Cette année, deux projets de loi ont été débattus au PJP. Marguerite Tölgyesi, qui agit également comme présidente de l’Assemblée pendant cet exercice, estime qu’ils sont très novateurs :
1) C-2 : Loi sur la nationalisation et la démocratisation de la mode, proposée par le ministre de l’Expression esthétique matérielle et des hardes. Les raisons qui motivent cette loi sont notamment que :
– L’industrie de la mode telle qu’elle existe renforce des stéréotypes des genres ;
– Elle renforce des pressions esthétiques et met de l’avant des images corporelles irréalistes ;
– Le choix des styles à la mode est fait par une classe bourgeoise qui contrôle les médias.
2) C-3 : Loi permettant l’intégration du concept de finitude aux logements canadiens, proposée par le ministre du Logement. On retrouve, parmi les raisons de cette mesure législative, que :
– Les milieux urbains sont de plus en plus sujets à des phénomènes de surenchères du prix des loyers ;
– Des individus et des groupes d’individus se servent de l’immobilier comme d’une valeur refuge ;
– Des changements législatifs doivent être considérés pour rendre le logement plus accessible.
Ces deux projets de loi ont été débattus par les participant.e.s regroupé.e.s en trois partis politiques fictifs. Le parti Environnementaliste standardisé au soutien de l’organisation rigoureuse (ESSOR) formait le gouvernement. L’opposition officielle était le parti de l’Union urbaine unie (UUU). Enfin, le Parti de l’élitisme totalitaire (PÉT) constituait le tiers parti.
Le chef du PÉT, Pierre Duguay-Boudreau, du Nouveau-Brunswick, en est à son troisième PJP. Il explique que « toutes nos prises de position sont basées sur le maintien ou l’amélioration de la liberté économique et individuelle de l’élite canadienne, c’est-à-dire les Céline Dion et les Sydney Crosby de ce monde. Dans le fond, on est juste un parti régulier, mais honnête! »
Pierre Duguay-Boudreau s’est déjà aventuré dans la vraie sphère politique, ayant été candidat pour le Parti vert lors des élections provinciales du Nouveau-Brunswick en 2020. Même si le PJP est un genre de parodie de la vie politique actuelle, il en a tiré des leçons pour son expérience électorale.
« Pour bien parodier quelque chose, il faut le comprendre, donc c’est ce que le Parlement jeunesse amène. Le fait de prendre la joute politique, la méthode et de la transformer de manière humoristique, ludique, ça te permet de mieux comprendre comment ça marche », expose-t-il.
Plateforme virtuelle et volet média
Les participant.e.s ont navigué au sein du logiciel Gather Town, un univers virtuel élaboré qui, pour l’occasion, recréait l’environnement de l’édifice du Centre du Parlement. « On y retrouve la Chambre des communes, le Sénat et le grand hall d’entrée, souligne la présidente de la FJCF. Toutes les différentes salles sont faites sur mesure. »
Le logiciel permettait aux jeunes de circuler dans cet espace virtuel, de se parler et de mener des activités comme des conférences de presse et des rencontres de caucus. Les débats, eux, ont eu lieu sur Zoom.
Le PJP comporte aussi un volet médiatique. Environ six jeunes ont profité de l’événement pour acquérir une expérience de couverture journaliste avec des reporters expérimentés. Ces jeunes vont publier dans Le Carillon, le journal des travaux du Parlement.
« Ils peuvent aussi choisir d’utiliser les médias sociaux, mentionne Marguerite Tölgyesi. Le volet média est assez dynamique. C’est très cool. »
Le Parlement jeunesse pancanadien 2022 a pris fin le dimanche 13 février, avec l’espoir de revenir, en 2024, à une édition en présentiel à Ottawa.