Le 20 mars, les neuf lauréats du programme « Dialogues : rencontres autour de l’Œuvre de Riopelle d’un océan à l’autre » ont été dévoilés. D’un bord et de l’autre du pays, ces artistes sont notamment récompensés pour leur valorisation du lien entre l’œuvre du peintre Jean-Paul Riopelle et la culture du Canada. En proposant un projet communautaire sur le thème de la migration, Marie-Hélène Comeau a retenu toute l’attention du jury.
Rendre hommage à Jean-Paul Riopelle
Considéré comme l’un des artistes les plus marquants du vingtième siècle, Jean-Paul Riopelle s’est principalement illustré par la peinture. Il a fait partie d’un important groupe d’artistes québécois, les Automatistes, avant de partir vers Paris et de devenir l’un des seuls peintres canadiens reconnus en Europe. À la fin de sa vie, Jean-Paul Riopelle est revenu au Québec et s’est installé sur l’Isle-aux-Grues, un lieu familier à Marie-Hélène Comeau, dont la famille résidait à cet endroit.
Sur cette île, Riopelle a créé une fresque majeure intitulée l’Hommage à Rosa Luxemburg en souvenir d’une femme qui avait marqué son existence. « C’était à la fin de sa vie, il travaillait beaucoup avec les silhouettes d’oiseaux. Il représentait notamment les oiseaux migrateurs de l’île, à l’automne, au printemps. J’ai eu envie de m’inspirer de cette œuvre », raconte Marie-Hélène Comeau.
Titulaire d’un doctorat sur l’identité franco-yukonnaise dans la migration, elle a imaginé un projet qui lui permettrait de faire un lien entre l’œuvre du peintre et son territoire d’accueil. « Une grande partie de la communauté franco-yukonnaise est composée de gens qui viennent d’ailleurs et qui ont décidé de déménager au Yukon pour différentes raisons […] Il y a toujours un va-et-vient et c’est mon champ d’intérêt, depuis quelques années, avec ma recherche », explique-t-elle.
Faire émerger les récits migratoires à travers l’art
En réponse à l’un des plus vastes programmes de médiation culturelle jamais déployés au Canada, Marie-Hélène Comeau a présenté au jury l’œuvre Riopelle, l’artiste à tire-d’aile d’une migration nordique.
Récit migratoire collaboratif, ce travail artistique se fera en deux temps. Le projet se concentrera d’abord sur la création de tableaux individuels (peinture, collage et écriture créative) qui mettront en lumière l’histoire migratoire de chaque personne qui participera au projet. Par la suite, la plasticienne regroupera les différents éléments pour s’atteler à la création finale : une toile communautaire inspirée du travail de Riopelle.
« Ce projet donnera l’occasion à des membres de notre communauté de se familiariser avec l’œuvre de Jean-Paul Riopelle en s’attardant sur les questions migratoires et, plus précisément, sur les changements identitaires qui ont été vécus par les gens en quittant leur lieu d’origine pour s’établir au Yukon », souligne Marie-Hélène Comeau.
En rappelant que l’année 2022 marquait les 40 ans de l’Association franco-yukonnaise, et 2023 les 40 ans du journal l’Aurore boréale, Marie-Hélène Comeau invite 40 résidents et résidentes du Yukon à participer à ce projet. Chaque personne recevra un kit de création – composé d’un support, de matériel technique et d’un guide d’instructions – pour présenter son récit migratoire.
« Je voulais que les gens puissent prendre le temps de le faire à la maison, d’y ajouter des choses qui témoignent de leur histoire de vie. Je voulais aussi que ce projet ne se limite pas aux habitants de Whitehorse. Je me rends disponible pour envoyer des kits par la poste, car je souhaite laisser l’opportunité à des gens de partout au Yukon de participer », ajoute Marie-Hélène Comeau.
Célébrée à travers le pays pour ses idées créatives, la plasticienne donne rendez-vous à toutes les personnes intéressées à s’envoler vers un moment artistique communautaire.