« Arrêtez Instagram, arrêtez Facebook, arrêtez Netflix et vous aurez deux heures par jour que vous pourrez utiliser », affirme Gratianne Daum. La Vancouvéroise originaire des Pyrénées a choisi de s’installer au Canada il y a une dizaine d’années. Après avoir vécu en Suède et en Suisse, le Canada, et particulièrement la Colombie-Britannique, l’attiraient particulièrement.
Écoutez l’épisode « Entre grands espaces et liberté » du balado Contact établi.
Cette grande sportive s’entraîne six jours sur sept. Des séances en gymnase, à vélo, à la nage, en montagne pour pouvoir participer à quelques courses longue distance pendant l’année. Elle met jusqu’à neuf mois pour se préparer à une course en solo qui peut faire jusqu’à 200 kilomètres.
Gratianne Daum parle de ses entraînements avec humilité. « Je ne suis pas née avec ces capacités sportives. C’est parce que j’en fais beaucoup. C’est parce que je m’entraîne, parce que j’en ai envie. Je m’en donne les moyens. […] Ce que je veux que les gens retiennent, c’est que tout le monde peut le faire. »
Un environnement plus grand que soi
Lori Tweddell est arrivée au Yukon à l’âge de 5 ans avec sa famille originaire du Québec. Son père, meneur de chiens, y trouvait un meilleur endroit pour pratiquer son sport.
Installée maintenant à Mendenhall Landing, à 45 minutes à l’ouest de Whitehorse, elle vit en harmonie avec son environnement.
« Nous, on vit off the grid. On a juste récemment eu l’eau. On est sur l’énergie solaire donc souvent, on n’a pas Internet et c’est quand tu n’as pas toutes ces facilités-là de la vie que tu réalises que tu as le temps de faire ce que tu veux. »
La jeune femme voit le territoire du Yukon comme un grand terrain de jeu. Elle se sent non seulement privilégiée de pouvoir parcourir des sentiers peu fréquentés, elle y retrouve aussi un ancrage.
« Juste savoir que tout ça, c’est plus grand que toi, ça te ramène dans une mentalité de tout va bien aller. C’est ça le sentiment que j’ai dans la forêt. S’il n’y a rien autour de moi, je sais que tout va bien aller. »
De la vie sauvage à la vie urbaine
La présence de la faune sauvage compte parmi les critères de sélection des sentiers de Gratianne. « Lorsque je courais dans les Pyrénées, les seules bêtes sauvages que je voyais étaient des marmottes », dit-elle en rigolant. Elle craint parfois de croiser des ours ou des grizzlis dans les sentiers canadiens.
Lori, qui a elle-même déjà croisé des loups et des ours, lui partage quelques conseils.
« J’avertis toujours une personne où je serai et de l’heure à laquelle je devrais revenir. J’apporte toujours aussi du bear spray, mais quelque chose de très simple c’est d’accrocher des cloches sur ton sac à dos […] Le premier instinct que tu as devant un animal va probablement être le bon », précise-t-elle.
Les deux femmes trouvent une grande sérénité dans les montagnes et les forêts de l’ouest du pays.
« C’est juste une pause dans la vie. C’est un espace-temps où je n’ai pas mes pensées noires, je ne doute pas, je me sens forte. Mais je n’arrive pas à apporter cette force dans la vraie vie », explique Gratianne qui se demande si Lori arrive à transposer ce sentiment dans sa vie sociale.
« Le traîneau à chien, c’est quand même un sport d’équipe. Tu n’es jamais seul. Les chiens deviennent comme des individus. Quand tu réalises que quelque chose va mal, que tout va mal, tu retournes à la réalité tellement facilement. Même si ce sont des chiens, il faut que tu fasses face à des situations similaires à la vraie société. Il faut que tu gères tous les chiens comme si tu gérais une situation avec des vrais humains », explique-t-elle.
Un fort ancrage dans l’Ouest canadien
Pour Gratianne comme pour Lori, il n’est pas question de retourner en France ou au Québec. Elles ont trouvé un terreau où prendre racine en Colombie-Britannique et au Yukon.
« Je me sens beaucoup plus Canadienne [que Française], en termes de mentalité, affirme Gratianne. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai la bienveillance des Canadiens, même si j’essaie de la mettre en œuvre tous les jours. Votre bienveillance est tellement incroyable et forte. »
« Je te parle depuis près d’une heure maintenant, indique Lori, et t’as pas à t’inquiéter. Tu peux porter le nom de Canadienne fièrement. »
Qu’est-ce que Contact établi?
Le balado Contact établi présente des rencontres improbables entre des francophones qui ne se sont jamais croisés, qui viennent de deux régions de la francophonie et qui sont issus de deux générations différentes.
Une initiative de Francopresse réalisée grâce à une bourse Enrichir nos communautés d’Unis TV.