Depuis 20 ans, la Yukon Film Society (YFS) organise chaque février le plus grand festival au nord du 60e parallèle célébrant le cinéma nordique, autochtone, canadien et international. Les projections de l’ALFF prennent place à Whitehorse et en ligne. Pour cette nouvelle édition, deux prix ont mis à l’honneur les artistes canadiens diversifiés et sous-représentés.
Trois distinctions pour les cinéastes canadiens du nord
Commandité par Canada Goose, le prix Made in the North a récompensé le talent de trois artistes du Canada s’identifiant comme des personnes de couleur, autochtone, LGBTQ2S+ ou venant des territoires du Nord cette année.
« Cela fait vingt ans que nous mettons de l’avant les cinéastes du Nord et autochtones. Depuis cinq ou six ans, nous voulions aller plus loin et trouver le bon partenariat. C’est avec Canada Goose que nous avons développé cette distinction à l’automne 2020 pour une première édition l’année dernière », a affirmé Andrew Connors, directeur du festival.
« Je pense que c’est une bonne collaboration qui permet de mettre en lumière de nouvelles voix, des réalisatrices et réalisateurs de films qui n’auraient peut-être pas été reconnus. Leur place est en face de leur public! », a tenu à encourager le responsable.
Trois catégories de films ont départagé les artistes grâce à un jury de professionnels de l’industrie du cinéma.
Le prix du meilleur film canadien a été décerné à Islands réalisé par Martin Edralin, et était accompagné d’une bourse de 5 000 dollars.
Le meilleur court métrage nordique couvrant le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavik, le Labrador ou le Nunavut a été décerné à Ulivia Uviluk, pour l’œuvre Inuit Languages in the 21st Century.
Pour la première fois, le prix Available Light Cinematography, catégorie court métrage ou meilleur film, a été spécialement pensé pour les réalisateurs et réalisatrices du Canada s’identifiant en tant que femme, autochtone, personne de couleur, LGBTQ2+ et/ou en tant que personne avec un handicap. Cette récompense commanditée par WarnerMedia Access Canada a offert une bourse de 1 500 dollars à chacun des récipiendaires.
Kaayla Whachell a été récompensée pour le meilleur film avec Portraits from a Fire.
Le prix du meilleur court métrage canadien a quant à lui été remporté par Gabriela Osio Vanden et Jack Weisman pour Nuisance Bear. Ces deux dernières catégories ont offert 2 500 dollars aux cinéastes pour leur contribution au cinéma canadien.
Le succès est au rendez-vous, selon Andrew Connors : « Cette compétition permet d’attirer davantage de réalisateurs et réalisatrices. Ils et elles sont enthousiastes et il est vrai que les récompenses pécuniaires attribuées grâce à Canada Goose jouent un rôle. »
Une Yukonnaise remporte les honneurs
Nishka Pajor, lauréate du prix de la meilleure cinématographie, a été primée pour son travail sur le documentaire The Seagull Egg. Une preuve de légitimité, estime la gagnante : « Chaque artiste a besoin d’un public, d’un peu de reconnaissance. Je suis très honorée de recevoir ce prix. Et c’est un soutien évident pour m’aider à poursuivre ce que je fais. »
D’origine polonaise, la productrice du documentaire est arrivée au Canada il y a douze ans et s’est installée au Yukon depuis maintenant plus de trois ans. « Je fais ce que j’adore, c’est une véritable passion. J’aime raconter une histoire avec l’objectif, celle de personnes de la vie de tous les jours. J’ai la chance de faire de magnifiques rencontres, de voyager et d’apprendre. »
Son dernier court métrage, produit par Lance Burton et l’entreprise Shakat Media, n’échappe pas à la règle. Nishka Pajor y raconte l’histoire d’un natif qui parle d’une ancienne tradition, la collecte des œufs de mouettes. Il partage l’importance de la diversité alimentaire, mais aussi le rôle de la conservation dans la récolte.
Ces nouvelles distinctions ne devraient pas être éphémères, assure Andrews Connors. Ce dernier affirme avoir lancé l’appel de candidatures assez tardivement, mais reste satisfait de l’engouement et la diversité des cinéastes pour les prix pour une première édition.
« Bien que nous ayons communiqué assez tard pour cette nomination, nous avons eu des réponses de cinéastes, atteste Andrew Connors. Il y a un besoin de représentation plus inclusive dans les contenus cinématographiques. Nous sommes heureux de pouvoir faire partie de cette évolution et nous serions ravis de poursuivre cette initiative. »